Au premier jour de la saison, la direction du Canadien a promis qu’elle ne ferait pas de promesses. Et que le mot en P (playoffs, ou séries éliminatoires, en français) ne serait pas prononcé.

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Comme on pouvait s’en douter, le mot a néanmoins été prononcé abondamment depuis. Au cours des derniers jours, peut-être même des dernières semaines, il a été avancé avec plus de conviction par les joueurs, en parlant évidemment du printemps 2025.

Mardi, avant l’ultime match de la saison, soldé par une victoire des Red Wings de Detroit en tirs de barrage, le défenseur David Savard a par exemple affirmé que son objectif, au camp d’entraînement de septembre prochain, sans ambiguïté, sera d’accompagner son club en séries.

S’il y en a un qui n’a jamais, jamais parlé de ça cette saison, c’est bien Martin St-Louis. L’entraîneur-chef, apôtre de la prudence et allergique à l’évaluation de son travail en fonction des seuls résultats, demeurait même circonspect lorsque, à la mi-saison, son club n’était pas si loin du peloton.

Encore mardi, en fin de soirée, il a réitéré son credo en parlant de progression, d’engagement, de rattrapage par rapport aux « grosses équipes ». « On s’en va dans une bonne place », a-t-il réitéré.

Fait rare, toutefois, il s’est avancé sur la saison prochaine. Satisfait du jeu collectif de ses hommes, il s’attend à les voir franchir une autre étape. « Je ne serais pas surpris qu’on soit dans le mix », a-t-il lancé. Autrement dit, que son groupe se batte jusqu’à la fin, ou presque.

« Chaque année, quand tu commences, ton but c’est toujours d’essayer de faire les séries », a-t-il insisté. Qu’à cela ne tienne, « il faut que les attentes soient réalistes » et que ses joueurs « continuent de progresser comme ils ont progressé cette année ».

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Brendan Gallagher devant Ben Chiarot et James Reimer

« C’est sûr qu’on ne veut pas jouer un dernier match qui ne veut rien dire », a-t-il encore dit. Habile, St-Louis n’a rien promis. Mais ce qui transpire de ses réflexions, c’est un rappel que malgré toute sa positivité et son énergie à défendre son équipe dans ces années difficiles, un féroce compétiteur sommeille en lui.

« Je ne blague pas : même au moment où on avait besoin peut-être de 18 victoires de suite pour y arriver, il croyait encore qu’on pouvait accéder aux séries, a raconté Brendan Gallagher, après le match, au sujet de son entraîneur. Il a une foi incroyable en notre groupe. »

« Un autre stade »

St-Louis s’est aussi ouvert (un peu) sur la manière dont il abordera la suite des choses. Sn rôle « progresse », a-t-il noté. Le chroniqueur François Gagnon, de RDS, lui a demandé si son célèbre concept de « patience agressive » allait muter vers moins de patience et plus d’agressivité.

On a, de fait, vu beaucoup du premier thème au cours des deux dernières saisons. Et pour cause, car aussi fort l’entraîneur aurait-il pu taper sur la table ou s’égosiller derrière les portes closes, il devait composer avec un effectif dégarni à plusieurs positions, a fortiori dans un contexte où les décisions stratégiques de ses patrons ont un impact direct sur la glace. Si le Canadien avait désiré gagner plus de matchs, il n’aurait sans doute pas échangé Sean Monahan, comme il n’aurait pas accordé autant de départs à Jake Allen. S’il avait vraiment désiré fouetter son attaque, le personnel d’entraîneurs aurait possiblement rayé Josh Anderson de la formation à quelques reprises.

La saison prochaine, « on va être à un autre stade, comme équipe », a convenu St-Louis.

« Tout a une date d’expiration, la patience aussi. Je n’arriverai pas en septembre en disant : cette année, je vais être tough. Je pense que je suis un entraîneur [mesuré], qui est juste. Parfois, ça prend de la patience. Parfois, moins. »

Son métier l’appelle à faire preuve d’« intelligence émotionnelle » pour composer avec la réalité individuelle de sa vingtaine de joueurs et avec la réalité collective.

« Tout dépendamment de ce dont on va avoir l’air en septembre, je suis sûr qu’il va y avoir des attentes qui vont arriver, a-t-il repris. Je ne veux pas dire qu’il n’y aura plus de patience. Il faut être réaliste, honnête, et peut-être un peu plus agressif. »

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Cayden Primeau

Il s’est par ailleurs défendu d’être unilatéralement positif en parlant de son équipe, même lorsque les défaites s’accumulent.

« Si je suis positif, c’est parce que je crois qu’on fait de très bonnes choses, mais ça ne garantit pas la victoire, a-t-il nuancé. L’an prochain, si on ne fait rien de bon, je ne serai pas positif. Si on ne fait rien de bon et qu’on perd, je ne serai pas patient. »

Lancé, il a poursuivi : « Est-ce que j’aime gagner ? Absolument. Je sens qu’au cours des dernières années, ç’a été correct qu’on perde parce qu’on n’a pas été dominés. C’est dur de ne pas être positif. Mais l’an prochain, si on est dominés, je ne serai pas positif. »

Et juste comme on croyait que le ton venait de changer drastiquement : « Mais il faudra être prudent sur nos attentes à gagner plus de matchs. Je ne sais pas où on en sera au match numéro 7, ou au numéro 52. Je n’en ai aucune idée. »

Martin St-Louis n’a rien promis, disions-nous. Mais il a été clair sur son statut, alors qu’il ne reste qu’une année à son contrat : « J’adore ce que je fais. J’adore ma vie à l’extérieur du hockey. C’est une passion, pas une job. Je vais être ici jusqu’à ce qu’on ne veuille plus de moi. »

Finalement, oui, il a promis quelque chose. Que cette équipe-là, il ne la lâchera pas.

En hausse

Brendan Gallagher

Il a fini la saison avec une jolie séquence de huit points, dont cinq buts, à ses cinq derniers matchs. Son trio, avec Alex Newhook et Joel Armia, a aussi connu une belle fin de campagne.

En baisse

Cayden Primeau

Deux mauvais buts : celui de Joe Veleno, marqué alors que le gardien semblait avoir présumé que le jeu était arrêté, puis celui de Daniel Sprong, d’un angle impossible. Il a perdu ses quatre derniers départs de la saison.

Le chiffre du match

7

Au cours des trois derniers matchs, le Tricolore a vu l’adversaire créer l’égalité à sept reprises après que les Montréalais se furent placés en avance de un, deux ou trois buts.