Le Canadien a été écrasé par un rouleau compresseur samedi. Brendan Gallagher n’a pas eu tort de qualifier les Kings de Los Angeles d’équipe de l’heure dans la Ligue nationale de hockey.

Les Kings, sans le vouloir au cœur d’une controverse au Québec ces dernières semaines après avoir accepté de tenir leur camp d’entraînement dans la Vieille Capitale moyennant un financement de 5 à 7 millions, occupent le quatrième rang du classement général, à seulement deux points du premier, avec une fiche de 13-3-3. Ils ont remporté neuf de leurs onze dernières rencontres et n’ont toujours pas perdu en neuf matchs sur les patinoires adverses.

Leur victoire de 4-0 contre le Canadien constituait leur cinquième consécutive, courte séquence au cours de laquelle ils ont marqué 20 buts et en ont accordé… cinq.

Los Angeles constitue un modèle particulier. Après leur dernière Coupe Stanley en 2014, les Kings ont raté les séries cinq fois, occupé la cave du classement pendant trois ans, mais ils ont remonté au sommet en court-circuitant leur reconstruction, avec trois de leurs quatre premiers défenseurs repêchés après le 100e rang, un gardien de 36 ans qu’on croyait mûr pour la retraite et une gaffe épouvantable avec le cinquième choix au total en 2019.

Les Kings seront néanmoins les premiers à l’admettre : ils doivent connaître du succès en séries ce printemps, sans quoi ils resteront un club qui n’a pas franchi le premier tour éliminatoire en dix ans…

Cette équipe aurait pu contempler une reconstruction complète en 2019 après une saison affreuse de 71 points, le dernier rang dans l’Association de l’Ouest et un club vieillissant.

Les Kings l’ont fait, mais partiellement, en s’accrochant à leurs deux piliers Anze Kopitar et Drew Doughty, alors âgés de 33 et 31 ans respectivement, mais en échangeant au cours des saisons suivantes Jeff Carter, Tyler Toffoli, Jake Muzzin et Alec Martinez pour des choix au repêchage et, ou, des espoirs.

Los Angeles a réussi à se bâtir une défense de premier plan avec des joueurs surprenants autour de Doughty. Michael Anderson, son partenaire âgé de 24 ans, a constitué un choix de quatrième tour en 2017. Matt Roy, 28 ans, était un choix de septième tour en 2015. Ils ne sont pas de grands défenseurs offensifs, mais demeurent efficaces défensivement dans la vingtaine de minutes qu’on leur confie à chaque match.

Le top 4 est complété par Vladislav Gavrikov, obtenu des Blue Jackets à la date limite des transactions l’an dernier. Gavrikov est un costaud bâti dans le même moule, le type de défenseurs qu’affectionne particulièrement Marc Bergevin, désormais adjoint au directeur général des Kings, Rob Blake.

Il faut retenir trois noms clés à l’attaque dans ce processus de reset on the fly, cette expression chère à Marc Bergevin à Montréal. L’acquisition de Phillip Danault moyennant 33 millions pour six ans en juillet 2021 marquait la fin de la reconstruction. L’arrivée de Danault, à 28 ans, doublée de cette de Viktor Arvidsson, 27 ans, allait permettre aux Kings de faire le pont entre les vedettes trentenaires de l’équipe et les plus jeunes repêchés récemment encore à quelques années d’avoir un impact.

Le choix de fin de premier tour en 2014, 29e au total, l’attaquant Adrian Kempe, allait lui aussi servir à solidifier l’équipe dans cette période de transition. Kempe a mis cinq ans à prendre son envol, avant d’exploser avec 35 buts à 25 ans en 2021-2022.

Kevin Fiala a parachevé l’accélération du processus à compter de 2022 contre un choix de premier tour (Liam Öhgren) et le jeune défenseur Brock Faber. Rob Blake a poursuivi l’exercice encore plus loin avec l’acquisition l’été dernier de Pierre-Luc Dubois, 25 ans, contre Gabriel Vilardi, Alex Iafallo, Rasmus Kupari et un choix de deuxième tour en 2024. On espère plus de Dubois, au centre du troisième trio, et 11 points, dont 5 buts, en 19 matchs, après lui avoir consenti 8,5 millions par saison jusqu’en 2031.

Les Kings massacrent leurs adversaires ces temps-ci parce que leurs grandes vedettes Kopitar et Doughty ont encore un gros impact, que le ciment tient bien au milieu et que les plus jeunes commencent à tirer leur épingle du jeu.

Le deuxième choix au total en 2020 derrière Alexis Lafrenière et devant Tim Stützle, Quinton Byfield, sort de sa coquille à 21 ans. Ce géant de 6 pieds 5 pouces et 225 livres a 16 points en 19 matchs à l’aile gauche de Kopitar. Il avait obtenu seulement 10 points en 40 matchs à sa première saison complète il y a deux ans, comme quoi la patience est toujours de mise avec les espoirs.

Le cinquième choix au total en 2019, Alex Turcotte, est toujours dans la Ligue américaine à 22 ans, mais le jeune homme, fils d’Alfie, un choix de premier tour du Canadien en 1983, a été ralenti par les commotions cérébrales. Il a 17 points en autant de rencontres avec le club-école, voyons s’il pourra faire un peu moins regretter aux Kings un jour de l’avoir préféré à Moritz Seider, Dylan Cozens, Trevor Zegras, Matthew Boldy, Cole Caufield et compagnie.

Le troisième haut choix des Kings entre 2019 et 2021, le grand défenseur droitier Brandt Clarke, repêché au 8e rang en 2021, avait été pressenti pour un poste dans la LNH à l’aube du camp d’entraînement, mais on a préféré le laisser se développer dans la Ligue américaine, où il domine outrageusement en ce moment, à 20 ans.

Attendons un peu avant de crier victoire, puisque les championnats ne se gagnent pas en novembre, mais on peut néanmoins saluer les succès présents de l’équipe. Le principal point d’interrogation demeure le gardien, Cameron Talbot, 36 ans, chassé d’Ottawa après une saison difficile, mais fumant après deux mois à Los Angeles avec une moyenne de 2,02 et un taux d’arrêts de .931, superbement servi par une défense étanche.

Le début d’une remontée spectaculaire ?

PHOTO PERRY NELSON, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Les Oilers sont encore loin d’une place en séries, mais ils viennent d’écraser deux adversaires, les Capitals 5-0 et les Ducks 8-2. Ils se rapprochent ainsi à six points du Kraken de Seattle et du dernier rang donnant accès aux séries, avec deux matchs de plus à disputer, mais ils sont également à cinq points des Predators de Nashville et des Coyotes de l’Arizona. Connor McDavid a profité de ces deux matchs pour engraisser sa fiche de… neuf points. Il en avait obtenu seize à ses seize matchs précédents. Le voilà aujourd’hui au 16e rang du classement des marqueurs avec 25 points, à dix du meneur Nikita Kucherov. Des poolers auraient-ils déjà commis la gaffe irréparable de manquer de patience à son endroit ?