Les reconstructions prennent du temps, on l’a dit et redit. À Detroit, on en sait quelque chose.

Les Red Wings, adversaires du Canadien jeudi soir, faisaient partie des équipes qui avaient le potentiel de renaître cette saison. Ils comptent dans leurs rangs le gagnant du trophée Calder la saison dernière, le défenseur Moritz Seider. Et qui avait terminé 4e à ce même scrutin pour le titre de recrue de l’année ? Son coéquipier Lucas Raymond.

À cela s’ajoutaient les acquisitions des attaquants David Perron et Andrew Copp, du défenseur Ben Chiarot et du gardien Ville Husso.

Sauf qu’avec une fiche de 20-18-8, les Wings sont en voie de terminer la saison avec 85 points, un rythme insuffisant pour espérer participer aux séries. Ils sont actuellement à huit points de la dernière place donnant accès aux éliminatoires. Les hommes de Derek Lalonde ont certes des matchs en main sur les équipes devant eux, mais encore faut-il les gagner, ces matchs.

« On a plus d’attentes, mais on est réalistes, a admis l’entraîneur-chef Lalonde, après l’entraînement matinal de l’équipe. Je ne veux pas dire que c’est frustrant, mais on bat Winnipeg, Toronto, on bat Vegas sur la route. On devient enthousiastes, puis on arrive à domicile et on est incapables de battre Philadelphie et Columbus. Mais si on est réalistes, en termes de talent, on n’est pas si différents de ces équipes. Les attentes grandissent, mais il y a un processus par étapes à respecter. »

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Derek Lalonde

C’était pourtant bien parti pour Detroit, qui montrait une fiche de 11-5-4 après le premier quart de la saison. « Après 25, 30 matchs, la vraie saison commence, a rappelé David Perron. Tout le monde établit où il est rendu en tant qu’équipe. On joue du bon hockey dernièrement, mais on n’a pas le résultat qu’on voudrait. Parfois, on fait des erreurs qui ne devraient pas arriver au match 46, 47. »

La situation des Wings est évidemment intéressante à suivre du point de vue de Montréal, où le Canadien sera appelé éventuellement à passer par ces étapes dans les prochaines années.

Le cas de Seider est d’ailleurs particulièrement pertinent. L’an passé, ce défenseur repêché au 6e rang en 2019 avait fait tourner les têtes en récoltant 50 points. Depuis Vladimir Malakhov en 1992-1993, Seider était seulement le troisième défenseur recrue à atteindre la cinquantaine, les deux autres étant Quinn Hughes et Cale Makar. Seider jouait aussi 23 minutes par match. Bref, c’est pourquoi son choix pour le Calder s’imposait.

Cette année, l’Allemand compte 21 points en 46 matchs, un rythme de 37 points sur 82 matchs. De -9 l’an passé, son différentiel est passé à -15.

« Je ne dis pas que les jeunes jouaient du hockey ouvert l’an dernier, mais ils ont été sortis rapidement de la course, donc le jeu était différent et c’était peut-être moins serré comme style de jeu. Peut-être que ce qu’on leur demandait était différent. Ce qu’on demande à Mo cette année, c’est difficile. Et il s’adapte bien », a plaidé Derek Lalonde, qui a succédé à Jeff Blashill l’été dernier comme entraîneur-chef.

« Je pense que je joue du meilleur hockey que l’an passé, croit Seider. Mon jeu est plus mature, je bloque plus de tirs, je suis plus à mon aise en désavantage numérique. Même si les chiffres ne le montrent pas, je suis un meilleur joueur. C’est sur ça que je me concentre, pas sur les chiffres et le bruit extérieur. »

Des propos importants à retenir quand on regarde à jouer la légion de jeunes défenseurs du Canadien.