Les Stingers de Concordia ont terminé la saison avec une fiche de 25 victoires et aucune défaite. Elles ont remporté le titre provincial au hockey universitaire féminin au début du mois de mars. Puis le titre national le week-end dernier. « C’est le plus près de la perfection qu’on a vécu ici », lance Caroline Ouellette. Regard sur les ingrédients de la recette concordienne.

Caroline Ouellette se trouvait à l’aéroport, en attente du vol de retour de l’équipe, quand elle a rappelé La Presse, lundi après-midi. Au bout du fil, elle a pris le temps de nous raconter cette saison quasi parfaite.

« Souvent, les gens voient 25-0 et pensent que ç’a été facile, mais je peux te dire qu’on a vécu toutes sortes de choses, de défis, de virus… », lâche-t-elle d’entrée de jeu.

« Ça fait plusieurs années que je suis ici, je trouve qu’on n’a jamais eu une équipe qui jouait aussi bien ensemble : le mouvement de rondelle, l’exécution… On activait nos défenseures autant qu’on avait de la profondeur sur tous nos trios. »

C’est la troisième fois en trois ans que les Stingers de Concordia atteignent la grande finale nationale. En 2022, elles ont triomphé. En 2023, elles ont concédé un but égalisateur à 1,8 seconde de la fin du match avant de s’incliner en prolongation ; une fin cruelle, qui était restée sur le cœur des joueuses et du personnel d’entraîneuses.

En 2024, il n’était pas question de l’échapper.

« Je pense que ç’a donné un peu plus de motivation à tout le monde de revenir préparées avec ce sentiment de vengeance là, cet objectif d’effacer ce match-là. Ça nous a permis, à nous les entraîneuses, de les pousser toute l’année, de les mettre au défi, d’augmenter le tempo dans nos pratiques pour amener notre jeu d’ensemble à un autre niveau. »

Dès le camp d’entraînement, les entraîneuses-chefs, Julie Chu et Ouellette, ont été « épatées » par la condition physique de leurs joueuses. Au fil de la saison, « c’est devenu un objectif » de maintenir la fiche parfaite. « Les filles voulaient l’accomplir ensemble. On savait que ça n’avait jamais été fait dans une saison de 25 matchs dans le RSEQ. »

PHOTO HEYWOOD YU, LA PRESSE CANADIENNE

L’entraîneuse des Stingers de Concordia Julie Chu célèbre avec l’attaquante Emmy Fecteau.

Profondeur et leadership

En séries, les Stingers ont subi leur toute première défaite dans le deuxième match, avant de l’emporter 13-0 le lendemain. Au fil des parties, l’équipe a dû composer avec des blessures, dont celle de la gardienne Arianne Leblanc.

Au Championnat national, c’est Jordyn Verbeek qui a gardé les buts ; elle a été « extraordinaire les trois matchs », dixit Ouellette. Sans sa performance lors du premier match contre la Saskatchewan – une victoire de 4-0 –, l’équipe « aurait pu tirer de l’arrière dans ce match-là ».

« Encore hier [en finale dimanche, une victoire de 3-1 contre le Varsity Blues de Toronto], elle a fait de gros arrêts. Elle était tellement confiante et calme, c’était extraordinaire. »

Sans qu’on l’ait demandé, Caroline Ouellette nous énumère une à une les raisons qui ont permis aux Stingers de Concordia de tout rafler cette saison. Ces raisons, ce sont les noms de chacune des joueuses de l’équipe. Parce que tout le monde a contribué à cette saison historique.

Jordyn Verbeek, « extraordinaire » au Championnat national ; Megan Bureau-Gagnon, « qui a marqué des buts tellement importants en séries contre Montréal » ; Jessymaude Drapeau, « qui travaille tellement fort tout le temps » ; Sandrine Veillette, « qui a travaillé des heures et des heures » pour revenir au jeu ; Emmy Fecteau et Rosalie Bégin-Cyr, « qui ont été phénoménales » au Championnat canadien… Et on en passe.

On avait tellement de profondeur avec toutes ces filles-là et tellement de leadership incroyable.

Caroline Ouellette

Rosalie Bégin-Cyr, qui termine son parcours universitaire sur une note parfaite, abonde dans le même sens. « Il y a tout le temps quelqu’un de différent qui se levait quand on en avait besoin », nous explique-t-elle.

Tant de raisons, donc, qui expliquent ces championnats.

Le mot de la fin appartient à Ouellette : « Je pense que finalement, on peut enterrer le souvenir du 1,8 seconde. »

Nouvel objectif

Les joueuses qui terminent leur parcours universitaire peuvent maintenant viser la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). C’est le cas d’Emmy Fecteau et de Rosalie Bégin-Cyr, qui ont ce qu’il faut pour « aspirer à jouer pro », selon Caroline Ouellette. « Ce serait dans mes objectifs, mais ça va être à voir ! », nous dit justement Bégin-Cyr à ce sujet. Comme il n’y a pour l’instant que six équipes dans le circuit, le manque de places pourrait « devenir un problème », croit Ouellette. « Je vais encourager les filles qui veulent continuer à jouer à regarder toutes sortes d’options, évoque-t-elle. […] Il y a d’autres ligues en Suède, en Suisse, où tu peux continuer à jouer et avoir une belle carrière pro. »