Mike Hoffman est dans une situation relativement similaire à celle de Jonathan Drouin. Celle d’un vétéran qui ne fait pas nécessairement partie de l’avenir à long terme du Canadien, donc qui fera forcément jaser d’ici à la date limite des transactions.

Sauf qu’au lendemain des déclarations de Drouin – « tu veux qu’une équipe vienne te chercher pour avoir la chance de gagner la Coupe Stanley », a-t-il dit après le match de mardi –, Hoffman s’est gardé une petite réserve.

« Je suis dans la ligue depuis longtemps et ce temps de l’année arrive chaque saison. Tu t’y habitues. Noël approche, la date limite des transactions approche. Ça fait partie du calendrier », a simplement expliqué Hoffman après l’entraînement de mercredi, à Brossard.

Hoffman ne s’en fait pas, mais il appert qu’il offre du bon hockey dernièrement, et que ce regain de vie survient à l’approche de la date limite des transactions, sous un directeur général qui n’a jamais caché sa volonté de liquider des vétérans.

L’Ontarien n’est toutefois pas le plus facile à échanger. D’une part, son contrat s’échelonne sur une autre saison, à 4,5 millions de dollars. D’autre part, il ne marque plus au rythme infernal de ses belles années, quand les saisons de 25 buts étaient devenues routinières. C’est là un problème pour un joueur qui a toujours été perçu comme unidimensionnel.

La complicité avec Dach

Hoffman compte 21 points (9 buts, 12 aides) en 40 matchs cette saison. Là où ça devient intéressant pour Kent Hughes, c’est qu’il totalise 9 points à ses 10 dernières sorties. De plus, pour la première fois depuis 2016-2017, son équipe marque plus de buts qu’elle n’en accorde lorsqu’il est sur la patinoire à cinq contre cinq.

Martin St-Louis a comparé sa situation à celle d’un autre attaquant né en 1989, Evgenii Dadonov. « On avait beaucoup d’attaquants et il n’avait pas la chaise qu’il souhaitait, a expliqué l’entraîneur-chef, peu avant de filer vers Raleigh. Là, il a beaucoup de stabilité dans son trio et il est à sa position habituelle en avantage numérique. Il donne du bon hockey. »

Son regain de vie coïncide avec son jumelage à Kirby Dach. À la mi-janvier, la blessure à Jake Evans a forcé St-Louis à remplacer Dach au centre, et le duo Dach-Hoffman a fait équipe à tous les matchs depuis.

Evgenii Dadonov, un autre vétéran en fin de contrat, s’est joint au duo depuis cinq matchs et trouve lui aussi son compte avec Dach. « [Dach] lit bien le jeu. Si je vais d’un côté, il occupe l’espace, il va au bon endroit », a brièvement expliqué le Russe.

Dach n’est toutefois pas l’unique responsable derrière la récente embellie de Hoffman. St-Louis a souligné que le numéro 68 y a mis du sien, notant par exemple son travail en avantage numérique.

« Quand Hoff touche la rondelle, elle doit partir tout de suite. C’est un tireur. Mais les autres ont un travail à faire et Hoff doit trouver les lignes de tir. C’est la responsabilité de tous, a rappelé l’entraîneur-chef. Il a utilisé son tir dernièrement. Sa balle rapide fonctionne.

« Mais ça ne peut pas être juste : passe à Hoff et tire. Il faut aussi déjouer le désavantage numérique adverse. Récemment, Hoff ne tire pas seulement pour marquer. Il tire pour obtenir des déviations, il feint des tirs. C’est dur à neutraliser quand ton changement de vitesse fonctionne aussi. »

Avant la relâche, Dach avait d’ailleurs profité d’un « changement de vitesse » de Hoffman pour marquer.

Succès collectifs

Il faudra voir si ces succès se maintiendront, et s’ils seront suffisants pour convaincre un DG adverse de tenter sa chance d’ici au 3 mars. Dans un contexte où moult équipes étouffent sous le plafond salarial, le simple fait de trouver preneur pour Hoffman, même sans compensation, serait un exploit en soi pour Hughes.

En attendant, le Canadien en profite. Le 5 janvier dernier, il subissait un septième revers de suite. Depuis, Montréal montre une fiche de 8-6-1, la 17e du circuit au cours de cette période. Pendant ces 15 matchs, l’équipe est 11e en avantage numérique (21,7 %).

La situation déplaît peut-être au premier ministre François Legault – un de ceux qui rêvent à Connor Bedard –, mais si on se fie aux sourires dans le vestiaire, elle ne semble pas trop choquer les joueurs qui, rappelons-le, seront majoritairement partis quand l’espoir que le Canadien repêchera en juin deviendra un joueur de la LNH.

« Tu veux être bon pour toi et ça se répercute sur l’équipe, estime Hoffman. Mais peu importe où j’en suis dans mon contrat, ça ne change pas ma mentalité à l’aréna. Je viens pour faire de mon mieux et aider l’équipe. »