Le Canadien sera bien représenté au Championnat mondial junior. Six de ses espoirs y seront, répartis au sein d’autant d’équipes : Joshua Roy avec le Canada, Filip Mesar avec la Slovaquie, Lane Hutson avec les États-Unis, Adam Engström avec la Suède, Oliver Kapanen avec la Finlande et Vincenz Rohrer avec l’Autriche. Il y en aurait eu un septième si on avait autorisé Juraj Slafkovský à représenter la Slovaquie.

À la surprise générale cependant, la meilleure recrue à l’attaque au camp d’entraînement, le centre Owen Beck, a été boudée par l’équipe canadienne. Roy, un an plus vieux, mais éclipsé par Beck lors des matchs préparatoires du CH, lui a été préféré en raison de ses 19 ans et de son expérience de l’été dernier avec la formation nationale.

Avant de demander au directeur du développement des joueurs du Canadien Rob Ramage de nous présenter les heureux élus et leur progression cet hiver, la question sur Beck, 39 points en seulement 27 matchs à Mississauga dans la Ligue junior de l’Ontario, était incontournable.

Ramage est demeuré diplomate, mais il a été soufflé par la décision de l’équipe canadienne. « J’ai assez de métier pour cesser de chercher des explications, a-t-il répondu. Le Canada doit être très fort, vraiment très, très fort, pour l’avoir retranché. Parce qu’il est très bon. Le fait de l’avoir gardé si longtemps avec nous au camp d’entraînement à seulement 18 ans dit tout. Son jeu est très achevé pour un si jeune joueur. Je lui ai parlé l’autre soir. Il est déçu, mais il est solide et il a beaucoup de caractère. Il ne s’apitoyait pas sur son sort. »

PHOTO RON WARD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Owen Beck

À ses deux premiers matchs après avoir été retranché, Beck a amassé… six points. Il devrait survivre.

Comme Ramage aime tous ses espoirs comme des fils, il se réjouit pour Joshua Roy, repêché au cinquième tour en 2021. Il s’agira pour le jeune homme d’une autre expérience fort profitable dans son développement, comme celle de l’été dernier, estime Ramage.

« J’ai eu beaucoup de conversations avec son entraîneur de l’été dernier avec l’équipe canadienne, Dave Cameron, un coéquipier à l’époque avec les Rockies du Colorado [en 1981]. Il a commencé le tournoi avec Mason McTavish et Connor Bedard, puis il a changé de trio. Certains l’ont vu comme une rétrogradation, mais Dave l’a mis dans un rôle défensif contre les meilleurs trios adverses.

« C’est fantastique qu’on le place dans une telle situation dans un tournoi aussi important. Les joueurs adorent amasser des points dans les rangs juniors. Joshua en a encore obtenu 43 en 26 matchs à Sherbrooke. Mais son défi sera de devenir un attaquant plus complet. Il y a quelques années, Cole Caufield n’a pas amassé beaucoup de points au Championnat mondial junior, mais il a accompli un rôle important parce qu’il était efficace défensivement. Ça l’a vraiment aidé. Quand il est revenu au Wisconsin par la suite, il a tenu ce club sur ses épaules. »

Filip Mesar

Choix de fin de premier tour du CH en 2022, 25 rangs après Slafkovsky, 7 devant Beck, le choix de Mesar avec la Slovaquie ne constitue pas une surprise. Il avait pris part à deux matchs avec l’équipe à 16 ans seulement et obtenu une deuxième sélection en janvier dernier lors du tournoi annulé.

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Filip Mesar

« On a décelé ses habitudes de pro dès le camp des recrues, souligne Rob Ramage. Ça n’est pas toujours le cas avec les jeunes. D’où notre hésitation à le renvoyer dans les rangs juniors. Il aurait pu jouer dans la Ligue américaine à Laval, il en a déjà la maturité, mais on a pris la bonne décision. Il a raté quelques matchs, et il a produit à ses derniers matchs. Il s’est présenté à Kitchener dans un très bon état d’esprit [il a obtenu 22 points en 17 matchs jusqu’ici, dont 8 à ses 4 dernières rencontres]. »

Mesar jouera sans doute au centre pour la Slovaquie, mais on ignore toujours chez le Canadien s’il deviendra un centre ou un ailier.

Lane Hutson

Avec son début de saison sensationnel dans la NCAA, 18 points en 16 matchs, une production supérieure à celle de Cale Makar et d’Adam Fox au même âge, Hutson, choix de fin de deuxième tour du CH en 2022, sera l’un des points de mire de ce Championnat pour les mordus du Canadien.

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Lane Hutson

« J’en parlais justement avec son entraîneur Jay Pandolfo aujourd’hui, poursuit Ramage dans cet entretien téléphonique avec La Presse. Il est un charme à diriger. Il a connu un match plus difficile, l’un de ses rares, l’autre vendredi, contre Boston College. Il a envoyé un message texte à son entraîneur en soirée pour lui dire qu’il n’avait pas été très bon et qu’il allait se reprendre au match suivant. Le lendemain, il était incroyable à l’entraînement et il a connu un excellent match deux jours plus tard. C’est une recrue de 18 ans et il fait une différence tous les matchs pour Boston University. Ça n’est pas rien. »

Son défi pour être aussi efficace dans la LNH ? Laisser le temps transformer son corps, et ne jamais oublier de se protéger sur une patinoire.

« Il va gagner en force musculaire avec les années, dit Ramage à propos de ce défenseur de 5 pieds 9 pouces et 155 livres. Je le voyais en entrevue, je crois qu’il ne se rase même pas encore ! Mais il doit être alerte. Tu ne veux pas te faire frapper solidement. Il n’a pas peur et j’adore le courage. Mais tu dois savoir qui sont les prédateurs sur la glace. Il y en a moins qu’à mon époque, mais ça en prend seulement un. À la fin de ma carrière, je savais où se trouvait Eric Lindros à tout moment sur la patinoire. C’est comme se retrouver dans une piscine avec un requin blanc. Ils peuvent vous mettre hors de combat très rapidement. C’est un talent aussi de savoir se protéger. »

Vinzenz Rohrer

On parle moins à Montréal de ce choix de troisième tour en 2022 parce qu’il a raté le tournoi des recrues et le camp d’entraînement en raison d’une blessure. « Il a raté le camp d’entraînement, car il a reçu une rondelle en plein visage lors d’un match préparatoire des 67 d’Ottawa, son équipe junior, explique Rob Ramage. Il devait rater huit semaines, mais il est revenu au jeu après seulement quatre. Il a guéri vite. Il doit toujours porter la visière complète, mais ça ne le ralentit pas. »

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Vinzenz Rohrer

Ce jeune Autrichien exilé en Ontario depuis deux ans a obtenu 32 points en 26 rencontres depuis le début de la saison. « J’ai vu deux de ses matchs l’autre week-end et… wow ! Quel caractère, quel charisme ! Il n’est pas très gros à 5 pieds 10 pouces et seulement 170 livres, mais il ne craint rien. Il joue de la bonne façon. Il est très engagé dans ses batailles pour les rondelles. Il utilise bien son corps pour protéger la rondelle. C’est un leader, ses coéquipiers gravitent autour de lui. Il doit seulement mûrir physiquement. C’est un passionné et il possède une bonne éthique de travail. »

Adam Engström

Ce défenseur repêché au troisième tour en 2022, 17 rangs après Rohrer, grâce au choix compensatoire obtenu des Hurricanes de la Caroline pour Jesperi Kotkaniemi, constitue une agréable surprise. « Il n’était pas dans les plans de la Suède en début de saison, mais ses performances lui ont permis de décrocher un poste. Il a joué 7 matchs avec son club junior à Rögle et récolté 13 points. Puis, il a joué 23 matchs avec le grand club en SEL, première division suédoise. Il jouait au sein de la première paire récemment. Mario Leblanc nous a fourni beaucoup de matériel vidéo sur lui et à titre d’ancien défenseur, j’adore le voir jouer. Il patine bien, la tête haute, il est très intelligent. On ne s’attendait pas du tout à ça de sa part. Il progresse de façon impressionnante. Il est complet. Sa mobilité lui permet d’être bon en transition. Je ne le savais pas aussi bon offensivement. »

Oliver Kapanen

Kapanen, choix de fin de deuxième tour en 2021, en sera à une deuxième participation à ce tournoi avec la Finlande. Ce centre droitier a obtenu deux points en sept matchs l’été dernier. Lors du premier match préparatoire contre les États-Unis, il jouait au centre du premier trio entre Vile Koivunen et Niko Huuhtanen. Kapanen a amassé 13 points en 31 matchs avec KalPa en première division finlandaise (SM-Liiga). « Il aura un rôle plus important lors ce championnat, on l’espère, indique le directeur du développement du CH. Il a connu un départ timide à KalPa, mais il a été très bon récemment. Il est encore très jeune et il est trop tôt pour projeter son avenir dans la LNH. »