Il a amorcé la campagne dans la Ligue américaine et la conclura malgré tout parmi les meilleurs buteurs du Tricolore. Joel Armia est le candidat du Canadien de Montréal pour le trophée Bill-Masterton.

Cet honneur récompense le joueur de la LNH ayant démontré le plus de persévérance, d’esprit sportif et d’engagement envers le hockey. Le Québécois Kristopher Letang, des Penguins de Pittsburgh, l’a remporté l’an dernier. Le lauréat 2024 sera dévoilé en juin prochain.

Un candidat par équipe est déterminé à la suite d’un vote tenu par les journalistes de la presse écrite membres de la Professional Hockey Writers Association (PHWA).

À Montréal, Armia a été désigné après avoir notamment reçu 5 votes de première place sur une possibilité de 13. Il a coiffé les défenseurs David Savard et Mike Matheson.

« C’est tout un exemple de persévérance devant des obstacles, a fait valoir Martin St-Louis, après son point de presse d’après-match, jeudi. C’est bon que nos jeunes le voient aller, et c’est également bon pour nos vétérans. C’est un succès. »

De la formation actuelle du CH, le Finlandais est certainement le joueur qui a le plus progressé sur le plan personnel en 2023-2024.

L’attaquant de 30 ans a connu un camp d’entraînement ordinaire, au mieux, au point d’être soumis au ballottage puis d’être cédé au Rocket de Laval avant le match inaugural du Canadien.

Il s’agissait d’un coup dur pour ce vétéran qui amorçait la troisième année d’un contrat de quatre ans lui rapportant un salaire moyen de 3,4 millions. Il sortait par ailleurs de deux saisons difficiles, écourtées par les blessures, au cours desquelles il n’a inscrit que 13 buts et amassé 28 points en 103 rencontres.

Qu’à cela ne tienne, Armia s’est retroussé les manches et a accumulé 9 points en 8 matchs à Laval, où il n’a reçu que des éloges de la part de ses entraîneurs et de ses coéquipiers. À la fin du mois de novembre, il a été rappelé à Montréal pour de bon.

Se reconstruire

C’est toutefois en janvier qu’il a semblé trouver un élan qu’il n’avait pas connu depuis des années. Les partisans du CH connaissaient bien les habiletés défensives de ce gros attaquant, mais ses flashs offensifs, parfois géniaux, étaient si rares qu’on en venait à ne plus attendre grand-chose de sa part.

Le numéro 40 a toutefois commencé à afficher une surprenante régularité qui a fait dire à son entraîneur Martin St-Louis qu’il se « rebâtissait ». Armia a plus tard lui-même révélé qu’il avait fait appel aux services de Jean-François Ménard, entraîneur en performance mentale de l’équipe, pour l’aider à affronter les hauts et les bas d’une saison.

Aux journalistes, il a avoué avoir longtemps été hanté par la crainte de commettre des erreurs sur la glace. « Cet aspect du jeu a toujours été ma grande faiblesse, a-t-il dit en mars. Je me suis toujours trop attardé aux erreurs que je faisais. On ne va jamais avoir un match parfait chaque soir. C’est quelque chose d’important que j’ai fini par comprendre, mais ça m’a pris du temps, et je continue de travailler là-dessus. »

J’étais souvent comme ça, et pas nécessairement après un mauvais match, avait-il poursuivi. Ça pouvait être après chaque présence. Ça finit par s’accumuler et ça peut avoir un gros impact sur ton jeu. Quand je fais des erreurs, j’essaie de me dire que c’est un seul jeu et qu’ensuite, il y aura une autre présence, et puis un autre match. Ce n’est pas un seul jeu qui va décider du reste de mon match. Je ne m’attarde plus aux erreurs que je fais sur la glace parce que tout le monde en fait.

Joel Armia en mars dernier

St-Louis lui a levé son chapeau. « Tout part toujours avec le joueur. On peut l’aider tant qu’on veut, surtout ici avec le groupe que Kent et Gorts [Kent Hughes et Jeff Gorton] ont formé. Mais il s’est pris en main et s’est rebâti. C’est le genre de chose que fait un gars qui adore le hockey. »

Cette confiance renouvelée s’est traduite sur la feuille de pointage. Il a jusqu’ici marqué 16 buts en 59 matchs, égalant son sommet personnel établi en 2019-2020. Cette production le place provisoirement au troisième rang de son club, à égalité avec Juraj Slafkovsky, derrière Nick Suzuki (32) et Cole Caufield (22). Il est en outre devenu une puissance en désavantage numérique.

C’est donc cette persévérance qui est aujourd’hui saluée.

D’autres finalistes de choix

Plusieurs anciens porte-couleurs du Canadien figurent également dans la liste des 32 candidats révélée vendredi.

C’est le cas du Québécois Jonathan Drouin, qui a marqué 17 buts et a totalisé 51 points en 73 parties jusqu’ici avec l’Avalanche du Colorado. C’est la première fois depuis la saison 2018-19 qu’il atteint le plateau des 50 points.

Sélectionné en première ronde par le Tricolore en 2013, l’attaquant des Predators de Nashville Michael McCarron fait aussi partie du groupe. Il a atteint les plateaux des 10 buts et des 20 points pour la première fois de sa carrière.

Finalement, le défenseur Noah Juulsen, repêché au premier tour par le Canadien en 2015, est le représentant des Canucks de Vancouver.

Le défenseur québécois des Oilers d’Edmonton Vincent Desharnais, qui s’est taillé une place de régulier dans la LNH à 27 ans, est également en lice.

La Presse Canadienne