La manœuvre du numéro 13 des Jets, Gabriel Vilardi, pour marquer le premier but de son équipe en fin de deuxième période contre le Canadien, lundi soir, avait de quoi épater.

Vilardi a d’abord gagné sa bataille pour la possession de la rondelle dans le coin de la patinoire contre David Savard et Jake Evans venu en renfort, battu Joel Armia dans l’enclave pour décocher un tir puis, quelques instants plus tard, effectué une habile manœuvre pour ramener le disque devant le filet, sous le nez de Savard, pour déposer le disque dans le fond du but. Il fallait non seulement du talent, mais de la hargne pour briller ainsi sur la séquence.

Ce jeune attaquant droitier de 6 pieds 3 pouces et 201 livres âgé de 24 ans obtenait ainsi un huitième point à ses cinq derniers matchs, pour porter son total en saison à 10 points en 12 rencontres. Il a joué 21 : 15 contre le CH. Seul le joueur de centre Mark Scheifele a été employé davantage, mais à peine quatre secondes de plus.

Depuis son retour au jeu, le 30 novembre, les Jets ont une fiche de 6-2-1. Vilardi est au cœur de la relance des Jets, troisième dans la section centrale avec une surprenante fiche de 18-9-3, à un seul point des Stars de Dallas et du premier rang, mais aussi du top 5 du classement général de la Ligue nationale de hockey.

La saison dernière avait pourtant fini en queue de poisson. Pierre-Luc Dubois avait exigé un échange. Le gardien Connor Hellebuyck et Mark Scheifele allaient entamer la dernière année de leurs contrats et le doute planait sur leur avenir à Winnipeg.

Dans les circonstances, le directeur général Kevin Cheveldayoff aurait pu entamer un nouveau cycle. Échanger Dubois, Hellebuyck et Scheifele contre les espoirs et des choix au repêchage.

Pour Dubois, il a plutôt ciblé Gabriel Vilardi à Los Angeles. Vilardi avait encore 23 ans, venait enfin de connaître une première saison intéressante de 41 points, dont 23 buts, en seulement 63 matchs, après un début de carrière marqué par de nombreuses blessures.

Vilardi suscitait beaucoup d’enthousiasme lors du repêchage de 2017 où les Kings l’ont repêché au 11e rang, devant Martin Necas et Nick Suzuki. Mais des problèmes chroniques au dos ont saboté ses trois premières années chez les professionnels. Il a disputé seulement quatre matchs en 2018-2019, 42 l’année suivante et 54 en 2020-2021.

Mais le jeune homme était désormais rétabli et dans le plan de réinitialisation rapide de Cheveldayoff, il devenait le rouage parfait : encore très jeune, établi dans la LNH, capable d’occuper un poste au sein de l’un des deux premiers trios offensifs des Jets à court terme.

En plus de Vilardi, Winnipeg avait obtenu Alex Iaffalo, Rasmus Kupari et un choix de deuxième tour en 2024 pour Dubois.

Vilardi occupe un poste au sein du premier trio et touche 3,4 millions annuellement pour cette année et la suivante, avant d’obtenir le statut de joueur autonome avec compensation.

Iafallo, 29 ans, n’est pas aussi doué offensivement, mais il a tout de même 15 points en 30 rencontres et joue à l’aile droite du deuxième trio avec Cole Perfetti et Vladislav Namestnikov, pour 4 millions cette année et la même somme l’an prochain. Kupari, 23 ans, un choix de premier tour en 2018, 20e au total, tente encore de s’établir dans la LNH. Il est blessé à l’épaule et ratera encore plusieurs semaines.

Pour parachever son plan, Cheveldayoff est parvenu à prolonger les contrats de Hellebuyck et Scheifele, tous deux âgés de 30 ans, de sept saisons, moyennant 8,5 millions par saison pour les deux. Les Jets trouveront sans doute ces contrats très lourds dans cinq ans, mais ils se donnent des chances de gagner ces prochaines années.

Dubois connaît une saison timide offensivement. Il compte seulement 12 points, dont 5 buts, en 27 matchs, au centre du troisième trio avec Arthur Kaliyev et Alex Laferrière. Il participe à la deuxième vague en supériorité numérique, mais pas en infériorité. En décembre, son temps d’utilisation a varié entre 13 : 44 et 16 : 20.

Il a été employé 20 : 28 lors du match d’ouverture, mais n’a plus atteint ce plateau par la suite. Depuis le 28 octobre, il n’a jamais joué 18 minutes ou plus, alors qu’il l’avait fait quatre fois à ses sept premières rencontres.

La présence de Dubois au poste de troisième centre derrière Anze Kopitar et Phillip Danault constitue un luxe. Mais à 8,5 millions par année pour huit saisons, le mot luxe prend un autre sens.

Le fameux mot commençant par la lettre « P »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jeff Gorton

Le vice-président aux opérations hockey du Canadien, Jeff Gorton, a soigneusement écarté l’éventualité de voir l’équipe participer aux séries éliminatoires lors du tournoi de golf du Canadien, à l’aube de la saison. « Je sais que tout le monde voudrait que l’on utilise le mot commençant par “P” (pour playoffs), mais pour nous, à l’interne, nous voulons simplement nous améliorer au fil des jours. C’est cliché, et je m’en excuse, mais je vais m’en tenir à ça. »

Quelques mois plus tard, qu’on y croit ou non, le CH vient de s’approcher à seulement deux points des Capitals de Washington et de la dernière place donnant accès aux séries éliminatoires, avec néanmoins trois matchs de moins à disputer. Mais ils sont aussi à seulement quatre points des Islanders, troisièmes dans la section métropolitaine, avec un match de moins à jouer.

Montréal a aussi deux points de moins que les Red Wings de Detroit, dont les attentes sont élevées cette saison, avec le même nombre de matchs disputés, un point de moins que les Devils et que le Lightning, un de plus que les Penguins et trois de plus que les Sabres.

À pareille date l’an dernier, le CH avait deux points de moins, mais se retrouvait déjà à sept points de la dernière place donnant accès aux séries.

Quand même un exploit compte tenu de l’absence de Kirby Dach dès le deuxième match de la saison et d’Alex Newhook depuis huit matchs.