(Hamden, Connecticut) Deux amis qui passent leur enfance et leur adolescence ensemble, c’est une chose. Les quartiers de Montréal et les banlieues sont remplis d’exemples. Le faire en passant par le Québec, la Colombie-Britannique, l’Iowa, le Michigan et le Connecticut en est une autre.

C’est ce qu’ont fait Christophe Fillion et Christophe Tellier. Coéquipiers à l’Université Quinnipiac pour une troisième saison, les deux Sherbrookois ne font que continuer ce qu’ils font depuis qu’ils ont 5 ans : passer du temps ensemble.

« On s’est rencontrés à la première journée à la maternelle et depuis ce temps, c’est mon meilleur ami, raconte simplement Tellier, casquette des Marlins vissée à la tête. On jouait toujours l’un contre l’autre. En été, on était ensemble. J’ai joué plus souvent avec lui que sans lui. À l’école, on a fait tout notre primaire et presque tout notre secondaire ensemble, et maintenant, c’est l’université. »

Les deux attaquants habitaient dans le même secteur à Sherbrooke. « À deux minutes en auto, ou 10 minutes en vélo. On l’a fait assez souvent à vélo ! », confirme Fillion.

Leurs fiches sur Elite Prospects donnent parfois l’impression de consulter deux fois la même page tant les mêmes noms reviennent. Bishop’s College School en 2013-2014. Wild de l’Iowa de 2016 à 2018. Wild de Wenatchee en 2018-2019. Ils se sont brièvement croisés à Muskegon en 2020-2021, et sont maintenant coéquipiers à Quinnipiac depuis 2021. Et ce n’est pas une coïncidence.

On voulait jouer ensemble. Quand on allait visiter les collèges, c’était les deux ensemble ou rien. Ça tombait bien parce qu’on avait les mêmes offres. On a une bonne connexion sur la glace. Je suis pas mal le passeur et lui, le scoreur. Donc de Tellier à Fillion.

Christophe Tellier, attaquant québécois des Bobcats de l’Université Quinnipiac

Après 14 matchs, Tellier montre une fiche de 4 buts et 10 passes, tandis que Fillion compte 5 buts et 4 passes.

Ils jouent souvent au sein du même trio, mais comme si ça ne suffisait pas, ils se côtoient aussi en classe. « On a pas mal tous nos cours ensemble cette session-ci. On a planifié nos cours pour la prochaine session et on les a pas mal tous ensemble aussi », explique Fillion.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Christophe Fillion et Christophe Tellier

« C’est vraiment spécial. Je n’aurais jamais pensé être ici avec lui un jour. Quand on a commencé, on faisait juste jouer au hockey. Nos parents sont souvent ensemble. Quand on a gagné le championnat national, nos deux familles étaient à Tampa, ça pleurait ensemble. »

Les deux comparses ont 23 ans. L’aventure universitaire achève et ils sont bien conscients qu’en tant que joueurs jamais repêchés, ils n’auront pas le luxe des jumeaux Sedin de s’offrir en « forfait » afin de poursuivre leur parcours ensemble.

« Je pense que ça s’arrête ici, admet Tellier. Mais on a eu de belles expériences. On est prêts à se laisser aller. C’est la vie. On s’est quand même rendus loin. Je ne pensais jamais me rendre ici avec lui ! »

Gros contingent

Le Québec est partout chez les Bobcats. Le défenseur Charles-Alexis Legault et le gardien Vincent Duplessis s’ajoutent aux deux Christophe chez les hommes, tandis que dans l’équipe féminine, la Mascouchoise Maya Labad représente cette bulle de France du nord d’un continent.

Cameron Boon, relationniste de l’équipe masculine, s’amuse à qualifier le groupe de « French Connection ». « Je viens de Buffalo, mais je ne crois pas qu’ils comprennent la référence au trio de Gilbert Perreault ! », lance-t-il.

Les nombreux Canadiens de l’équipe ayant fait de l’immersion française reconnaissent quelques mots. Et puis il y a le défenseur Iivari Räsänen, un Finlandais. « Il aime beaucoup la phrase : “Chus magané.” Il aime vraiment dire ça ! Chaque fois qu’il le dit, on rit beaucoup », raconte Duplessis.

C’est un avantage de jouer avec d’autres Québécois, tu te sens plus près de la maison. Sur la glace, on va faire un jeu, Charles [Legault] va être à la défense, il va demander de quoi, je vais lui dire ; fais ci, fais ça. Et on a la proximité de se le dire en français.

Christophe Tellier, attaquant québécois des Bobcats de l’Université Quinnipiac

Le quatuor se tient évidemment bien au fait de ce qui se passe au Québec. Pendant la séance de prise de photos, ils prenaient auprès du représentant de La Presse des nouvelles de Joshua Roy. « Penses-tu que le Canadien va le rappeler ? », demande l’un d’eux.

On peut sortir les gars du Québec, mais pas le Québec des gars !

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