(Tampa) Parmi les gardiens de la Ligue nationale de hockey, de toute évidence, il y a Andrei Vasilevskiy… et ensuite, il y a les autres.

Depuis son arrivée dans la ligue en 2014-2015, le gardien du Lightning collectionne les trophées et les bagues, et aujourd’hui, à 28 ans, il se donne encore des airs de gardien au sommet.

En fait, depuis sa première conquête de la Coupe Stanley, en 2019-2020, Vasilevskiy a pris part à 251 matchs, séries éliminatoires et saison régulière comprises, ce qui est 45 de plus que son plus proche poursuivant dans cette course, Connor Hellebuyck.

Et celui qui gère tout ça est Frantz Jean, entraîneur des gardiens du Lightning depuis 2010.

« Ça représente une saison comme différence, a-t-il fait remarquer mardi à Tampa. Pour un club, de se retrouver dans une telle situation, c’est bon signe. Ça veut dire que ton équipe a connu de longs parcours en séries ! »

Après toutes ces années, Jean demeure impressionné par son jeune poulain. « C’est le Sidney Crosby des gardiens ! », lance-t-il sans hésiter.

Et comment fait-on pour gérer un tel gardien, au juste ? L’entraîneur québécois admet qu’il y a un peu de chance dans tout ça ; en presque neuf ans de carrière chez les pros, Vasilevskiy n’a jamais subi de blessure sérieuse. Dans les bureaux du Lightning, on a déjà préparé pour lui un calendrier de 50 à 55 matchs pour la saison, qu’on ne souhaite pas trop avoir à repenser.

Tout le reste vient du principal intéressé, qui est un monstre de conditionnement physique, selon Frantz Jean.

Écoute, il ne sort pas, surveille son alimentation… Je ne sais même pas s’il boit une bière ! Mais il y a aussi une certaine formule à laquelle on tient. Il ne s’entraîne généralement pas les matins de match, par exemple, et on lui donne deux matchs seulement en calendrier préparatoire… Ça fait 25 ans que je suis dans ce milieu, et je peux dire qu’au chapitre de la préparation, il est au sommet. Pour cette année, nous avons même choisi de minimiser son temps de préparation. Il avait une routine assez lourde, autant physiquement que mentalement. On ne voulait pas l’épuiser. Je le sens encore plus frais et reposé cette année.

Frantz Jean

Du même souffle, Frantz Jean ajoute que l’époque des gardiens de plus de 70 matchs par saison est sans doute révolue. À titre d’exemple, on lui parle de Carey Price, qui a déjà gardé les buts à 72 reprises lors d’une seule saison.

« Génétiquement, tous les athlètes sont différents. Ben Bishop, par exemple ; il a eu des blessures, et déjà, à 27, 28 ou 29 ans, il commençait à avoir des problèmes avec nous. Il a disputé une saison en entier avec un plâtre à la main de son bloqueur. On le savait, c’était génétique, il avait des os déplacés.

« Price, c’est un peu la même chose. Il a été blessé à un genou de manière assez sérieuse dans la série contre les Rangers [de New York en 2014], et dans son cas, il y avait un lourd dossier médical. Un gardien hypothéqué comme ça, c’est certain que les chances qu’il joue à 39 ans sont minces. Quand on l’a affronté en finale [en 2021], on ne savait pas qu’il était blessé. J’ai l’ai su par après, et honnêtement, c’était peut-être le meilleur hockey qu’il avait joué, pas dans sa carrière, mais au moins dans ses dernières saisons. Il a géré la douleur de façon incroyable, quand tu vois les performances en séries et à quel point il a donné une chance à son club de gagner à chaque match. C’est le guerrier en Carey, sa personnalité de gagnant, qui l’a mené à ça. »

Le Canadien va affronter de nouveau le Lightning à Tampa mercredi soir, et cette fois, bien sûr, Carey Price n’y sera pas. Mais Andrei Vasilevskiy sera en uniforme, encore, et si le Lightning continue de jouer de chance avec lui, il le sera encore longtemps.