Les Sénateurs ont besoin de « constance ». De « structure ». D’« expérience ». C’est en quête de ces principes que l’équipe a pris la décision de congédier l’entraîneur-chef D.J. Smith, lundi. Le vétéran Jacques Martin s’amène dans l’espoir de redresser la barque, tandis que Daniel Alfredsson l’accompagne à bord.

Martin a été nommé entraîneur-chef par intérim par le directeur général Steve Staios. Alfredsson sera son adjoint et remplacera Davis Payne derrière le banc des joueurs. Parce que du changement était nécessaire à Ottawa.

« Je crois en ce groupe et en notre noyau », a assuré Staios en conférence de presse, en début de soirée lundi. « Mais il y a plusieurs domaines dans lesquels on peut s’améliorer. On manque d’expérience à certains chapitres. »

« En théorie, Jacques répond parfaitement à nos critères (he’s the perfect fit), dit-il. Il est structuré, organisé, discipliné et axé sur les détails. Il amène sa voix et son expérience derrière le banc, et ça va résonner avec notre groupe. »

PHOTO GENE J. PUSKAR, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Jacques Martin

Martin et Alfredsson seront tous les deux derrière le banc de l’équipe contre les Coyotes en Arizona, ce mardi. Pour « Alfie », l’ancien capitaine et le meilleur pointeur de l’histoire de la franchise, il s’agira de sa première expérience en tant qu’entraîneur chez les professionnels.

« Au sujet de notre style de jeu, il a vu les mêmes choses que moi, avance Staios. Il se soucie vraiment de notre organisation et de notre équipe. Quand je l’ai approché pour qu’il se joigne à nous à temps plein, il a dit : “Je vais faire tout en mon pouvoir [pour aider]”. »

Staios est aussi – et surtout – président des opérations hockey des Sénateurs. Il espère voir opérer une belle chimie derrière le banc entre l’entraîneur aguerri qu’est Jacques Martin et la recrue qu’est Daniel Alfredsson. Ce dernier sera appelé à travailler sur le jeu offensif, comme son prédécesseur Davis Payne.

« La dynamique entre les deux, c’est parfait, ils vont bien travailler ensemble. »

C’était un secret de Polichinelle que Jacques Martin remplacerait D.J. Smith si les déboires des Sénateurs continuaient de s’accumuler. L’équipe l’avait embauché à titre de conseiller à l’entraîneur au début du mois.

Staios a été nommé DG à titre intérimaire après le congédiement de Pierre Dorion, en novembre. Une fois un directeur général formellement embauché, celui-ci pourra donc choisir son propre personnel d’entraîneurs. L’étiquette « par intérim » est donc importante à prendre en compte aujourd’hui, autant dans le cas de Staios que pour Jacques Martin.

« C’était le moment »

Ottawa croupit aujourd’hui dans les bas-fonds de la division Atlantique et au 30e rang du classement général.

L’équipe a perdu 11 de ses 18 derniers matchs depuis le congédiement de Pierre Dorion. Elle s’est aussi inclinée à ses quatre derniers matchs, accordant plus de quatre buts à chaque occasion. La défaite de 6-3 face aux Golden Knights à Vegas, dimanche soir, a visiblement été celle de trop.

Staios concède que le début de saison a été « difficile » sur le plan des « blessures », ce qui a compliqué l’évaluation des problèmes de l’équipe.

« Mais au fil de la saison, on a eu des portions plus encourageantes », dit-il, justifiant ainsi son choix d’être « patient » avant de prendre une décision au sujet de Smith.

C’est quand j’ai vu notre équipe retourner à ses vieilles habitudes que j’ai compris que c’était le moment.

Steve Staios, directeur général des Sénateurs d’Ottawa

Smith a dirigé l’entraînement des Sénateurs le matin même en Arizona, quelques minutes avant d’être finalement remercié.

« D.J. a géré ça comme un pro, estime le DG. Il a travaillé jusqu’à la fin parce qu’il se soucie de ce groupe. Il a été très important pour le développement de nos jeunes joueurs, les menant où ils sont aujourd’hui. C’est une journée difficile pour moi et pour les joueurs. »

Alfie, le successeur ?

Les Sénateurs n’ont pas participé aux éliminatoires depuis six ans. Ils seront vraisemblablement écartés de la danse printanière pour la septième fois consécutive au terme de cette saison.

L’organisation avait promis à ses partisans une reconstruction, il y a six ans. Les attentes sont devenues nettement plus élevées au cours des deux dernières saisons, sans que les résultats les suivent. Pendant cette séquence, Smith, embauché en mai 2019, a obtenu une fiche de 131-154-32 à Ottawa.

Jacques Martin a été entraîneur-chef des Sens de 1995 à 2004, compilant une fiche de 341-255-96 en saison, puis de 31 victoires en séries. Martin a remporté le trophée Jack-Adams, remis à l’entraîneur par excellence, en 1999.

Il a remporté la Coupe Stanley en tant qu’adjoint chez les Penguins de Pittsburgh, en 2016 et en 2017.

Il a aujourd’hui 71 ans et n’a pas été à la barre d’une équipe depuis son congédiement par le Canadien de Montréal, en 2012.

La venue de Daniel Alfredsson en tant qu’adjoint des Sénateurs est-elle le signe que l’organisation souhaite l’inviter à parfaire ses aptitudes d’entraîneur pour éventuellement en devenir le technicien principal ?

« Alfie est un gars talentueux dans plusieurs domaines, croit Staios, qui reste évasif sur le fond de la question. Il a une finesse d’esprit pour le hockey. S’il décide d’être entraîneur, il aura du succès à long terme. Il est extrêmement engagé à aider les Sénateurs et notre groupe de joueurs. »