Une 12e place peut être interprétée de différentes façons. Si on visait la première, c’est un peu embarrassant. Mais si on partait de la 27e, c’est une sacrée amélioration.

C’est dans cette dernière situation que se retrouve le Canadien en désavantage numérique. Avec un taux de succès de 80 %, il est tout près du premier tiers de la LNH. Cette phrase ne fera évidemment jamais partie des livres d’histoire du sport. Or, dans la vie du Tricolore de 2022-2023, c’est digne de mention.

Dans tout le circuit, au cours des cinq dernières saisons – excluant la présente –, 79,9 % des pénalités ont été écoulées sans qu’un but soit marqué.

Dans le même intervalle, le Tricolore a présenté un taux d’efficacité de 77,3 %. Cet écart à la moyenne, nous en conviendrons, ne fait pas frissonner. Exprimons-le donc autrement : s’il avait augmenté son efficacité de 2,6 points de pourcentage pour atteindre 79,9 %, le club aurait accordé 30 buts de moins. Ça devient soudain drôlement intéressant.

Seulement par rapport à la saison dernière (75,5 % en 2021-2022), le gain est énorme. « Je pense que c’était vraiment une année à oublier au complet », a souligné David Savard, lundi, après l’entraînement de son équipe.

Les changements, depuis, ont été nombreux. Sur le plan du personnel, la différence est bien visible. Stéphane Robidas a succédé à Luke Richardson à titre d’entraîneur responsable de cette phase de jeu. Les contributeurs de longue date comme Artturi Lehkonen, Ben Chiarot et Jeff Petry ne sont plus là. Sean Monahan, Kaiden Guhle, Mike Matheson et Johnathan Kovacevic ont pris leur place.

Le « système » a également changé, toujours selon Savard. La distance entre les attaquants et les défenseurs a été resserrée. Le gardien Samuel Montembeault évoque une formation « plus compacte ».

« On accorde moins de passes à travers l’enclave, note Savard. Ce sont des jeux difficiles à arrêter, et quand ça commence, ça place le gardien dans une situation difficile. On a donc fait des ajustements pour que ça arrive moins souvent. »

« On continue de s’ajuster », témoigne Nick Suzuki, qui se réjouit d’une amélioration après un début de parcours « difficile » à ce chapitre.

Dans les matchs hors concours, ça ne marchait vraiment pas. Mais on a beaucoup travaillé.

Samuel Montembeault

Il y a cela, mais il y a aussi l’apport des gardiens de but, qui est tout sauf à négliger.

Au cours de chacune des cinq dernières saisons, le nombre de buts concédés, à court d’un homme, a excédé le nombre de buts attendus calculé par les sites spécialisés. Beaucoup de buts auraient dû être des arrêts.

Cette saison, la tendance est inversée. Le site Natural Stat Trick établit que Montembeault et Jake Allen ont déjà, à eux seuls, « sauvé » cinq buts.

On parle souvent du gardien comme du joueur le plus important sur la glace en désavantage numérique. C’est encore vrai.

Facteurs de succès

Réclamé au ballottage à la toute fin du camp d’entraînement, Kovacevic ne peut évidemment pas comparer la présente situation avec le passé.

Trois éléments, intimement liés, lui sautent toutefois aux yeux. Premièrement, la communication et le partage des tâches. « Tout le monde connaît son rôle, explique-t-il. Ce n’est pas le moment de faire le boulot d’un autre. Les équipes sont tellement rapides pour s’échanger la rondelle, tu n’as pas le temps de penser. Quand on se concentre individuellement sur ce qu’on a à faire, on crée une unité de quatre et on connaît du succès. »

Selon lui, cela est rendu possible par le deuxième aspect : des instructions claires.

« Ça rend les choses beaucoup plus faciles, poursuit le numéro 26. C’est précis, c’est clair. Si je connais le système et que je lui fais confiance, je peux jouer sans penser. »

Arrive ainsi le troisième facteur : l’implication des entraîneurs. Celle de Robidas, évidemment, mais aussi celle de Martin St-Louis, « qui donne du sien avec des observations ici et là ».

« Les deux apportent de la valeur au désavantage numérique, dit encore Kovacevic. Ils ont beaucoup de crédibilité quand ils parlent, vu leur expérience. Ils nous transmettent leur savoir. »

« On coache beaucoup » le désavantage numérique, confirme St-Louis. « On commence à être beaucoup plus détaillés dans notre structure. Quand le camp a commencé, on a amené une manière [de faire] différente de celle de l’an dernier, ça prend un peu de temps pour bâtir ça. »

L’entraîneur-chef parle également d’un travail qui s’effectue en collégialité avec les joueurs. « Tu ne peux pas arriver et dire : c’est de même qu’on fait. Il faut qu’on collabore. »

Nul ne sait si l’équipe saura se maintenir au-dessus du seuil de respectabilité de 80 % jusqu’à la fin de la saison, ce qui serait une première depuis 2018-2019. Pour l’heure, force est toutefois d’admettre que la recette fonctionne.

« Où est la suspension ? »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Juraj Slafkovsky

Juraj Slafkovsky l’a lancé avec le sourire, mais il était à demi-sérieux. « Où est la suspension ? », s’est demandé le jeune attaquant, lundi matin, dans le vestiaire de son équipe. Il faisait référence au coup d’épaule que Jason Dickinson, des Blackhawks de Chicago, lui a servi à la tête en troisième période vendredi dernier. Sur la séquence, le joueur des Hawks n’a pas été puni. Slafkovsky, lui, s’est soumis au protocole sur les commotions cérébrales et n’a plus joué dans cette rencontre. Il assure toutefois être pleinement remis de ce contact et n’avoir ressenti aucun symptôme de commotion. « Tout va bien », a-t-il insisté. Sa remarque sur la suspension est évidemment un écho au blâme qu’il a lui-même reçu pour avoir frappé Matt Luff, des Red Wings de Detroit, par-derrière il y a quelques semaines. Il avait alors été suspendu deux matchs.

Drouin et Hoffman patinent

On ne sait pas grand-chose des blessures qui affligent Jonathan Drouin (haut du corps) et Mike Hoffman (bas du corps), mais les deux ont patiné avant l’entraînement de leur équipe, lundi matin. Drouin s’est blessé le 5 novembre, et un échéancier de quatre à six semaines de guérison a été établi. On ne sait cependant pas si le calcul doit se faire de la date de la blessure ou de celle de sa confirmation – le 15 novembre. On peut néanmoins s’attendre à un retour au courant du mois de décembre. Quant à Hoffman, il fait simplement l’objet d’une « réévaluation quotidienne ». Son nom n’a pas encore été placé officiellement sur la liste des blessés.

Allen contre les Sharks

Les Sharks de San Jose seront en ville ce mardi soir, et c’est le gardien Jake Allen qui défendra pour l’occasion le filet du Tricolore. Samuel Montembeault s’est vu confier le départ au cours des deux dernières rencontres, soldées par autant de victoires. Ne cherchez toutefois pas la controverse : Martin St-Louis a encore répété lundi qu’Allen demeurait le numéro 1 de l’équipe. Le vétéran a remporté trois de ses cinq derniers départs, mais a présenté un taux d’efficacité de ,878 et une moyenne de buts alloués de 4,13 dans l’intervalle.