Il est toujours étonnant de voir un directeur général se faire congédier après une saison de 111 points et une victoire au premier tour contre les finalistes de la Coupe Stanley.

Mais les Maple Leafs de Toronto attendaient une percée en séries depuis trop longtemps, Kyle Dubas était en fin de contrat, l’élimination du Lightning de Tampa Bay n’a pas suffi et il y avait au moins un agneau à sacrifier.

Le président des Leafs Brendan Shanahan a admis avoir offert une prolongation de contrat en bonne et dûe forme à Dubas, mais qu'il avait été refroidi par la conférence de presse de lundi dernier où le jeune DG avait exprimé vouloir réfléchir à son avenir après une saison éprouvante pour sa famille. Après une discussion infructueuse entre les deux hommes, suivie de demandes salariales à la hausse de Dubas, Shanahan a décidé que c'était la fin. Shanahan a ajouté que Dubas avait finalement signifié qu'il voulait rester en poste à Toronto, mais qu'après les développements des derniers jours, il n'était plus « à la même place au sujet du futur des Maple Leafs ».

Dubas a été en poste cinq ans à Toronto. Sous son règne, les Leafs n’ont jamais raté les séries éliminatoires et ils ont terminé parmi les sept meilleurs clubs au classement général de la LNH quatre fois sur cinq. Ils n’avaient néanmoins jamais franchi le premier tour avant ce printemps.

Avec un solide noyau en place, Dubas a pourtant pris les bonnes décisions cette saison, à quelques exceptions près. L’acquisition du gardien Matt Murray n’était pas géniale, quoique Toronto a reçu des choix de troisième et septième tours pour permettre aux Sénateurs d’Ottawa de se délester de son salaire, mais Ilya Samsonov, embauché pour seulement 1,8 million par saison, a connu une année splendide.

Dubas a bien entouré son noyau en faisant l’acquisition de bons vétérans avant la date limite des transactions : Ryan O’Reilly, Noel Acciari, Jake McCabe et Sam Lafferty, entre autres. O’Reilly a eu un gros impact, non seulement sur le plan de la productivité, avec 9 points en 11 matchs de séries, mais aussi avec du leadership et de l’efficacité lors des mises en jeu.

Les Maple Leafs ont l’excuse d’avoir perdu au premier tour contre des puissances, les Bruins de Boston et le Lightning de Tampa Bay, en 2022 et en 2019, mais la défaite aux mains du Canadien en 2021, après avoir pris une avance de trois matchs à un, a fait mal.

L’acquisition de John Tavares sur le marché des joueurs autonomes en 2018 a déstabilisé la masse salariale et l’arrivée de l’ancien capitaine des Islanders n’a pas permis aux Maple Leafs de percer en séries. Tavares a obtenu seulement 22 points en 31 matchs éliminatoires à Toronto.

Que faire du noyau ?

La décision de l’embaucher était-elle celle de Dubas, du président Brendan Shanahan ou des propriétaires des Leafs ? Bien difficile à savoir.

Difficile aussi de deviner la dynamique à l’interne. À quel point Shanahan tirait-il les ficelles ? Dubas avait-il carte blanche ou les mains liées ? Et voyait-on du même œil les grandes décisions qui attendent le club ?

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Mitchell Marner (16), Auston Matthews (34) et William Nylander (88) poursuivront-ils leur carrière ensemble ?

Kyle Dubas a affirmé lors de son bilan en début de semaine qu’il n’était pas fermé à l’idée d’échanger l’un des membres de son noyau constitué de Tavares, Auston Matthews, Mitch Marner et William Nylander.

Le prochain directeur général aura la délicate tâche de garder ce noyau intact ou pas. Et s’il conclut une transaction, il devra choisir le bon joueur à échanger. Le candidat idéal pour le poste de DG devra être au diapason avec Shanahan et les propriétaires.

Le sort de l’entraîneur-chef des Maple Leafs, Sheldon Keefe, sera lié à l’arrivée du nouveau directeur général. Son sommeil risque d’être plus léger ces prochaines semaines.

Dubas n’entend pas accepter d’emploi ailleurs pour l’instant. Du moins l’a-t-il laissé entendre en début de semaine, advenant son congédiement. Voyons s’il se laissera tenter par les Penguins de Pittsburgh qui, paraît-il, lui feraient de l’œil.