S’il y en a un qui a dû regarder le match de mardi du Canadien avec satisfaction, c’est Jean-François Houle, l’entraîneur-chef du Rocket.

Il a en effet pu voir Arber Xhekaj, un de ses projets de « restauration » de la saison, connaître une autre sortie inspirée au côté de David Savard. Xhekaj est le seul joueur hormis Mike Matheson à avoir joué plus de 20 minutes dans cette victoire de 4-3 du Tricolore à Nashville. Avec un rendement de + 3, il a porté sa fiche à + 5 en sept matchs depuis qu’il est jumelé à Savard.

Il va super bien. Des fois, revenir dans la Ligue américaine, revenir à la base, ça peut aider. Il joue du très bon hockey en haut. C’est le fun de voir que les joueurs qui passent par Laval ont du succès en haut. C’était la même chose avec [Joel] Armia quand il est remonté. Et Joshua Roy a marqué un beau but !

Jean-François Houle, l’entraîneur-chef du Rocket de Laval

On vous avait dit qu’il avait de quoi être satisfait. Une satisfaction de voir ses efforts de coaching rapporter, mais aussi de savoir que pour les joueurs actuellement sous sa garde, il existe des patineurs qu’il peut donner en exemple. Comme pour « vendre » sa recette.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jean-François Houle derrière le banc du Rocket

Ce qui nous mène à Justin Barron, un de ces projets toujours sous la gouverne de Houle. Barron et Xhekaj ont vécu des choses similaires cette saison. Les deux ont amorcé la saison à Montréal, Xhekaj dans la formation dès le départ, Barron dans les gradins pour les trois premiers matchs. Xhekaj allait toutefois traverser des turbulences : une blessure, un renvoi de 17 matchs à Laval à son retour en santé, deux matchs passés dans les gradins à son retour dans la LNH.

Bref, avec sa tenue des dernières semaines, Xhekaj est en train de démontrer les bénéfices d’un apprentissage, ce que Barron est en train de vivre.

Je suis super content pour lui. Ça montre qu’il est venu ici, qu’il a travaillé et qu’il est récompensé. C’est encourageant de le voir aller. J’espère suivre ses traces et retourner à Montréal, moi aussi.

Justin Barron

Barron a disputé 17 matchs – comme Xhekaj avant d’être rappelé – depuis son renvoi à Laval, fin janvier. Il compte 8 points (1 but, 7 passes) et montre un rendement de -2.

Complexe casse-tête

Bien malin qui peut prédire à quoi ressemblera la fin de saison de Barron, par contre. S’il y en a un qui est entouré d’incertitude dans l’organigramme, c’est bien lui.

Commençons « en haut », avec le Canadien. L’équipe joue à deux défenseurs droitiers, et parfois un seul : David Savard et, quand il n’est pas laissé de côté, Johnathan Kovacevic. Sauf que pour des raisons bien différentes, les deux pourraient intéresser des clubs dits acheteurs d’ici à vendredi.

Le cas de Savard a été expliqué maintes fois : son expérience pourrait servir un club, mais le CH n’a rien à gagner à l’échanger dans un marché si aride pour les vendeurs. Quant à Kovacevic, son salaire de 766 667 $ jusqu’en 2025 en fait une cible potentielle pour une équipe en mal de droitiers à la ligne bleue. La compensation serait modeste, bien évidemment.

Si l’un des deux trouve preneur, Barron pourrait donc recevoir l’appel tant espéré, pour peu qu’on le préfère à Logan Mailloux, autre défenseur droitier.

Mais à l’inverse, Hughes pourrait très bien opter pour le statu quo, à quoi s’ajoutent les arrivées potentielles de Lane Hutson, David Reinbacher et Adam Engström dans l’organigramme. Du nombre, Reinbacher est l’unique droitier, mais leur simple arrivée, à Montréal ou à Laval, ajouterait à la congestion, ce qui fait toujours des victimes collatérales. Les trois sont cependant dépendants des résultats dans leur ligue avant de savoir s’ils s’amènent au Québec. Autant de facteurs qui brouillent les pistes.

Le moratoire sur les transactions, à partir de vendredi à 15 h, viendra toutefois clarifier une partie du portrait.

« Tout le monde sait très bien quand est la date limite, a rappelé Barron. Il arrivera ce qui arrivera. Ma concentration est ici, pour aider l’équipe à gagner. J’essaie d’améliorer ce que je dois améliorer pour retourner dans la LNH. Ce n’est pas une distraction. »

Malgré son jeune âge, Barron possède déjà une certaine expérience de la date limite des transactions. Le 21 mars 2022, lui et son frère Morgan ont déménagé, lui de Denver à Montréal, son frère de New York à Winnipeg.

« Je savais qu’il y avait une chance que je sois échangé. Mais mon frère ne pensait pas être échangé, et lui, ça a été la grosse surprise dans la famille ! se souvient Barron. Ça montre que tout peut se passer à la date limite des transactions. »

C’est particulièrement vrai pour Justin Barron cet hiver, pas tant pour sa situation personnelle, mais pour tout ce qui peut se dérouler autour de lui.

En bref

Une autre défaite pour le Rocket

Le Rocket a livré une bonne bataille au Crunch de Syracuse, mais s’est incliné 3-2 en prolongation, mercredi, à la Place Bell, une septième défaite en neuf matchs (2-5-2). Un but de Gabriel Fortier, avec 57 secondes à écouler à la période supplémentaire, a mis fin aux hostilités. Syracuse a profité d’un tir hors cible d’Emil Heineman pour relancer l’attaque et marquer. Le Rocket montre maintenant une fiche de 0-6 en prolongation cette saison, et a donc laissé filer des points qui lui seraient précieux dans la course aux séries. « En prolongation, on ne peut pas rater le filet, sinon l’autre équipe repart », a pesté Jean-François Houle. Les vétérans Mitchell Stephens et Philippe Maillet ont marqué dans la défaite, mais ce sont les unités de désavantage numérique qui ont permis aux Lavallois de survivre. En deuxième période, le Rocket a dû écouler une pénalité de cinq minutes à Tobie Bisson, et Laval a été plus menaçant que Syracuse. L’attaquant Jan Mysak, entre autres, a orchestré quelques contre-attaques grâce à sa vitesse. « Dernièrement, il joue du bon hockey, il a un bon bâton en désavantage numérique et il gagne beaucoup plus de batailles qu’en début d’année », a évalué Houle.

Farrell et l’arrivée chez les pros

À pareille date l’an dernier, la venue imminente de Sean Farrell dans les rangs professionnels était attendue, en sa qualité de finaliste au trophée Hobey-Baker. Il a finalement disputé six matchs discrets avec le Canadien en fin de saison, et a amorcé la présente campagne avec le Rocket, où il tente de s’établir comme un contributeur offensif. Sauf que deux blessures distinctes lui ont fait d’abord rater un mois, puis six semaines. Mercredi, il disputait son sixième match depuis son plus récent retour au jeu. « Ce n’est pas facile quand ta saison est presque coupée en quatre, a rappelé Jean-François Houle. Mais quand il joue, c’est un fabricant de jeux. Il crée beaucoup d’attaques. Au dernier match, on a eu [26] tirs en première période et il a joué un gros rôle en faisant plusieurs bonnes passes. » En soirée, Farrell a fait bien paraître son entraîneur en préparant le but de Philippe Maillet à l’aide d’une passe précise, par-derrière. Farrell assure que ses deux blessures étaient « de la malchance », mais Houle a rappelé que « c’est un de nos jeunes qui a besoin de grossir physiquement et devenir un homme. Ça n’arrive pas du jour au lendemain. » À 181 lb, Farrell n’est en effet pas le plus costaud. Une situation à retenir dans quelques semaines quand un autre joueur frêle, Lane Hutson, pourrait à son tour débarquer de la NCAA.