À peine ont-elles remporté leur titre mondial que Marie-Philip Poulin, Ann-Renée Desbiens, Erin Ambrose, Laura Stacey et Kristin O’Neill doivent penser à leur prochain objectif : les séries éliminatoires de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).

Les championnes n’ont pas eu beaucoup de temps pour célébrer leur victoire de dimanche contre les Américaines en finale du Mondial féminin. Elles ont atterri lundi soir à Montréal. Mardi, elles ont profité de leur journée de congé pour faire lavage et épicerie. Mercredi matin, elles étaient de retour à l’entraînement à l’Auditorium de Verdun.

Ce jeudi, elles joueront à domicile. Et samedi, elles affronteront l’équipe torontoise au Centre Bell.

Pour le repos, on repassera.

Évidemment, les émotions qu’elles ont vécues dans cette finale au rythme effréné les habitaient toujours, quelque 65 heures après leur triomphe. Les Canadiennes ont eu le dessus au compte de 6-5 en prolongation, au terme d’une rencontre épique au cours de laquelle les deux équipes se sont échangé l’avance encore et encore.

« C’était surréel, a lancé Poulin. C’est assurément un des plus grands matchs auxquels j’ai pris part contre les États-Unis. »

« C’était tellement un effort d’équipe. Je l’ai réécouté lundi soir à la maison et j’étais encore stressée en l’écoutant. C’était incroyable », a ajouté la capitaine, autrice de deux buts dans cette ultime rencontre.

« Notre façon de gérer tout ça a été assez cool, a dit pour sa part Ambrose. Nous avons vraiment navigué sur la vague, ce qui n’est pas facile à faire. Ça en dit long sur ce groupe. Nous voulions gagner la médaille d’or plus que tout au monde. »

Elles doivent maintenant déposer ce moment dans le tiroir à souvenirs afin de faire de la place pour ce qui s’en vient, soit cinq matchs et une lutte pour les séries. Montréal se trouve en bonne posture avec 31 points au 3rang du classement général, suivi de près par Ottawa (27 points). Rappelons que seules quatre des six équipes participeront à la première danse printanière de la LPHF.

Poulin y sera

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Marie-Philip Poulin fait l’accolade à Hilary Knight après la victoire de dimanche en finale contre les Américaines.

Une des bonnes nouvelles, c’est que l’équipe pourra compter sur la présence de Poulin pour cette fin de saison. La Beauceronne, qui avait raté les trois derniers matchs de la formation montréalaise avant le Mondial, semble presque entièrement remise de sa blessure à un genou. C’est du moins ce qu’elle a laissé entendre quand on lui a demandé comment allait son corps.

« Il va, il va ! s’est-elle exclamée dans un sourire. Une journée à la fois. Avec toutes les émotions de dimanche, ça met les blessures un petit peu de côté. Ça fait du bien, mais tout va bien. »

Montréal a perdu ses quatre dernières rencontres avant la pause internationale, en mars. De toute évidence, l’absence de Poulin n’explique pas à elle seule ces revers, mais son retour ne peut qu’être bénéfique.

« N’importe quelle équipe qui peut ravoir Marie-Philip Poulin dans son alignement va en sentir les bénéfices, a justement noté Ambrose. C’est la meilleure joueuse au monde. Pour moi, ce n’est pas juste ce qu’elle fait sur la patinoire. C’est beaucoup une question de la voix qu’elle a dans le vestiaire. Tu te sens plus grand quand tu as Pou autour de toi. »

« C’est ça qu’on voulait »

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Les Canadiennes ont eu le dessus au compte de 6-5 en prolongation, au terme d’une rencontre épique au cours de laquelle les deux équipes se sont échangé l’avance encore et encore.

Avec la création de la LPHF, c’est la première fois que les joueuses, surtout celles qui participaient au Mondial féminin, disputent autant de parties en si peu de temps. Interrogée pour savoir si elle commençait à ressentir la fatigue, Erin Ambrose s’est exclamée : « Je suis le plus en forme possible ! »

« Nous avons la meilleure entraîneuse du conditionnement physique en Vicki Bendus, a poursuivi la sympathique défenseuse. Honnêtement, je pense que si j’étais la joueuse que j’étais il y a trois ans, je me sentirais beaucoup moins bien que je me sens présentement. »

« C’est toujours un défi, a quant à elle reconnu Kristin O’Neill. Nous ne sommes pas habituées à jouer autant de matchs, mais je pense que notre personnel d’entraîneurs et celui d’Équipe Canada ont fait en sorte que nous culminions au bon moment. Nous sommes toutes très fortes et en forme. »

Poulin, elle, a parlé d’un « ajustement mentalement et physiquement ». Mais vous ne l’entendrez pas se plaindre. Ça, c’est certain.

« En fin de compte, oui, c’est fatigant. Oui, d’habitude, on a fini notre saison et on est en voyage quelque part. Mais c’est ça qu’on voulait : avoir une ligue, poursuivre un championnat. On est ici et je ne pourrais pas être plus contente d’être de retour. »

Desbiens, la plus victorieuse

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Ann-Renée Desbiens

Ann-Renée Desbiens est devenue dimanche la gardienne la plus victorieuse de l’histoire de l’équipe canadienne au Mondial féminin, avec 20 gains en carrière. Un exploit pas banal pour celle qui avait tiré un trait sur sa carrière après les Jeux olympiques de PyeongChang, en 2018… « J’avais seulement deux victoires [à ce moment-là], je pense, a relaté la Québécoise. […] Je ne pensais jamais atteindre ça, je suis contente, je suis fière et j’espère qu’il m’en reste… peut-être pas autant, mais j’espère qu’il m’en reste encore pas mal ! » Sa capitaine, coéquipière et amie, Marie-Philip Poulin, s’est réjouie de cette réussite : « Je suis tellement fière. On est super chanceuses de l’avoir ici à Montréal. »