(Edmonton) La séance d’entraînement de lundi prend fin. Trevor Letowski convie les joueurs au centre de la patinoire. Dans un Rogers Place vide en ce lundi après-midi, les voix portent.

Mais pas celle de Letowski. Sur la glace comme devant les micros, il parle avec calme, la voix basse. La Presse aurait bien aimé rapporter le message du coach remplaçant aux lecteurs. Pas de pot. C’était, pour reprendre l’expression de Jean Bisping, inaudible.

« Je ne parle pas fort moi non plus, donc je le comprends », a blagué Brendan Gallagher.

Après une journée de transition un brin chaotique samedi à Calgary, Letowski a dirigé lundi son premier entraînement en tant qu’entraîneur-chef remplaçant de Martin St-Louis, qui a quitté l’équipe vendredi pour des raisons familiales.

On ignore toujours combien de temps durera ce remplacement ; aux médias présents en Floride à la réunion des directeurs généraux de la LNH, Kent Hughes a dit ne pas savoir quand St-Louis reviendra derrière le banc.

En attendant, pas question de tout chambarder, assure Letowski. Encore lundi, les trios étaient les mêmes que dans les deux derniers matchs.

« Notre travail est de continuer. Je ne vais rien rentrer de nouveau, a assuré Letowski. Évidemment, je ne suis pas Martin, donc le message sortira peut-être un peu différemment, parce qu’on est des individus différents. Mais les tactiques vont rester les mêmes. »

Je continue à parler à Martin [St-Louis] plusieurs fois par jour. Il est encore impliqué.

Trevor Letowski

St-Louis semble encore actif, même à distance. « Ça commence avec un texto. ‟Appelle-moi quand tu as un moment”, et vice-versa. Mais je ne vais certainement pas l’appeler sans avertissement. Ça a été comme ça jusqu’ici. On sera en communication constante », a expliqué Letowski.

Gallagher a d’ailleurs rappelé que le message demeure « le même ». « La structure est en place. Il faut faire la même chose. À Calgary, on n’a rien changé. Il faut juste faire notre travail sans notre leader. »

Le soutien des vétérans

Pour ce premier entraînement, Letowski a eu droit à la totale. Sur la glace, il comptait sur une équipe reposée au lendemain d’un dimanche de congé, une équipe qui a d’ailleurs sauté sur la patinoire plus de 30 minutes avant l’heure prévue de l’exercice. Letowski a en outre compté sur un effectif complet de 21 patineurs et 2 gardiens.

Et hors glace, c’était une mêlée de presse comme on en voit rarement sur la route. Le Tricolore ne laisse personne indifférent au Canada, et ça se mesurait dans le nombre de médias d’Edmonton qui ont participé aux entrevues.

Logiquement, l’Ontarien devra se fier au groupe de leadership de l’équipe. Malgré les départs récents de Jake Allen et Sean Monahan, il reste tout de même quelques vétérans, jeunes et moins jeunes. Avant le début de l’entraînement, Letowski a d’ailleurs fait quelques tours de patinoire aux côtés du capitaine, Nick Suzuki, et de Gallagher.

Les meneurs doivent se lever dans ces circonstances. Tout le monde doit le faire, mais oui, le groupe de leadership en particulier. On doit tenir les joueurs responsables et ils peuvent nous aider en ce sens.

Trevor Letowski

Parmi les trois adjoints de St-Louis, Letowski est le seul qui a été entraîneur-chef à un haut niveau. Il l’a fait à Sarnia et à Windsor, dans la Ligue junior de l’Ontario (OHL). Comme il a recommencé à le faire à Calgary, il devra retrouver rapidement ses réflexes de gestion du banc, surtout avec le pas commode Connor McDavid dans le camp adverse ce mardi. Et le pas plus commode Elias Pettersson et les Canucks de Vancouver jeudi.

« Ce n’est pas tant différent. Lui et Martin parlent toujours pendant les matchs derrière le banc, a souligné Suzuki. Ce n’est pas comme si Trevor ne l’avait jamais fait. Il a été entraîneur-chef longtemps et sait comment gérer un banc. »

Suzuki en sait quelque chose. Le numéro 14 a patiné sous les ordres de Letowski dans un camp d’Équipe Canada junior, et lors de la Série Canada-Russie en 2017-2018. Et en tant que joueur à Owen Sound et à Guelph, dans le junior, il a souvent affronté les équipes de Letowski. « Ses équipes étaient très structurées. Il amène beaucoup à la table », se souvient-il.

Letowski remplace St-Louis, mais l’entraîneur-chef du Canadien n’est pas oublié par ses hommes dans l’intervalle.

« On sait à quel point Martin prend l’équipe à cœur, a insisté Gallagher. Il a eu un gros impact sur nous, individuellement et collectivement. On veut donc répondre de façon appropriée. On apprécie chaque heure de travail qu’il met pour nous. C’est maintenant notre chance de lui montrer à quel point on est reconnaissants. »

Montembeault devant le filet

Trevor Letowski a confirmé que Samuel Montembeault défendra le filet du Tricolore ce mardi. Montembeault avait livré une performance inspirée le 13 janvier dernier face à ces mêmes Oilers, bloquant 39 des 41 tirs dirigés vers lui. Le Tricolore s’était incliné 2-1 en prolongation.