(New York) Tous les thèmes majeurs d’un match typique du Canadien étaient là.

Une première période qui avait bien de l’allure, une deuxième autrement plus difficile et une troisième qui nous a rappelé l’écart entre les deux adversaires sur la glace. Aussi : des joueurs qui se « tirent dans le pied » et un gardien qui garde son équipe dans le coup.

Résultat final : 5-2 en faveur des Rangers de New York, meilleur club de la LNH, un scénario qu’on aurait presque pu écrire à l’avance. Tout y était, disions-nous. Pour une rare fois, l’entraîneur-chef Martin St-Louis a avoué que ses hommes avaient « manqué de jus ». Les Rangers n’en demandaient pas tant.

Comme c’est aussi souvent le cas, le Tricolore a livré un combat honnête à cinq contre cinq. Il n’empêche que sans le brio de Cayden Primeau, on aurait sans doute fermé les livres plus tôt.

Pendant deux périodes, l’Américain a affronté nombre de tirs à bout portant. Il a fallu une rondelle déviée par son propre coéquipier pour que les locaux s’inscrivent au pointage. Et au dernier tiers, malgré les trois filets additionnels, c’est encore lui qui a évité une dégelée au CH.

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Le gardien Cayden Primeau s’est illustré dans la défaite.

« Il a très bien joué », a dit Martin St-Louis, sans grande émotion. On comprendra qu’après une troisième défaite de suite, l’heure n’était pas à la distribution des compliments.

Primeau n’en est pas à sa première solide performance cette saison. C’était toutefois sa première contre un club de pointe.

Depuis le début de la campagne, et à plus forte raison depuis le début de l’année 2024, c’est Samuel Montembeault qui obtient l’écrasante majorité des départs contre les meilleures équipes.

Depuis le 1er janvier, le CH a disputé 19 matchs contre les 12 équipes actuellement classées aux trois premiers rangs de chaque division. Le Québécois a amorcé 17 de ces matchs, et Jake Allen et Cayden Primeau, un chacun.

Au total de la saison, Primeau a obtenu quatre départs contre des équipes de ce groupe. On pourrait ajouter à cette liste ses deux départs contre le Lightning de Tampa Bay, qui se retrouve présentement parmi les équipes repêchées.

Cinq fois sur six, donc, il avait été soit correct, soit ordinaire. La sixième fois, c’est ce duel face aux Rangers. Dès la sixième minute de jeu, il a volé Artemi Panarin du bout de la jambière, après que le Russe se fut retrouvé seul devant lui. Et en deuxième période, il a remis ça, encore contre Panarin, cette fois à la suite d’une mise en scène d’Adam Fox.

Martin St-Louis a attribué les récents défis plus corsés de Primeau au calendrier de son équipe. Le Canadien affronte les bons clubs les uns après les autres, et Montembeault ne peut pas disputer tous les matchs, a-t-il argué.

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Alexis Lafrenière regarde ses options derrière le filet de Primeau.

Or, Primeau a estimé qu’il tirait beaucoup d’« apprentissages » de la dernière semaine, au cours de laquelle il s’est mesuré au Lightning et aux Rangers. Ce qui est précieux, dans les circonstances.

On veut être compétitifs contre ces grosses équipes et réussir à les battre. Alors chaque chance que j’ai de jouer contre elles, c’est une excellente expérience.

Cayden Primeau

On parle abondamment, en cette fin de saison, des joueurs qui veulent, ou doivent, laisser une bonne impression. Cayden Primeau en fait partie.

Barron aussi

On pourrait sans doute dire la même chose de Justin Barron.

Le défenseur, rappelé d’urgence samedi du Rocket de Laval après que l’équipe eut perdu les services de Kaiden Guhle et d’Arber Xhekaj, a poursuivi à Manhattan son bon travail amorcé la veille contre les Maple Leafs de Toronto.

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Le gardien Igor Shesterkin fait l’arrêt devant Justin Barron.

Il s’est retrouvé sur la glace pour le quatrième but des Rangers, en fin de match, mais en toute honnêteté, ce ne serait sans doute pas arrivé sans le revirement provoqué par Josh Anderson.

Du reste, à la droite de Jayden Struble, il n’a pas été intimidé du tout. Le duo a surtout été opposé à des attaquants de soutien, mais il a aussi tenu au silence l’unité de Panarin pendant leur confrontation de quelque deux minutes. Il a en outre appuyé l’attaque aux moments opportuns, ce qui lui a valu des éloges de son entraîneur.

Tout ça ressemble à un petit exploit, sachant que Barron disputait un troisième match en trois soirs – il a joué avec le Rocket vendredi soir.

« Je pense que j’ai plus de confiance envers mon jeu, a commenté Barron après le match. Je veux encore prouver que je peux être un joueur régulier de la LNH. [Les entraîneurs] m’ont dit d’utiliser mes forces, et dans mon cas, c’est patiner, rejoindre la contre-attaque et appuyer l’attaque en zone adverse. Je ne veux pas changer ça. Mais je devais bâtir mon jeu défensif, et c’est ce que j’ai fait à Laval. »

Cette fin de calendrier au sein d’un club fatigué n’est peut-être pas le meilleur contexte pour faire valoir ses atouts. Mais pour Barron, toutes les auditions sont précieuses.

Malgré la défaite contre les Rangers, Primeau et lui ont certainement fait la preuve qu’ils ne prennent pas les choses à la légère. Mais aussi qu’ils sont à la hauteur du défi.

En hausse

Cayden Primeau

Confronté à un barrage de 45 tirs, il a été un roc. Toutes phases de jeu confondues, les Rangers ont obtenu 20 chances de marquer de qualité, calcule le site Natural Stat Trick.

En baisse

Joel Armia

Il était au banc des punitions lorsque les Rangers ont marqué leur deuxième but, et son trio a globalement peiné face à celui de Panarin.

Le chiffre du match

53

En signant leur 53e victoire, les Rangers n’en ont plus besoin que d’une pour établir un record de franchise. Ce qui n’est pas rien sachant qu’ils évoluent dans la LNH depuis 1926.

Dans le détail

Caufield par la porte arrière

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Cole Caufield a marqué de l’arrière du filet

Cole Caufield, on le sait, décoche des tirs littéralement de partout, sans grand égard à la chance légitime qu’a la rondelle de se faufiler derrière le gardien. Son acharnement a toutefois été payant en fin de première période. Après avoir fait dévier un tir sur le poteau, Caufield a profité de la confusion d’Igor Shesterkin pour viser les patins du gardien depuis l’arrière du filet. Pari gagné : le disque a dévié comme souhaité et l’Américain en a été quitte pour son 24but de la saison, son quatrième en quatre matchs. Il s’agissait par ailleurs, selon les données de localisation des tirs fournie par le site NHL-EDGE, de la première fois de sa carrière qu’il marquait depuis l’arrière de la ligne des buts, à sa 19tentative. Nous n’avons pas trouvé les statistiques du défunt Défi Mini-Putt, mais nous sommes portés à croire que le taux de succès « par la porte d’en arrière » y était plus élevé.

Lafrenière s’éclate

On savait déjà qu’Alexis Lafrenière avait une bonne saison. Il en a rajouté une couche contre le Tricolore. Son trio, avec Vincent Trocheck et Artemi Panarin, a été un véritable rouleau compresseur. On a entre autres pu apprécier la complicité entre Panarin et le Québécois sur le troisième but des Rangers, devenu le but gagnant. Lafrenière a parfaitement lu et exécuté le passe-et-va amorcé par Panarin en territoire du Canadien, laissant David Savard et Mike Matheson sans voix. C’est toutefois en première période que Lafrenière a effectué la plus belle manœuvre individuelle de la rencontre. Fonçant en zone neutre, il a déculotté Michael Pezzetta en passant la rondelle entre ses patins tout en effectuant un pivot. Il a ensuite remis le disque à Kaapo Kakko derrière lui, mais le tir du Finlandais a été arrêté par Cayden Primeau. Si ça s’était conclu par un but, on aurait revu la séquence dans tous les montages de fin de saison.

Pas de vagues pour l’agitateur

Le style de jeu de Matt Rempe a beau appartenir au passé, la cote d’amour dont il jouit à New York est très actuelle, et surtout bien réelle. Le bagarreur a été inséré dans la formation contre le Canadien, et dès sa première présence, on a senti la foule s’emballer, et ce, même si le colosse a eu l’air un peu fou en ratant sa tentative de mise en échec contre David Savard. Rapidement, des « Rempe ! Rempe ! » suivis d’applaudissements ont résonné aux quatre coins du Madison Square Garden. L’agitateur, toutefois, n’a essentiellement eu aucun impact sur le match. Il s’est contenté, comme c’est souvent le cas, de huit petites présences, dont quatre en première période, et une en toute fin de rencontre alors que la marque était de 5-2.