Passons au confessionnal sur le champ : le titre visait à capter votre attention… vous l’avez sans doute déjà deviné.

Dans une saison presque parfaite, le Canadien aurait surpris tous les observateurs et terminé dans le top cinq du classement général comme l’ont fait les Golden Knights de Vegas à leur première année dans la LNH il y a cinq ans.

Mais l’exploit des Knights survient une fois par siècle. Les équipes en reconstruction ne participent pas aux séries, imaginez alors atteindre la finale.

La direction du CH ne l’a pas crié sur les toits, mais elle avait trois objectifs principaux à l’aube de la saison : donner un maximum de chances aux jeunes, être compétitifs dans la majorité des matchs et se positionner avantageusement dans la course à la loterie. Elle a atteint tous ses objectifs.

La place aux jeunes

Sean Farrell est devenu mardi la 13e recrue à porter l’uniforme du Canadien en 2022-2023, avec Cayden Primeau, Juraj Slafkovsky, Johnathan Kovacevic, Jesse Ylönen, Kaiden Guhle, Justin Barron, Rafaël Harvey-Pinard, Jordan Harris, Arber Xhekaj, Anthony Richard, Owen Beck et Frédéric Allard.

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Jesse Ylönen, Johnathan Kovacevic et Jordan Harris

Dès le camp d’entraînement, les blessures ont incité le CH à entamer la saison avec quatre recrues en défense dans la formation régulière, Harris, Kovacevic, Guhle et Xhekaj. Barron s’est greffé au groupe en cours de route.

On a gardé le premier choix de 2022, Juraj Slafkovsky, à Montréal malgré ses 18 ans. On voulait l’avoir à proximité pour lui enseigner la bonne façon de jouer.

Compétitif malgré tout

Malgré sa jeunesse et les nombreuses expériences, le Canadien a tout de même remporté 30 matchs, six de moins que Pittsburgh, dernier club qualifié en séries. En outre, 24 de ses 45 défaites se sont soldées par deux buts ou moins et 32 par trois buts ou moins.

Avec sept matchs à disputer, personne n’a le moral dans les talons chez le Canadien malgré une 28e place au classement général. Le cœur était même à la fête en rentrant dans le vestiaire lundi à Buffalo après la victoire en fusillade.

Le CH a pu être compétitif avec à sa tête des jeunes en ascension. Les trois premiers compteurs de l’équipe ont 23 ans ou moins. Nick Suzuki, même privé de son fidèle ailier Cole Caufield depuis une trentaine de matchs, a égalé sa meilleure production en carrière, 61 points. S’il maintient son rythme, ce centre de 23 ans devrait atteindre les 67 points.

Largué par Chicago l’été dernier, Kirby Dach, 22 ans depuis janvier, a constitué une agréable surprise. Il s’est imbriqué au centre du deuxième trio.

Il a pulvérisé sa meilleure production en carrière en seulement 58 matchs. Avec 38 points, dont 14 buts, il produit à un rythme de 54 points sur 82 matchs, en plus d’être fiable défensivement. Il lui reste à améliorer son efficacité lors des mises en jeu, même s’il est passé de 32 % à 38 % à ce chapitre comparativement à la saison précédente.

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Kirby Dach

Caufield a poursuivi sur sa lancée de deuxième moitié de saison l’an dernier avec l’arrivée de Martin St-Louis. Il avait marqué 26 buts en seulement 46 matchs au moment de se blesser à l’épaule en janvier.

Harvey-Pinard, 24 ans, et Ylönen, 23 ans, n’étaient pas nécessairement dans les plans cet hiver, mais les blessures ont forcé leur rappel et ils constituent d’agréables surprises.

Le premier a compté mardi son 13e but de la saison en seulement 31 matchs, autant que Mike Hoffman en… 61 matchs. Et il est nettement plus responsable défensivement et vaillant que ce dernier.

Ylönen, sans attirer autant l’attention, a obtenu mardi sur le but d’Harvey-Pinard un 12e point à ses 17 dernières rencontres, sans pour autant être employé sur un trio offensif.

En défense, David Savard et Mike Matheson constituent évidemment les deux piliers. Matheson, malgré ses 29 ans, progresse de façon étonnante. Il produit à un rythme de 58 points sur une saison complète et joue en moyenne 24 : 19.

Mais à 20 ans seulement (21 depuis janvier), Guhle, premier choix de l’équipe, 16e au total en 2020, s’est imposé comme l’un des meilleurs de l’équipe en défense, non seulement défensivement, mais offensivement. Sans voir en lui un quart-arrière en supériorité numérique, on peut lui prédire une longue carrière au sein d’une première paire.

Dans un rôle un peu plus effacé, mais efficace, Jordan Harris prouve à 22 ans qu’il appartient à la LNH. On le voit tenter davantage de percées à l’attaque depuis son retour au jeu il y a quelques semaines, d’où ses deux points à ses deux dernières rencontres. Il devra jouer ainsi s’il ne veut pas être condamné à une troisième paire.

Xhekaj, 22 ans, 6 pieds 4 pouces et 238 livres, jamais repêché, a constitué l’une des belles surprises cet hiver. Non seulement s’impose-t-il en pacificateur, mais il n’est pas dénué d’habiletés individuelles.

Obtenu dans l’échange d’Artturi Lehkonen, le défenseur droitier Justin Barron, 21 ans, est revenu amélioré de Laval en janvier. Il a encore certaines carences en défense, mais son talent offensif ne fait pas de doute, comme en témoignent ses 14 points en 32 matchs.

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Samuel Montembeault et Justin Barron

Enfin, devant le filet, Samuel Montembeault, 26 ans, a supplanté Jake Allen. Il a autant de victoires, 15, mais en six matchs de moins, et présente une meilleure moyenne et un meilleur taux d’arrêts. On ne peut rejeter sa prétention d’être le gardien numéro un de l’équipe à long terme.

Cette progression constante des jeunes, le Canadien le doit en grande partie au génie pédagogique de l’entraîneur Martin St-Louis et à ses adjoints Stéphane Robidas, Alex Burrows et Trevor Letowski.

Non seulement les joueurs ont-ils gardé le moral, mais une majorité de fans aussi.

Le cinquième choix au total ?

Avec sa défaite de mardi à Philadelphie, le Canadien peut difficilement rejoindre les Flyers au 26e rang. Montréal est à quatre points de Philadelphie, avec seulement sept matchs à disputer, contre neuf pour son adversaire.

Le CH est à un point des Coyotes de l’Arizona, 27e, et dix points devant les Ducks d’Anaheim, 29e. Il pourrait donc logiquement repêcher cinquième ou sixième, avec 8,5 % ou 7,5 % de remporter la loterie.

Le premier lot permettra de mettre la main sur Connor Bedard, 143 points, dont 71 buts, en 57 matchs à Regina, meilleur espoir de la LNH depuis Connor McDavid ; le gagnant du second lot héritera d’Adam Fantilli, 64 points en 35 matchs à l’Université du Michigan, ou Leo Carlsson, 25 points en 44 matchs à Örebro, en première division suédoise (SHL).

Dans un monde idéal, Montréal se retrouverait au 32e rang à la place de Columbus, avec 25 % des chances de repêcher Bedard, mais Suzuki, Dach, Caufield, Guhle, et l’ensemble de l’équipe collectivement, n’auraient pas progressé avec une fiche si médiocre.

Non seulement Montréal se retrouve-t-il dans une position favorable avec le cinquième ou sixième choix au total, mais les insuccès des Panthers de la Floride, premiers au classement général l’an dernier, lui permet d’espérer un choix entre le 11e et le 14e rang avec le choix de premier tour obtenu pour Ben Chiarot.

(Jeudi : les espoirs du CH à l’extérieur du cercle montréalais)

Les bémols maintenant

Il n’y a rien de parfait, évidemment. Dans un monde idéal, le Canadien aurait obtenu davantage à la date limite des transactions. Mais les blessures subies par Sean Monahan et Joel Edmundson ont saboté la vente de Kent Hughes.

Monahan a commencé la saison sur les chapeaux de roues avec 17 points en 25 matchs. Certains pouvaient alors espérer un choix de premier tour pour ses services. Il ne jouera probablement plus de l’année. Au moins, Montréal a déjà un choix de premier tour en banque, en 2024 ou 2025, gracieuseté des Flames qui tenaient à larguer son salaire.

Edmundson, désormais en santé, mais dont les responsabilités ont diminué récemment, sera vraisemblablement échangé cet été pour faire une place permanente à un plus jeune du côté gauche de la défense. Peu importe le choix obtenu en retour, il doit céder son poste à un plus jeune.

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Joel Edmundson

Jonathan Drouin et Mike Hoffman n’ont pas trouvé preneur à la date limite des transactions. Le contrat de Drouin vient à expiration à la fin de la saison, il reste une année à l’entente de Hoffman.

Seul Evgenii Dadonov a rapporté quelque chose : Denis Gurianov, 25 ans, un projet. Malgré ses 8 points en 15 matchs, on doute que celui-ci emballe les dirigeants du Canadien. Attendons.

Juraj Slafkovsky a constitué le seul joueur de la cuvée 2022 à gagner une place permanente dans la LNH à 18 ans. Et à titre de premier choix au total d’un cru moyen, il a connu une première moitié de saison modeste offensivement avec 10 points en 39 matchs. Il n’est pas et ne sera pas McDavid ou Matthews.

Mais le Canadien n’en avait cure de ses points. Elle travaillait étroitement avec lui de façon à lui apprendre à jouer adéquatement et acquérir les bons automatismes.

Malgré son statut de premier choix au total, Slafkovsky, ne vivra pas la pression de traîner le club sur ces épaules ces prochaines années, grâce à la présence des Suzuki, Dach, Caufield et cie, mais à 6 pieds 3 pouces et 238 livres, toujours en croissance, et de belles habiletés offensives, il vaudra son pesant d’or dans les années à venir.

Dans un monde idéal, Caufield, Slafkovsky, Xhekaj et Guhle n’auraient pas passé la deuxième moitié de saison à l’infirmerie. Mais le monde idéal n’existe pas.

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