Mais où est donc passée Ève Gascon ? Réponse : à Duluth, ville portuaire du Minnesota, où elle évolue en NCAA division 1. Et ça se passe très bien. La Presse a pris de ses nouvelles.

En mai dernier, Ève Gascon terminait sa dernière saison au hockey masculin de la meilleure des façons : avec un trophée au bout des bras. Elle a maintenu un taux d’arrêts de ,922 en 11 parties éliminatoires avec les Patriotes du cégep de Saint-Laurent, qui ont ultimement été couronnés champions.

Sauf que qui dit championnat, dit été raccourci. Gascon n’a pris que trois semaines de pause avant de retourner à l’entraînement. Aux prises avec une blessure à l’aine, elle n’a pu y aller au rythme souhaité. Ça lui a nui lorsqu’elle s’est présentée au camp de développement d’Équipe Canada, en août.

« En fait, j’ai un peu foiré les tests physiques, donc ç’a vraiment mal parti le camp », explique-t-elle au bout du fil.

La gardienne de 20 ans n’a pas été invitée au camp principal de l’équipe nationale ; c’est l’Ontarienne Hannah Murphy qui a eu cet honneur. Pour la Québécoise, ce camp s’est avéré un « wake up call ».

« Je ne dirais pas que je l’ai toujours eu facile, mais j’ai tout le temps été la première goaleuse partout où je suis passée. Ça fait que dans ma tête, j’étais tout le temps la première. J’ai fini deuxième au camp. Dans mon review du camp, ils m’ont dit que ma forme physique était vraiment un problème en ce moment. C’est ce que j’essaie d’améliorer vraiment. »

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça fonctionne jusqu’ici. « J’ai perdu dix livres depuis que je suis ici parce qu’on s’entraîne tout le temps ! s’exclame-t-elle. Ça fait du bien, je vois qu’il y a des résultats et que ça peut me permettre d’être plus en forme. »

Outre sa forme physique, Gascon veut aussi connaître une bonne première saison dans la NCAA pour recevoir une nouvelle invitation l’année prochaine et retenter sa chance. Pour prouver qu’elle « veut ». Qu’elle « a [sa] place là-bas ».

Jusqu’à maintenant, ses statistiques nous laissent croire qu’elle est sur la bonne voie…

Comme sur des roulettes

Le Minnesota se trouve à 1900 km de Montréal ; disons que c’est un peu plus loin que le cégep de Saint-Laurent. C’est la première fois que Gascon se rend aussi loin pour jouer au hockey. Là-bas, elle habite sur le campus, à cinq minutes de marche de ses salles de classe – elle fait une majeure en communication en vue d’un jour donner des conférences pour les jeunes.

« Au début, c’était plus dur parce que je m’ennuyais de ma famille. Je suis habituée de les voir souvent. Aussi, [il y avait] le côté anglais et le côté hockey ; on n’avait pas de games au début, c’était long avant que ça parte. »

Trois mois plus tard, ça roule comme sur des roulettes pour la cerbère, qui a gardé les buts pour 8 des 13 rencontres des Bulldogs. Elle présente une fiche de 4 victoires et 4 défaites avec un taux d’arrêts de ,947. L’équipe se trouve présentement au quatrième rang de sa division.

« En ce moment, je pense que je suis la numéro 1 contre les grosses équipes. J’ai goalé les deux games contre Ohio State et les deux dernières games contre Minnesota. »

Il faut vraiment que je travaille fort parce que je vois que la deuxième (Hailey MacLeod) veut avoir le premier poste. Ça me pousse à me donner dans les pratiques.

Ève Gascon

Gascon est d’ailleurs toujours en période d’adaptation, elle qui se retrouve dans une équipe féminine pour la première fois de sa carrière. Le sport est le même, mais le jeu est différent. « C’est le fun de voir un autre côté de la game », laisse-t-elle entendre.

« J’ai un peu plus de temps [qu’avec les garçons], explique-t-elle. Les filles qui ont de bonnes shots, je suis capable de les arrêter. […] En même temps, j’ai des désavantages. Le jeu est complètement différent ; des fois, je ne suis pas assez patiente, je suis trop agressive. Je suis encore un peu en adaptation, mais c’est de mieux en mieux. »

Et en dehors de la patinoire, ça se passe comment ?

« Les conversations sont différentes, note-t-elle. Ce que j’aime, c’est que c’est rare que tu passes une soirée seule chez toi. T’es tout le temps avec les filles. Tout le monde habite proche. »

Autrement dit, ça va bien avec ses coéquipières, ça va bien au hockey, et ça va bien à l’école. Alors, si vous vous demandiez comment va Ève Gascon, vous avez votre réponse.

« J’espère vraiment que ça va marcher »

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Ève Gascon

C’était la première fois que l’on discutait avec Ève Gascon depuis l’annonce de la création d’une nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). À ce sujet, la gardienne de but s’est réjouie de la nouvelle possibilité pour les joueuses de faire leur vie avec le hockey. « Ça va permettre aussi au hockey féminin que le niveau de jeu s’améliore, dit-elle. [Les joueuses] vont avoir un but, vont vouloir aller là, faire leur vie avec ça. Ça va permettre aux jeunes filles de voir que ça marche aussi. […] J’ai hâte de voir ce que ça va donner, mais j’espère vraiment que ça va marcher et que le monde va aller voir. »