A priori, on pourrait croire que d’espérer gagner la coupe Stanley avec un club qui vient de rater les séries éliminatoires tient de l’utopie. Mais comme c’est exactement ce que viennent de faire les Golden Knights de Vegas, il faut désormais garder une réserve raisonnable.

En acquérant Erik Karlsson des Sharks de San Jose, Kyle Dubas, président et directeur général des Penguins de Pittsburgh, a renforcé sa profession de foi. Une foi réelle en son équipe. Mais pas une foi aveugle pour autant.

« Nous croyons en nos chances d’être des aspirants et de nous battre pour le championnat », a-t-il dit lundi aux membres des médias à Pittsburgh, au lendemain de la transaction monstre qui a envoyé le plus récent gagnant du trophée Norris dans la ville de l’acier.

Nous avons beaucoup de travail à faire. Notre équipe vient de rater les séries, nous ne ferons pas semblant de l’ignorer. Les doutes et les critiques à notre endroit sont justifiés. C’est à moi de donner à nos joueurs et à notre personnel ce dont ils ont besoin. Nous venons d’acquérir un joueur élite et de gagner de la flexibilité. Le message est clair : nous croyons en notre groupe.

Kyle Dubas, président et directeur général des Penguins de Pittsburgh

La « flexibilité » dont parle Dubas, c’est la marge de manœuvre qu’il s’est donnée sur le plan financier et sur celui de son effectif.

PHOTO NATHAN DENETTE, ASSOCIATED PRESS

Kyle Dubas, président et directeur général des Penguins de Pittsburgh

Quand il s’est couché, dimanche, il venait de mettre la main sur Karlsson ainsi que sur Rem Pitlick, attaquant marginal qu’il aura le loisir d’envoyer dans la Ligue américaine s’il le désire. Il s’était en outre libéré des contrats de Jeff Petry (35 ans), Jan Rutta (33), Mikael Granlund (31), et Casey DeSmith (bientôt 32).

Récapitulons : il a acquis un défenseur de 33 ans sans vieillir son club et a, par la même opération, dégagé plus de 3 millions de sa masse salariale en vue de la prochaine saison.

Parions qu’il a bien dormi. Mieux, sûrement, qu’au cours des semaines précédentes. Car Dubas a candidement parlé des longues nuits qu’il a passées à fixer le plafond, en se demandant si une autre équipe le coifferait au fil dans la course pour Karlsson.

Déjà, la saison dernière, il avait commencé à tâter le terrain, alors qu’il était à l’emploi des Maple Leafs de Toronto. Début juin, il a été embauché à Pittsburgh. Il a gardé le dossier en vie. Le 1er juillet, à l’ouverture des joueurs autonomes, les discussions se sont intensifiées. « Les premiers rounds d’un combat de championnat », a-t-il imagé. Combat qu’il a gagné dimanche en insufflant à son club un électrochoc offensif.

Prolifique

En Erik Karlsson, le gestionnaire croit avoir acquis l’un « des meilleurs patineurs de la LNH », dont la production « prolifique » se passe de présentation. Ses 101 points de la dernière saison ont constitué la meilleure récolte pour un défenseur de la LNH depuis plus de 30 ans. Le Suédois contribuera à améliorer la capacité des Penguins à sortir la rondelle de leur territoire, estime-t-il.

Pour des raisons évidentes, Dubas n’a pas évoqué les carences flagrantes de Karlsson sur le plan défensif, et il n’a pas été interrogé à ce sujet non plus.

Comme c’est de coutume à Pittsburgh, les trois grandes vedettes de l’équipe, Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Kristopher Letang, ont été mises dans le coup.

Letang est celui que l’arrivée de Karlsson affectera le plus directement, puisqu’il est défenseur et droitier comme lui, et qu’il est habitué à abattre une charge de travail considérable.

La direction lui a donc soumis sa vision. « Et sans surprise, il nous a répondu que sa priorité était de gagner », a raconté Dubas, ravi.

Ça m’a confirmé pourquoi je voulais venir ici. Ce groupe ne se soucie pas de son temps de glace en avantage numérique, il veut gagner. Ce sont des compétiteurs incroyables. J’éprouve beaucoup de plaisir à travailler avec eux. Tout ce qui est dit à leur sujet est 100 % véridique.

Kyle Dubas

Du reste, sa nouvelle acquisition permettra aux Penguins de déployer Letang ou Karlsson sur la glace « 50 minutes par match ».

« Un peu moins, espérons-le », a nuancé le DG, qui ne voudra pas surcharger ses deux étoiles non plus.

À six semaines du camp d’entraînement, Kyle Dubas affirme avoir réuni une formation prête à affronter la saison 2023-2024. La conclura-t-elle de la manière qu’il le souhaite ? Il reste beaucoup de hockey à disputer avant de le savoir. Son club, toutefois, a bien meilleure mine que celui qui s’est effondré en fin de parcours le printemps passé.

Depuis la réunion de Crosby, Malkin et Letang à Pittsburgh, en 2007, jamais les Penguins n’avaient raté les séries éliminatoires. On peut présumer qu’ils voudront faire en sorte que ça n’arrive plus. Et ils viennent de recevoir un sacré coup de main pour y arriver.