(Salt Lake City, Utah) Ligue américaine, ECHL, Ligue internationale, Ligue centrale… Le hockey professionnel n’en sera pas à sa première expérience par ici. Seulement, c’est la première fois que la meilleure ligue au monde y débarquera.

Dans les mots de la mairesse de la ville, Erin Mendenhall, ce ne sera donc pas un problème de trouver des partisans.

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« Monsieur le commissaire, vous avez raison de dire que nous sommes sur le point de devenir des fans de la LNH. Après tout, on s’y connaît en matière de conversion ici, en Utah ! », a lancé Mme Mendenhall, non sans faire grincer quelques dents au passage.

Il reste que les premiers signaux sont encourageants. Le nouveau propriétaire du club, Ryan Smith, a déclaré avoir reçu des acomptes pour 22 700 abonnements de saison, pour un aréna qui comptera d’abord 16 200 sièges, avant de passer à 17 500 dans deux ans.

Vendredi matin, la station de radio 100 % sport de l’endroit a consacré une grande partie de sa programmation à l’arrivée de la LNH en ville. La méconnaissance des animateurs de l’actualité de la LNH paraissait parfois. « Je ne sais pas vraiment combien de temps ça prend à un joueur repêché pour atteindre la LNH », a confié l’un d’eux en ondes. Si seulement il savait pendant combien de temps Montréal a attendu Danny Kristo.

Il reste que les animateurs ont identifié, avec assez de justesse, Clayton Keller, Logan Cooley, Josh Doan et Dylan Guenther comme le noyau de la future équipe. « Je sais qu’ils n’ont pas de défenseurs, ce qui peut être un problème, mais l’équipe est correcte », ont-ils ajouté. Mis à part les joueurs des ligues mineures, tous les défenseurs des anciens Coyotes sont effectivement en fin de contrat. Sauf Shea Weber, mais c’est compliqué.

Fan des Islanders

La conférence de presse a été abondamment couverte par les médias locaux. Une heure avant le début, trois équipes de télévision étaient installées sur la plaza devant le Delta Center, pour des interventions en direct.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Al Kenworthy

À quelques pâtés de maison de l’aréna, La Presse a même croisé le bon Al Kenworthy, un gars de Hartford, amateur de hockey comme l’a deviné le fin limier auteur de ces lignes, qui a remarqué le chandail des Islanders que portait Kenworthy.

En tant que natif de Hartford, je comprends tout à fait la déception des gens de Québec. Mais je suis content que la LNH vienne ici plutôt que Houston ou une autre grosse ville. Je suis fan des Islanders, qui sont la petite sœur des Rangers, donc j’ai de la sympathie pour les négligés.

Al Kenworthy

Kenworthy demeure à Salt Lake City depuis une dizaine d’années, mais il ne connaîtra pas la future équipe – toujours sans nom – puisqu’il déménage à New York cet été. « Mais j’ai des amis qui ont donné un acompte pour des abonnements de saison », dit-il.

Ryan Bonham est président de la région de l’Utah pour USA Hockey. Il gère essentiellement le hockey mineur de l’État, qui ne compte que 17 patinoires.

« En ce moment, aux yeux des gens, c’est football, basketball et baseball. Je pense que le hockey a un niveau de popularité assez égal avec le soccer. Mais ça va sûrement monter avec la LNH. Les gens ici aiment le sport, on aime être à l’extérieur. On nous appelle l’État du sport. Je sens que l’équipe de hockey sera vraiment populaire », nous explique-t-il.

L’équipe, selon lui, engendrera une croissance de l’accessibilité au hockey. Il a eu vent d’au moins trois projets de construction de nouveaux arénas, et il s’attend à ce que l’Université de l’Utah obtienne à moyen terme un programme de première division dans la NCAA.

Opposition

Gary Bettman enfilait les blagues lors du point de presse. « J’ai vu les plans de rénovation et j’ai obtenu l’assurance que d’ici deux ans, on sera à 17 000 spectateurs de capacité. Et les élus locaux m’ont assuré qu’il n’y aura pas de feuilleton avec l’aréna. Avec la situation dont on vient de s’extirper, j’aimerais mieux ne pas avoir de feuilleton avec l’aréna ! »

Il faudra toutefois voir si l’atterrissage des Coyotes par ici se déroulera sans anicroche.

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Scott, non loin du Delta Center

Une heure après la fin de la conférence, Scott se promenait avec ses pancartes dénonçant une hausse des taxes pour financer la rénovation du Delta Center. « Inconduite de partie pour bâton élevé contre les contribuables de l’Utah », lit-on sur l’une d’elles.

« Je suis très content qu’une équipe de hockey s’en vienne, assure-t-il, chandail des Penguins de Pittsburgh sur le dos. Mais je ne suis pas content d’une hausse des taxes pour subventionner des milliardaires. On a un sérieux problème d’itinérance, le gouverneur a demandé 120 millions de dollars à l’assemblée et ils ont eu du mal à trouver 60 millions. De plus, la hausse de taxes est régressive. Les milliardaires s’en foutent, mais les gens vulnérables la ressentent. »

S’ils veulent payer pour une équipe, je suis 100 % d’accord. Mais ça ne peut pas se faire sur le dos des contribuables.

Scott

Scott entend assister à la séance du conseil municipal du 7 mai, où il sera question d’un projet de loi pour revitaliser le centre-ville. En y arpentant les rues, on constate rapidement que derrière les magnifiques allées du secteur City Creek, on retrouve quelques locaux à l’abandon, et de nombreux terrains de stationnement qui cassent le tissu urbain.

La question a rebondi au point de presse, quand une journaliste locale a demandé à Ryan Smith s’il croyait avoir l’appui des citoyens malgré la hausse de taxe de vente nécessaire au projet de revitalisation.

Smith a insisté sur son désir d’implanter l’équipe au centre-ville, plutôt que de construire un nouvel amphithéâtre en banlieue. « Les centres-villes américains ne vivent pas leurs meilleurs moments, surtout depuis la pandémie. On veut que le Jazz et le hockey soient ensemble. Et on va générer beaucoup de revenus. »