Pour la première fois depuis son entrée en poste à Detroit, en avril 2019, Steve Yzerman a des décisions complexes à prendre.

Après six exclusions consécutives, au cœur d’une reconstruction douloureuse, les Red Wings sont enfin dans la course pour participer aux séries éliminatoires.

Detroit se retrouve à seulement deux points des Panthers de la Floride… avec quatre matchs en main. Ils sont aussi à quatre points des Islanders de New York, premier des deux clubs dans le quatrième as, avec cinq matchs de plus à disputer, et à un point des Penguins, premier club exclu.

Si l’on se fiait au taux de succès, Pittsburgh et Detroit participeraient aux séries, devant les Panthers et les Islanders.

Ça se corse néanmoins dans le sens où l’un des meilleurs attaquant des Red Wings, Tyler Bertuzzi, aura droit à l’autonomie complète à la fin de la saison et les négociations pour une prolongation de contrat ne se dérouleraient pas très bien*.

Bertuzzi ne connaît pas une très bonne saison, marquée par les blessures, mais son âge, 27 ans, et ses 30 buts en 68 matchs l’an dernier contribuent à lui donner une bonne valeur.

Yzerman peut décider de garder Bertuzzi, huit points à ses huit dernières rencontres, dans son organisation afin de ne pas amoindrir les chances des Wings d’atteindre les séries.

Mais si Detroit fait chou blanc ou encore subit une élimination hâtive, les Red Wings risquent de perdre Bertuzzi sans rien obtenir en retour. Avec sa production des dernières saisons, Bertuzzi vaut sans doute un choix de (fin) de premier tour.

Par contre, une participation aux séries éliminatoires pourrait être bénéfique dans le développement des jeunes Moritz Seider, Lucas Raymond, Jonatan Berggren, Michael Rasmussen, Filip Zadina (s’il joue) et même, dans une certaine mesure, Filip Hronek, déjà âgé de 25 ans, mais jamais en séries après six saisons à Detroit.

PHOTO ROSS D. FRANKLIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Lucas Raymond (23), Moritz Seider (53) et Dylan Larkin (71)

Yzerman doit mesurer l’importance d’acquérir un autre choix de premier tour à cette étape de la relance (encore inachevée) de son organisation versus l’importance de lancer le décollage vers les sommets pour sa bande de jeunes en tentant d’accéder aux séries.

Si le passé est garant de l’avenir, Steve Yzerman ne se préoccupera pas de la position au classement des Red Wings pour prendre ses décisions.

En avril 2013 à Tampa, il avait échangé l’une de ses jeunes sensations à l’attaque, Cory Conacher, aux Sénateurs d’Ottawa pour le gardien Ben Bishop même si le Lightning était encore à seulement quatre points des Capitals du Washington et du premier rang dans la section métropolitaine.

Bishop était encore considéré comme un gardien de Ligue américaine à l’époque et Conacher, 23 ans, avait 24 points en 35 matchs, mais Yzerman et son bras droit Julien BriseBois voyaient en Bishop un gardien d’avenir et ne croyaient pas au potentiel à long terme de Conacher. Ils ont eu raison.

L’année suivante, en 2014, ils échangeaient leur capitaine Martin St-Louis aux Rangers de New York à la date limite des transactions pour Ryan Callahan et deux choix de premier tour même si cette fois, cette jeune équipe était en position de participer aux séries pour la deuxième fois seulement en sept ans.

Un divorce semblait inévitable dans le contexte de l’époque, mais Yzerman avait quand même tranché avant la fin de la saison même s’il n’était pas dans l’obligation de le faire.

Tampa a perdu au premier tour en 2014, mais allait atteindre la finale l’année suivante et le carré d’as en 2016, avant de finalement remporter la première de ses deux Coupes Stanley en 2019 avec des Hedman, Point, Kucherov, Stamkos et compagnie au sommet de leur art.

Voyons comment Yzerman agira cette fois à Detroit. Les quatre prochains matchs d’ici la date limite, contre les Rangers, le Lightning et deux fois les Sénateurs d’Ottawa pourraient lui permettre d’y voir plus clair.

*Le capitaine Dylan Larkin aura droit lui aussi à l’autonomie complète à la fin de la saison, mais une entente à long terme avec Detroit semble hautement plus probable dans son cas que de celui de Bertuzzi.

Ottawa largue un gros salaire

Il y a un prix à payer pour se débarrasser d’un mauvais contrat. Les Sénateurs viennent d’en payer le prix : un choix de deuxième tour en 2023 et de quatrième tour en 2024 aux Blackhawks de Chicago pour se départir du défenseur Nikita Zaitsev.

PHOTO ERIC BOLTE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Nikita Zaitsev

Ce départ donne une marge de manœuvre supplémentaire au directeur général Pierre Dorion si jamais il voulait procéder à un échange d’ici la date limite des transactions, mais aussi pour l’an prochain, puisqu’il restait une autre année de contrat à Zaitsev à un salaire annuel de 4,5 millions.

Zaitsev, 31 ans, a donné quelques bonnes saisons aux Sénateurs après son acquisition des Maple Leafs en 2019 avec Connor Brown pour Cody Ceci, Ben Harpur et un choix de troisième tour, mais il n’était même plus dans les plans à court terme de l’organisation. Son contrat avait été signé à l’époque avec les Maple Leafs de Toronto et leur directeur général Lou Lamoriello.

Les Blackhawks accueillent Zaitsev à bras ouverts, non pour le joueur, mais le choix de deuxième tour, situé au 42e rang en ce moment.

Chicago compte désormais deux choix de premier tour et deux choix de second tour en 2023 et la même quantité de choix en 2024, avant même de savoir si Patrick Kane sera échangé.

Ils ont repêché trois fois au premier tour, deux fois au second tour et trois fois au troisième tour en 2022. En espérant qu’ils aient fait les bons choix…

À ne pas manquer

  1. Les politiciens québécois n’ont pas tiré grand-chose dans leur quête de faire rejaillir des révélations sur les initiations dégradantes dans le hockey junior québécois, écrit Alexandre Pratt.
  2. Les statistiques avancées servent désormais le CF Montréal, nous explique notre nouvel expert foot Justin Vézina.
  3. L’infirmerie déborde chez le Canadien. Richard Labbé fait le point, à la suite de cette autre blessure, cette fois subie par Joel Armia.