(Nashville) Avant d’arriver à Nashville, le Canadien n’avait, dans toute son organisation, qu’un seul gardien qui n’évolue pas encore dans les rangs professionnels. Il en a maintenant quatre.

L’équipe a fait le plein d’hommes masqués aux troisième, quatrième et cinquième tours, mettant la main sur l’Américain Jacob Fowler (69rang), le Québécois Quentin Miller (128e) et le Russe Yevgeni Volokhin (144e).

En ce sens, lorsque Martin Lapointe, codirecteur du recrutement du Tricolore, affirme que « des gardiens, tu n’en as jamais assez », il trahit possiblement une nouvelle orientation de l’administration Hughes-Gorton. Car le Canadien n’est pas exactement une usine à gardiens depuis une quinzaine d’années.

Les deux derniers cerbères repêchés à Montréal et devenus des gardiens établis de la LNH s’appellent Jaroslav Halak (2003) et Carey Price (2005). On pourrait potentiellement ajouter le nom de Charlie Lindgren, embauché comme joueur autonome à sa sortie de l’université en 2016. La liste, néanmoins, est courte.

Dans l’organigramme actuel, derrière Samuel Montembeault et Jake Allen, on retrouve Cayden Primeau et Jakub Dobes. Repêché en 2021, Joe Vrbetic a joué avec les Lions de Trois-Rivières et le Rocket de Laval la saison dernière et, même si le CH a conservé ses droits sur lui, il ne semble pas appartenir à l’avenir de la franchise. Seul Emerett Croteau, sélectionné en 2022, poursuit son développement aux États-Unis – il rejoindra l’Université Clarkson l’automne prochain après trois saisons dans l’USHL.

Lapointe n’a pas été très éloquent sur la volonté du club de regarnir sa banque d’espoirs devant le filet. Il a admis que les joueurs à cette position « prennent plus de temps à se développer ». Et que ceux qui ont été réclamés jeudi « fittaient » avec le Canadien.

Jacob Fowler a été le gardien par excellence au cours de la dernière campagne dans l’USHL, circuit junior américain. Il est reconnu pour sa lecture du jeu et pour son style simple, sans flafla.

Comme adjoint de William Rousseau chez les Remparts de Québec, Quentin Miller n’a pas vu beaucoup d’action au cours des derniers mois. Cela n’a pas empêché une vingtaine d’équipes de communiquer avec lui. Le recruteur des gardiens chez le CH, Vincent Riendeau, « l’adore », dixit Martin Lapointe. Ses habiletés individuelles et son grand gabarit ont plu au Tricolore. « C’est un étudiant de la game. Il a un beau développement devant lui », a ajouté Lapointe.

Quant à Volokhin, il a présenté de bonnes statistiques dans la MHL, circuit junior russe, mais lui aussi dans un échantillon réduit. Les recruteurs du CH l’ont suivi de loin, par vidéo. « On voit son potentiel », a noté Lapointe, en substance, sans vraiment en dire davantage.

Puisqu’il est issu de la Ligue canadienne, Miller a deux ans devant lui pour convaincre le Canadien de le mettre sous contrat. Fowler, lui, a quatre ans. Volokhin, pour sa part, a tout le temps du monde, puisqu’aucune règle du genre n’existe pour les joueurs repêchés en Russie.

Des Russes, des vieux…

Hormis cette évidente intention de dénicher des gardiens, le Canadien n’a pas vraiment offert de ligne conductrice dans ce repêchage. Deux Russes, les premiers sélectionnés par la direction actuelle. Seulement deux Canadiens – Quentin Miller et Florian Xhekaj, le frère de l’autre.

Au sujet de la Russie, Nick Bobrov, aussi codirecteur du recrutement, a estimé que le potentiel restant à la fin de ce repêchage se trouvait du côté de ce pays. « On a fait nos devoirs, a-t-il assuré. On sentait que le risque [de les choisir] était bas et le retour potentiellement très élevé. »

Du reste, le CH s’est démarqué en repêchant quatre joueurs qui en étaient à leur deuxième, voire leur troisième année d’admissibilité – les « overagers », en anglais. Là non plus, la justification n’a pas été limpide.

Pour tout dire, ni Lapointe ni Bobrov ne semblaient particulièrement emballés par leur récolte du jour.

« On est contents, a tout de même dit Bobrov. Mais le travail commence demain pour ces jeunes. On a tenté de diversifier les joueurs qu’on a choisis. On veut ajouter à la culture que la direction tente de construire. »

Il a été plus généreux au sujet de David Reinbacher, repêché au premier tour la veille.

« Son potentiel est très intrigant et dur à trouver, a-t-il dit du défenseur autrichien. Chaque année, les équipes tentent de s’avancer au repêchage pour acquérir des joueurs comme lui. On se sent privilégiés qu’il ait été disponible à notre rang. On fonde beaucoup d’espoir en lui. »

L’organisation n’a pas seulement été charmée par ses qualités de hockeyeur, mais aussi par « ce qu’on sait de lui », de sa personnalité, là encore en lien avec « la culture » que disent bâtir Jeff Gorton et Kent Hughes.

« On sentait qu’il est à la bonne place », a conclu Bobrov.

Les autres choix du Canadien

Florian Xhekaj, 19 ans

4tour, 101au total

Attaquant, Bulldogs de Hamilton (OHL)

Martin Lapointe : « On connaît la famille, on connaît Arber. La pomme ne tombe pas loin de l’arbre. Il a beaucoup de combativité dans son jeu. Il va s’améliorer d’année en année, on croit en son talent. Il amène une dimension physique à notre équipe. »

Bogdan Konyushkov, 20 ans

4tour, 110au total

Défenseur, Torpedo Nijni Novgorod (KHL)

Martin Lapointe : « Mon ancien coéquipier Igor Larionov l’a eu dans son équipe. Il m’a dit que c’était un de ses défenseurs les plus intelligents. Son potentiel est impressionnant. Nick [Bobrov] l’a vu en vidéo. On croit en ses habiletés. »

Sam Harris, 19 ans

5tour, 133au total

Attaquant, Stampede de Sioux Falls (USHL)

Martin Lapointe : « Il compétitionne bien, il a un bon tir. C’est un gars qui va aller à l’Université de Denver, il va être capable de se développer. Le caractère qu’il apporte à son équipe, on aime ça. »

Filip Eriksson, 18 ans

6tour, 165au total

Attaquant, Växjö Lakers HC (Suède)

Martin Lapointe : « Il n’a pas joué beaucoup la saison dernière parce qu’il a été blessé. Il va passer une autre saison en Suède. C’est une bonne tête de hockey. Il anticipe bien le jeu sans la rondelle. Il est intelligent sur la glace. »

Luke Mittlestadt, 20 ans

7tour, 197au total

Défenseur, Université du Minnesota (NCAA)

Martin Lapointe : « Il transporte bien la rondelle. Ce n’est pas un gros bonhomme, mais il défend bien et il a un bon lancer. »