C’est maintenant officiel : le Canadien amorcera sa saison avec un ménage à trois devant le filet.

Comme Cayden Primeau a décroché un poste pour commencer la saison, Jake Allen et Samuel Montembeault devront partager le filet avec l’Américain de 24 ans.

Tendu lors de ses rencontres avec les médias depuis le début du camp, c’est un Primeau en apparence plus zen qui attendait les journalistes lundi dans le vestiaire. « Ça ne sera pas facile, mais j’ai hâte à ce défi », a-t-il indiqué.

Grâce à des performances correctes au camp, mais aussi grâce à une évolution de son statut qui fait en sorte qu’il doit maintenant être soumis au ballottage pour être cédé à Laval, Cayden Primeau a forcé le Tricolore à opter pour un triumvirat devant le filet.

À l’entraînement lundi, Primeau, Allen et Montembeault travaillaient donc en rotation : pendant que deux gardiens s’exerçaient avec le reste de l’équipe sur une des patinoires du centre d’entraînement, le troisième allait rejoindre l’entraîneur Éric Raymond pour une séance personnalisée d’une quinzaine de minutes.

« On ne fait pas tous les exercices avec l’équipe, mais ça nous permet de travailler sur des choses plus techniques avec le coach des gardiens », a noté Montembeault.

« Ce sont surtout des éléments techniques. Ça aide à rester actif et c’est important de le rester, car si tu es en pause trop longtemps, tu refroidis et c’est là que les blessures peuvent survenir », a ajouté Primeau.

Ajustement pour les entraîneurs

Martin St-Louis semblait bien peu disposé à discuter de la situation. « Je sais qu’il faudra jongler. C’est une autre question pour Kent [Hughes] », a-t-il d’abord répondu. (Hughes n’était pas disponible pour rencontrer les médias lundi.)

Et pour la logistique d’une séance d’entraînement ? « Je n’ai jamais fait ça, je vais devoir m’habituer », a ajouté le coach du Canadien.

David Marcoux, lui, est passé par là pendant sa dizaine d’années comme entraîneur des gardiens dans la LNH. Il l’a notamment vécu à sa première saison avec les Flames de Calgary, en 2003-2004.

« On avait commencé l’année avec Roman Turek et Jamie McLennan », se souvient celui qui œuvre maintenant pour la Calgary International Hockey Academy, un programme scolaire.

« Dany Sabourin a été rappelé, on en avait trois pendant un bout. Et en novembre, avec les performances de McLennan qui diminuaient, on a été chercher Miikka Kiprusoff, qui s’est blessé rapidement. Donc, Sabourin revenait pour boucher les trous ! »

Marcoux est clair : un régime à trois gardiens doit être une solution temporaire. « C’est du court terme, et il faut que l’ordre soit très bien établi, prévient-il, en entrevue avec La Presse. S’il est établi que Montembeault est le no 1, ça doit être clair qu’il prend les tirs dont il a besoin les matins de match, et les deux autres prennent ce qui reste. Par contre, c’est là que ça devient le fun pour les coachs, car une fois que le gardien partant rentre au vestiaire, il te reste un gardien de chaque bord pour tes exercices. »

Marcoux a été chanceux, car Kiprusoff n’était pas encore devenu un des portiers les plus occupés de la LNH lors de cette saison 2003-2004. Après le lock-out, par contre, le légendaire Finlandais a amorcé en moyenne 75 matchs (!) lors des quatre saisons suivantes.

Maintenant, plusieurs équipes séparent le travail à 60-40 entre les gardiens. Donc, la gestion de personnel est peut-être plus facile maintenant.

David Marcoux

Autre facteur qui aide : les arénas et centres d’entraînement qui comptent deux patinoires, comme celui du Canadien, ce qui permet la rotation décrite ci-dessus. « On ne pouvait pas faire ça, car le Saddledome avait juste une patinoire. C’était la même chose en Caroline. » Plusieurs arénas plus récents, notamment ceux à Detroit, Columbus, Newark et Edmonton, sont dotés d’une patinoire secondaire qui permet de mieux diriger le trafic.

Une blessure ou une transaction mettra un terme à l’expérience. Entre-temps, il sera intéressant de voir comment Montréal gérera les trois mousquetaires. L’horaire allégé du début de saison – seulement quatre matchs dans les deux premières semaines – n’apparaît pas exactement comme idéal dans les circonstances.