C’est lundi de Pâques, les joueurs du Canadien ont fait le plein de chocolat, il fait un soleil radieux sur Brossard et le début de la nouvelle saison de BIXI est à nos portes. Autant de raisons pour Arber Xhekaj, Juraj Slafkovsky et Kaiden Guhle, les blessés venus rencontrer les journalistes, de se montrer enthousiastes.

Et enthousiastes, ils étaient. « C’est excitant. On a plusieurs jeunes talents ici, des gars dans le junior et à l’université aussi. L’avenir est radieux en défense, à l’attaque aussi, et ce sera intéressant à suivre », de lancer Guhle.

« L’avenir est emballant », d’ajouter Xhekaj.

Cela est juste et bon, mais encore faut-il que ces joueurs du Canadien de demain puissent jouer afin que le « demain », justement, arrive plus rapidement. L’aujourd’hui du Canadien se traduit à grands coups de bastonnades en cette difficile fin de calendrier, et les nombreuses blessures font en sorte que ces défaites ne servent même pas d’expérience aux principaux espoirs de l’équipe.

Prenez Xhekaj, la révélation du camp d’entraînement. Jamais repêché, il est débarqué en ville avec la confiance d’un jeune premier. Il était logiquement attendu dans la Ligue américaine, mais les blessures (eh oui, encore ça) aux vétérans Michael Matheson et Joel Edmundson lui ont ouvert la porte.

Parmi ses faits d’armes, tous retiendront son combat avec Zack Kassian. Sa robustesse s’était aussi manifestée dans la colonne des mises en échec (159, 2e parmi les recrues de la LNH au moment de se blesser). Mais il avait montré des habiletés insoupçonnées avec la rondelle, récoltant 13 points.

Ça a toutefois pris fin après 51 matchs. Le 12 février, il a livré un combat au défenseur des Oilers d’Edmonton Vincent Desharnais et a subi une blessure à l’épaule droite pendant la rixe.

On sent Xhekaj déchiré sur la question des combats. « Ça ne changera pas mon approche », a d’abord dit le colosse de Hamilton, avant de nuancer sa pensée.

« Mais je devrai y penser davantage, penser davantage à ma carrière à long terme, au moment choisi, et me rappeler que je n’ai plus vraiment à me prouver. Je pense que je l’ai fait. Je vais continuer à être robuste et il arrivera ce qu’il arrivera. Ma blessure, c’était juste un incident bizarre. »

Xhekaj assure par ailleurs que sa blessure était le fait d’un unique incident, et non pas d’une accumulation. « Je pratique un style assez robuste, ça use les épaules et elles ne sont pas parfaites. Mais c’est ça, le hockey : les genoux et les épaules. »

Slafkovsky avait eu un premier avertissement

La question de l’accumulation d’incidents se pose, car c’est précisément ce qui s’est passé avec Cole Caufield, qui avait évoqué deux impacts distincts (le 23 décembre et le 3 janvier) à son épaule droite, avant de déclarer forfait et de se faire opérer.

Juraj Slafkovsky se rappelle quant à lui avoir subi une vilaine chute le 14 janvier face aux Islanders de New York. Le Canadien jouait dès le lendemain au Madison Square Garden et c’est là qu’il s’est blessé au genou gauche, sur une séquence d’apparence anodine.

« Le samedi, je suis tombé et ma jambe a tourné du mauvais côté. Et le lendemain, je suis tombé dans l’autre sens. J’imagine que j’avais quelque chose de croche de la veille », a estimé le jeune homme de 19 ans.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Juraj Slafkovsky

La première saison en Amérique du Nord du premier choix au total au dernier repêchage a donc pris fin après 39 matchs, nettement moins que les 85 rencontres qu’il avait disputées en 2021-2022, en saison et en séries éliminatoires en Finlande, et à l’international pour la Slovaquie.

Guhle a quant à lui été plus avare de détails. « C’était une blessure en soi, pas reliée à mes autres blessures », a-t-il assuré.

Le choix de premier tour de l’équipe en 2020 a fait une vilaine chute dans la bande le 16 mars dernier en Floride. Il avait alors retraité au vestiaire avant de revenir plus tard dans le match, mais n’a pas joué depuis.

Diagnostic : entorse à la cheville gauche. C’était aussi à la jambe gauche qu’il s’était blessé à la fin de décembre, tombant sous le poids d’Aleksander Barkov. Sa saison aura duré 44 matchs.

Les joueurs rencontrés lundi ont tous invoqué la « malchance » pour expliquer pourquoi le Tricolore terminera la saison en tant qu’équipe la plus hypothéquée de la LNH. Les joueurs ont raté 575 matchs sur blessures cette saison, selon le site spécialisé NHL Injury Viz.

« Il n’y a pas vraiment de façon d’éviter de foncer dans la bande comme ça et d’avoir un joueur qui te tombe dessus », a plaidé Guhle.

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Kaiden Guhle

Un homme de hockey consulté le mois dernier avait soulevé l’hypothèse que la présence de nombreux joueurs de première année ait pu contribuer à épaissir le bilan médical du Canadien. Slafkovsky, Xhekaj et Guhle ont beau être costauds, ils vivaient les rigueurs d’un calendrier de la LNH pour la première fois.

« Le calendrier est difficile, mais plusieurs de nos blessures n’ont rien à voir avec ça, a fait valoir Slafkovsky. On a juste été malchanceux. Ces choses-là ne se passent pas chez les autres équipes. J’espère que ça nous arrivera seulement une fois. »

Les joueurs peuvent parler de malchance, mais quand une équipe est frappée aussi sévèrement deux années de suite, il devient irrationnel d’invoquer la poisse. L’entre-saison s’annonce intéressant, si l’administration apporte des changements à cet effet.