En 2023, les Canadiennes étaient vaincues, chez elles, par les Américaines. Un an plus tard, elles ont bien rendu la pareille à leurs rivales : elles ont eu le dessus au compte de 6-5 en prolongation, se réappropriant ainsi le titre de championnes du monde. Le tout… sur le sol américain.

« Je pense que c’est une des games les plus folles que j’ai jouées dans ma carrière », a lâché Ann-Renée Desbiens au micro de RDS quelques secondes après la victoire.

« Folle » est l’adjectif parfait pour décrire ce festival offensif de 11 buts, qui s’est terminé en prolongation. C’est Danielle Serdachny, cette jeune attaquante de 22 ans qui joue actuellement en NCAA, qui a clos le débat en marquant en avantage numérique.

Quelques secondes plus tard, casques, gants et bâtons jonchaient la patinoire, et les Canadiennes affichaient leurs plus beaux sourires.

Honnêtement, qu’y a-t-il de plus agréable à regarder qu’une finale entre le Canada et les États-Unis serrée au possible ?

Comme le veut la norme d’une rencontre à l’enjeu majeur entre ces deux formations rivales, le rythme a été effréné du début à la fin. Les Canadiennes ont pris les devants par un but à trois reprises et les Américaines, à deux reprises. Chaque fois qu’une équipe marquait, l’autre répondait. Chapeau, d’ailleurs, à celui qui a su prédire l’issue de ce match.

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Marie-Philip Poulin a été dominante en finale avec deux buts marqués à des moments cruciaux.

Comme elle nous y a habitués dans de telles parties, Marie-Philip Poulin a été dominante. En arrivant en finale, la vétérane de 33 ans n’avait inscrit aucun but dans le tournoi – il faut dire qu’elle avait raté les trois derniers matchs de l’équipe montréalaise de la LPHF en raison d’une blessure dont la nature n’a pas été rendue publique.

Dimanche, elle a marqué deux fois à des moments cruciaux. Son premier but a permis à l’équipe d’égaliser 3-3 et son deuxième a donné les devants 5-4 aux Canadiennes, moins de deux minutes après qu’elles ont fait 4-4.

En entrevue avec RDS sur la patinoire, celle que l’on surnomme Capitaine Clutch exactement pour des performances de ce genre dégageait la même extase que chaque fois qu’elle soulève le gros trophée.

« Câline ! s’est exclamée la Québécoise, large sourire aux lèvres. C’est tellement un processus ! Game par game… Parfois, ça ne va pas comme tu veux. […] Mais quand tu vois les filles comme ça, excitées, ah… Ça fait du bien ! »

Un autre, et un autre !

Ce sont donc 11 buts qui ont été marqués, malgré la présence de deux des meilleures gardiennes devant les filets.

Chez les Canadiennes, on retrouvait Ann-Renée Desbiens, désormais la gardienne canadienne avec le plus de victoires en championnat du monde de l’histoire. Chez les Américaines, on retrouvait Aerin Frankel, qui a connu un tournoi sensationnel en n’accordant que trois buts en cinq rencontres. Dimanche, elle a concédé le double de ce total en un seul match.

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Ann-Renée Desbiens est désormais la gardienne canadienne avec le plus de victoires en championnat du monde.

C’est dire le talent que possèdent les deux formations, qui s’affrontaient en finale pour la 22e fois en 23 championnats mondiaux féminins.

Le match a été très partagé. À commencer par une première période à l’avantage rouge et blanc. Tout y était pour la troupe de Troy Ryan : l’échec avant, la rapidité, la discipline, la précision des passes… Après seulement six minutes de jeu, Erin Ambrose a ouvert le pointage.

Mais on savait tous que c’était loin, bien loin d’être terminé.

Comme de fait, moins de deux minutes plus tard, la jeune attaquante de 20 ans Laila Edwards a récupéré la rondelle en zone neutre avant de filer à toute allure et de battre Desbiens d’un tir au-dessus de l’épaule gauche.

En deuxième période, les Canadiennes ont fait un Tricolore d’elles-mêmes. Après avoir pris les devants 2-1 par l’entremise de Julia Gosling, elles ont dû sortir leur jeu défensif du dimanche pour contrer des Américaines animées d’une énergie nouvelle. En quelques minutes, Megan Keller et Alex Carpenter faisaient 2-2, puis 3-2 pour les États-Unis.

Poulin s’est chargée d’égaliser avec moins de deux minutes à écouler au deuxième tiers. Un tir parfait dans le haut du filet.

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Alex Carpenter et Renata Fast bataillent pour la rondelle.

Au troisième engagement, les rivales se sont échangé les buts. Hilary Knight a fait 4-3, puis Emily Clark a nivelé la marque. Poulin a marqué de nouveau, mais Caroline Harvey a ramené tout le monde à la case départ.

Ça ne s’arrêtait jamais !

Ce sont finalement les Américaines qui ont creusé leur propre tombe en écopant, en prolongation, d’une pénalité pour avoir eu trop de joueuses sur la patinoire. Serdachny, qui ne connaissait pas nécessairement un match extraordinaire, a joué les héros en sautant sur un retour de tir d’Ambrose.

Douce vengeance

Cette victoire, on le disait au début de ce texte, est une douce vengeance pour les Canadiennes, qui ont été battues 6-3 devant leurs partisans l’année dernière.

« On l’avait dans notre tête. C’était notre motivation », a d’ailleurs affirmé Poulin à RDS.

Bien sûr, une victoire du Canada en finale contre les États-Unis n’est pas chose nouvelle ; c’est la 13e fois que ça survient.

Savez-vous ce qu’il y a de différent, toutefois ?

C’est que la grande majorité de ces joueuses partiront demain pour Montréal, Toronto, Boston, le Minnesota, Ottawa ou New York… où elles rejoindront leur équipe respective.