(Hamden, Connecticut) Avouez que c’est excitant. Depuis des années que l’on voit passer ce nom, Quinnipiac, dans tout bon article qui porte sur une élection à venir, sur un élu en difficulté, sur une course à l’investiture.

Les plus assidus des lecteurs de La Presse ont consulté des résultats de sondage dans les papiers de Richard Hétu, d’Alexandre Sirois, de Nicolas Bérubé et des autres correspondants aux États-Unis. Dans le moteur de recherche Eureka, la première des 184 mentions de Quinnipiac remonte à 1998, dans une dépêche de l’AFP, sur la chute de popularité du maire de New York de l’époque, Rudy Giuliani.

Dans le cadre de ce reportage sur le programme de hockey de l’Université Quinnipiac, c’était donc LA chance de voir où on prend le pouls de l’Amérique.

Bon, peut-être que nos attentes étaient démesurées, mais en ce mercredi après-midi, on est arrivé devant des bureaux fermés. Lumières éteintes, quelques voitures ici et là dans le stationnement. Ne manquait que la boule de foin au vent, qu’on aurait sans doute vue si seulement on avait été au milieu de terres agricoles.

« Nous publions des sondages cette semaine, donc l’horaire sera un peu trop fou pour organiser une visite », se désole par courriel Doug Schwartz, directeur de Quinnipiac University Poll.

John Leahy, président de l’université de 1987 à 2018, s’était toutefois fait un plaisir de nous tracer un bref historique de l’organe de sondages, avant notre visite. « Quand je suis arrivé, c’était simplement une pièce, et on appelait les anciens pour demander des dons. Maintenant, on a 200 stations téléphoniques. C’est plus gros que les sondages de CBS », soutient Leahy.

Ce dernier arrivait avec une certaine expérience, puisqu’il avait aussi participé à la création des sondages au Marist College. Il arrivait à Quinnipiac avec le mandat de faire circuler le nom de l’école. La création d’un institut de sondages était une des avenues.

« On a commencé off-Broadway, explique-t-il, reprenant l’image des comédies musicales en rodage. Au début, on faisait seulement le Connecticut, je voulais le tester avant de rentrer à New York. On a ensuite commencé à en faire au New Jersey, en Pennsylvanie et en Floride.

« J’entends encore des médias mal prononcer Quinnipiac, mais les sondages ont permis de faire circuler le nom. Les demandes d’admission ont suivi nos sondages, on commençait à en recevoir de New York, du New Jersey et de la Pennsylvanie. Quand on a obtenu plus de visibilité, on s’est lancés dans les sondages nationaux. »

Quinnipiac embauche des étudiants, mais pas uniquement, pour mener les études, qui ont la cote. Le site spécialisé FiveThirtyEight attribue aux sondages de Quinnipiac la cote A-. Parmi les centaines d’instituts répertoriés, ils ne sont que 21 avec une note dans les A.

Sous haute sécurité

Quinnipiac, c’est toutefois plus que du hockey et des sondages. « Va visiter le vieux campus », nous conseille Cameron Boon, relationniste de l’équipe masculine de hockey.

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Le portail principal de l’Université Quinnipiac

Le bon Cameron ignorait toutefois que la sécurité allait être serrée pour un visiteur. Ne gambade pas qui veut sur le campus, un constat qui se comprend avec le lourd historique de fusillades dans ce pays, particulièrement ici, à 30 minutes de Sandy Hook.

En nous voyant déambuler près du portail principal, l’agent dans la guérite du stationnement nous demande donc de nous nommer. Il tente un appel, puis un autre, et se fait mettre en attente. Au moins, il est gentil. « Vous trouvez ça beau en ce moment ? Vous auriez dû être ici il y a deux semaines, les couleurs des feuilles étaient encore plus vives. »

On attend, donc, pendant que les étudiants franchissent la guérite en auto, brandissant leur carte d’accès. Les véhicules de luxe, comme cette rutilante Mustang grise flambant neuve, sont plus nombreux, mais un ado en vieille Corolla bosselée nous rappelle qu’il n’y a pas que des gosses de riches nés dans la ouate par ici.

Quinze minutes plus tard, l’agent obtient finalement le OK. « Désolé de vous avoir fait attendre », s’excuse-t-il, avant de nous saluer en français. « Je vous en prie. Bonne journée ! » Il appert que les mesures de sécurité venaient du fait que des escrocs avaient tenté de frauder des étudiants dans les jours précédents, prétextant vendre des billets de spectacle.

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Le campus de l’Université Quinnipiac

C’est un campus aux dimensions humaines qui nous attendait, un avantage relevé par plusieurs hockeyeurs que nous avons interrogés pour nos reportages. Sans se comparer aux légendaires campus comme celui de Harvard, les lieux sont propres, bien aménagés.

L’endroit a aussi les qualités de ses défauts. Contrairement à Harvard et à Columbia, des universités renommées et situées en plein cœur des plus grandes villes du pays, Quinnipiac n’est pas envahie de groupes de touristes qui souhaitent visiter chaque recoin de l’établissement.

Pour ajouter au charme, le campus est adjacent au parc d’État Sleeping Giant, assurément le lieu par excellence pour un étudiant souhaitant s’oxygéner le cerveau. Mais la lumière tombe au moment où on quitte les lieux ; la randonnée pédestre sera pour une autre fois.

Pas donné

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Le coût estimé pour étudier une année à Quinnipiac est de 73 120 $ US.

Évidemment, la vie à Quinnipiac peut paraître idyllique, mais il y a un coût, qui s’adonne à être assez élevé, comme dans toute université privée américaine. L’établissement ne s’en cache pas. Sur son site internet, il affiche en effet un tableau des coûts estimés pour les étudiants, selon qu’ils habitent en résidence ou chez leurs parents. Pour un étudiant qui demeure sur le campus, le coût estimé d’une année est donc de 73 120 $ US, une somme qui comprend les repas, les frais de transport et l’hébergement. Le programme de hockey offre cependant des bourses. Les règles de la NCAA lui permettent d’en offrir 18, mais ces bourses peuvent être morcelées afin de donner, par exemple, deux moitiés de bourse à deux joueurs.

Consultez le site de l’Université Quinnipiac (en anglais)
Lisez « Le programme qui fait tomber des géants »