Comprenons-nous bien : Erik Karlsson n’a jamais cessé d’être un bon joueur. Mais qui aurait pu, avec tout le sérieux du monde, prédire son explosion offensive du moment ?

Depuis son arrivée à San Jose, en 2018, la carrière du Suédois a pris une drôle de tangente. Toutes sortes de blessures lui ont fait rater 89 matchs étalés sur quatre saisons. Son partage des tâches de Brent Burns, défenseur offensif droitier comme lui, a fait chuter sa production. Vu son contrat monstrueux qui sera en vigueur jusqu’en 2027, c’était à se demander s’il ne deviendrait pas un boulet pour son équipe.

Or, voilà le Karlsson nouveau. À 32 ans, il récolte des points à un rythme infernal – déjà 32 en 24 matchs, au sixième rang des marqueurs de la ligue, toutes positions confondues.

« Il a toujours été l’un des meilleurs défenseurs offensifs de la ligue, donc je ne suis pas surpris », a dit son coéquipier Marc-Édouard Vlasic après l’entraînement matinal des Sharks, mardi.

Rappelant à quel point le numéro 65 faisait « des choses extraordinaires avec la rondelle », Vlasic a identifié le départ de Burns pour la Caroline, l’été dernier, comme un élément contribuant au succès de Karlsson.

La question est délicate, mais l’entraîneur-chef David Quinn l’aborde de front. « Quand tu as des joueurs similaires, en toute honnêteté, ce n’est pas une situation facile, a-t-il dit. Je crois que l’échange [de Burns] sert bien les deux. Il n’y a pas d’ambiguïté sur leur rôle. Burns connaît toute une saison en Caroline, et on voit ce qu’Erik fait pour nous. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Brent Burns

Les exploits de Karlsson sur la glace se passent de description. Il y a les points, évidemment, mais aussi la manière de les amasser. On retrouve le patineur gracieux et le manieur de rondelle hors pair de ses belles années à Ottawa.

Or, sa transformation va plus loin. « Il y a beaucoup de responsabilités qui viennent avec le joueur d’impact qu’il est, a poursuivi Quinn. Beaucoup de choses ont changé dans notre organisation, et il a la chance de mener notre équipe d’une manière différente de ce qu’il faisait dans le passé. Il est phénoménal. »

Sobre

Karlsson, lui, a la célébration sobre. Cette renaissance, assure-t-il, n’est pas attribuable à quelque changement dans sa préparation ou sa routine. « Je me sens bien dernièrement et j’ai le sentiment que ça clique pour moi, a-t-il dit. Je joue probablement avec plus de liberté aussi. »

Enfin en santé, il « touche du bois », en espérant que ça demeure ainsi. « J’ai le sentiment que je peux refaire des choses que je faisais à un plus jeune âge », souligne-t-il, affirmant par ailleurs qu’il aurait bien plus de plaisir si son club connaissait autant de succès que lui. Les Sharks, de fait, connaissent une autre saison de misère. Cinq défaites consécutives ont donné le ton en lever de rideau. Et ils n’ont remporté qu’une seule de leurs cinq dernières sorties. Ils rateront vraisemblablement les séries éliminatoires pour une quatrième saison de suite et devraient être des candidats de choix pour l’attribution du premier choix au prochain repêchage.

« Je vois du progrès et je veux aider l’équipe, a encore dit Karlsson. Je sens que nous partons dans la bonne direction, mais je ne sais pas quand ça se transformera en bons résultats. »

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Erik Karlsson (65)

Il n’est toutefois pas acquis qu’il verra la couleur de ces résultats. La semaine dernière, le directeur général de l’organisation, Mike Grier, a indiqué qu’il était ouvert à l’idée d’échanger son défenseur vedette.

Ça n’a pas été une surprise pour Karlsson, qui se dit « chanceux » de ne pas avoir eu à composer avec davantage de rumeurs auparavant. Même chez les Sénateurs d’Ottawa, équipe avec laquelle il a passé neuf ans, c’est surtout en fin de parcours que son nom avait circulé pour de potentiels échanges.

« J’ai assez d’expérience, ça ne me dérange pas, a-t-il lancé. Je comprends que ça fait partie de la réalité du hockey. [Grier] doit garder un esprit ouvert. »

Ce sera aussi le cas pour Karlsson, comprend-on.

En quelques lignes

L’attaquant québécois Jeffrey Viel a été rappelé par les Sharks, lundi, et sera en uniforme contre le Canadien. Il s’agira d’un premier match dans la LNH, cet automne, pour celui qui s’alignait jusque-là avec le Barracuda de San Jose, dans la Ligue américaine. Avec les Sharks, la saison dernière, il a obtenu cinq points en 34 matchs, tout en écopant de 114 minutes de punition… On s’attend à ce que le gardien Kaapo Kahkonen défende le filet des visiteurs, alors que James Reimer vient d’être ajouté sur la liste des blessés de l’équipe.