Il ne faut pas être un grand mathématicien pour le réaliser : les Sénateurs d’Ottawa rateront les séries éliminatoires pour la septième année consécutive ce printemps.

Leur défaite de 6-3, dimanche à Vegas, une quatrième consécutive, séquence au cours de laquelle ils ont accordé 19 buts et en ont marqué seulement 10, les repousse désormais à… 12 points des Capitals de Washington et de la dernière place donnant accès séries, avec deux matchs de plus à jouer.

Les Sénateurs croupissent au 29e rang du classement général de hockey. Seuls les Ducks d’Anaheim, les Sharks de San Jose et les Blackhawks de Chicago font pire cette saison.

Les pauvres Blue Jackets de Columbus ont trois points de plus, mais ont disputé six matchs supplémentaires. Au rythme où les Sénateurs gagnent des matchs, pourraient-ils les rattraper ?

L’arrivée de Jacques Martin à titre de conseiller aux entraîneurs il y a une douzaine de jours ne constituait pas une vilaine idée, mais celui-ci allait-il pouvoir transformer une organisation moribonde avec si peu de pouvoir ?

Le nouveau propriétaire, Michael Andlauer, et son président, Steve Staios, doivent désormais penser aux partisans des Sénateurs – à qui on a promis une reconstruction réussie il y a six ans – et leur donner un peu d’espoir. Ils ont été assez patients.

L’arrivée d’un nouveau directeur général, poste vacant depuis le congédiement de Pierre Dorion début novembre, et l’embauche d’un entraîneur pour remplacer D. J. Smith, dont la fiche s’établit désormais à 131-154-32 en un peu plus de cinq ans à Ottawa, contribuerait à donner un peu d’espoir aux fans de l’équipe.

Quelles solutions ?

À son arrivée à Buffalo en 2020, le directeur général Kevyn Adams a choisi de briser le moule. Il a échangé au cours de l’année suivante trois piliers de la reconstruction précédente, Sam Reinhart, Jack Eichel et le défenseur Rasmus Ristolainen pour des choix et des espoirs.

Reinhart, Eichel et Ristolainen avaient passé trop d’années à perdre et le climat dans le vestiaire était devenu morose, estimait le nouveau DG. À cela s’ajoutait un conflit entre Eichel et l’organisation à propos d’un plan médical à suivre concernant la blessure du capitaine.

Buffalo a accumulé les choix au repêchage ces dernières années en vertu des échanges de Adams et pigé onze fois dans les trois premiers tours en trois cuvées. La stratégie de Kevyn Adams a repoussé l’achèvement de la reconstruction précédente, mais a contribué en revanche à renflouer la banque d’espoirs susceptibles de rejoindre éventuellement les Rasmus Dahlin, Tage Thompson et compagnie. Le jury n’a pas encore délibéré.

Après son embauche à Edmonton en 2015 à titre de président et directeur général, Peter Chiarelli a voulu améliorer la défense des Oilers. Il a offert un monstrueux contrat à Andrej Sekera, échangé l’ailier Taylor Hall pour le défenseur Adam Larsson, en croyant à tort pouvoir remplacer Hall par Milan Lucic, lui aussi couvert d’or, sacrifié des choix de premier et deuxième tour pour le jeune défenseur Griffin Reinhart et obtenu le gardien Cam Talbot pour des choix de deuxième et troisième tour.

Le plan de Chiarelli, accueilli en Alberta avec pour cadeau de bienvenue le premier choix au total en 2015, Connor McDavid, n’était pas vilain, mais il n’a pas fait les bons choix de joueurs. Il a été chassé d’Edmonton dans l’infamie, après avoir raté les séries trois années sur quatre.

À Detroit, Steve Yzerman a multiplié depuis deux ans les embauches de vétérans pour enfin accéder aux séries, après les avoir ratées chaque année depuis 2017. Après un splendide début de saison, les Red Wings ont remporté seulement 10 de leurs 24 derniers matchs et s’en retrouveraient exclus si les éliminatoires devaient commencer aujourd’hui.

Pierre Dorion croyait avoir construit le bon noyau pour se hisser parmi l’élite de la LNH avec Tim Stützle, Brady Tkachuk, Thomas Chabot, Drake Batherson, Jake Sanderson, Erik Brannstrom, Shane Pinto, puis Alex DeBrincat et Jakob Chychrun.

À son successeur de déterminer qui parmi ces joueurs feront partie des plans d’avenir et qui retarde l’éclosion de cette formation.

Canadien et Sénateurs, deux réalités

Pierre Dorion a promis une participation aux séries éliminatoires ces deux dernières années, du moins a-t-il pris les moyens pour y parvenir. Kent Hughes et Jeff Gorton ont fait le contraire à Montréal et imploré la patience dans un processus de reconstruction.

Ottawa a repêché seulement une fois dans les deux premiers tours lors des deux dernières cuvées, un 64e choix au total en 2022, et seulement trois fois dans les trois premiers tours.

Au cours de la même période, le CH a repêché cinq fois dans les deux premiers tours, dont deux fois dans le top 5, et huit fois dans les trois premiers tours, tout en ayant cédé des choix de fin de premier tour et de deuxième tour pour obtenir Alex Newhook.

Les Sénateurs ont remporté seulement six victoires de plus que le Canadien depuis le début de la saison 2022-2023 et comptent huit points de retard sur Montréal, avec quatre matchs en main, cette saison. Les fans d’Ottawa méritent mieux. Oui.