Quand on y pense, l’ajout de Jeff Petry et de Casey DeSmith à la formation 2023-2024 du Canadien ne serait pas la pire des idées.

Petry deviendrait sur-le-champ une valeur sûre sur le flanc droit de la défense. Même s’il n’a plus l’élan de ses 20 ans, il pourrait accepter des responsabilités de taille au sein d’une escouade encore inexpérimentée. Épargner à Justin Barron d’affronter les meilleurs trios adverses en début de saison ? Donner un peu d’oxygène à David Savard en infériorité numérique ? Oui et oui.

Quant à DeSmith, sans être une étoile, il pourrait représenter une version économique de Jake Allen.

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Casey DeSmith bloque un tir que Josh Anderson tentait de faire dévier, le 17 octobre 2022 au Centre Bell.

Or, il ne faudra pas se surprendre advenant que ni l’un ni l’autre n’amorce la saison dans le maillot tricolore.

Petry et DeSmith ont été acquis par le Canadien dimanche dans le cadre de la mégatransaction qui a envoyé Erik Karlsson des Sharks de San Jose aux Penguins de Pittsburgh. Rem Pitlick est ainsi devenu un Penguin et Mike Hoffman, un Shark. Du même souffle, le CH a aussi reçu le jeune Nathan Légaré des Penguins ainsi qu’un choix de deuxième tour au repêchage de 2025.

Dans les heures, voire dans les minutes, suivant une transaction, il est de coutume que le directeur général et les joueurs impliqués s’adressent aux membres des médias. C’est ce qui est arrivé à San Jose et à Pittsburgh.

À Montréal, plus de 24 heures après le choc, c’est toujours silence radio. Pas l’ombre d’un tapis rouge. Seul Légaré, emballé, a donné des entrevues.

Lisez l’entrevue de Nathan Légaré accordée à La Presse dimanche

En point de presse, lundi, Kyle Dubas, directeur général des Penguins, a souligné que l’échange permettait à son homologue Kent Hughes, du Canadien, d’« acquérir des éléments qu’il pourra garder ou échanger ». Sans tomber dans la suranalyse textuelle, on conclura que si la possibilité d’échange(s) a été évoquée si spontanément par Dubas, ce n’est pas un hasard.

Dans le cas de Petry, le CH devrait travailler avec la liste de 15 équipes assortie à son contrat par sa clause de non-échange. Puisqu’on est sur le sujet, l’entente de Petry prévoit que cette liste doit être renouvelée chaque 1er juillet en vue de la saison suivante. On conclura que Montréal ne figurait pas sur la plus récente itération. Kyle Dubas a justement affirmé que la transaction avec le Canadien n’avait pas nécessité d’intervention spécifique avec le défenseur.

Par ailleurs, La Presse a pu confirmer avec l’agent de DeSmith qu’il n’avait toujours pas eu de communication formelle avec Kent Hughes. Ce qui ne ressemble pas beaucoup au début d’une relation florissante entre une organisation et son nouveau gardien auxiliaire.

Pas chose faite

Au moment de la transaction, dimanche, tous les observateurs ont sourcillé en voyant les noms de Jeff Petry et de Casey DeSmith aboutir à Montréal, vu la congestion qui se profilait soudain à leur position respective. Cela au moment exact où Kent Hughes réglait son problème de surplus d’attaquants.

Tout pourrait s’expliquer rapidement s’ils étaient échangés avant le camp d’entraînement. Cela étant, trouver preneur, pour l’un comme pour l’autre, n’est pas chose faite.

Puisque les Penguins ont retenu 25 % de son salaire, la somme assortie au nom de Jeff Petry sur la masse salariale de son équipe est désormais de 4,7 millions, et non plus de 6,25 millions. Et son plus récent boni de signature est déjà payé. Financièrement, il est plus attrayant qu’il l’était il y a deux jours.

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Jeff Petry

Il a tout de même 35 ans, et encore deux années à écouler à son contrat. Deux arguments qui jouent contre lui. Partout, on lit que Kent Hughes pourrait retenir une autre portion de son salaire. Or, il faudra que le retour sur investissement en vaille la peine.

En échangeant Joel Edmundson aux Capitals de Washington le 1er juillet dernier, le DG s’est résolu à faire ce qu’il s’était jusque-là refusé : payer pendant une saison entière un de ses joueurs pour qu’il joue ailleurs. Le scénario était toutefois différent, puisque le Canadien était « pris » avec son défenseur sur le déclin. Et que le montant résiduel inscrit sur sa masse salariale serait effacé dans un an.

Dans le cas de Petry, Hughes a « choisi » de l’acquérir. On peut douter qu’il ait choisi, par le fait même, de bêtement ajouter une dépense vide à son budget pendant deux ans sans obtenir une généreuse compensation. À ce compte, aussi bien le faire jouer.

En fait, tant qu’à spéculer sur un échange avec retenue de salaire, gardons plutôt un œil sur Casey DeSmith. Avec un marché des gardiens en apparence saturé et une majorité d’équipes prises à la gorge, son salaire de 1,8 million peut sembler élevé. À 1 million, la discussion pourrait être différente.

Kyle Dubas a dit de Kent Hughes, lundi, qu’il souhaitait utiliser sa « flexibilité » pour améliorer son équipe. Il l’a fait en acquérant Petry et DeSmith. Il devra le refaire s’il souhaite s’en débarrasser. Même si les garder ne serait pas la pire des idées.