Une mêlée de presse costaude le matin. Des salutations à d’anciens coéquipiers. Des huées quand il touchait la rondelle. Un montage vidéo bien ficelé à la première pause publicitaire. Une ovation chaleureuse.

Pendant une bonne partie de la journée de lundi, le retour de Jeff Petry à Montréal se passait comme bien des retours d’anciens du Canadien. Mais ça ne se termine pas toujours dans la joie et l’allégresse.

En fait, ça s’est terminé au banc des pénalités, pendant que Kirby Dach complétait la remontée du CH pour donner une victoire de 3-2 aux Montréalais en prolongation.

C’était la troisième pénalité du match pour Petry, pénalité que son entraîneur n’a sans doute pas appréciée.

« Évidemment, je dois mieux jouer. Je ne peux pas me retrouver trois fois au banc des pénalités comme ça », a confié Petry au confrère Josh Yohe, de The Athletic, après le match.

Héritage mitigé

Le public du Centre Bell avait l’occasion de saluer un des Américains qui s’est accroché le plus longtemps à Montréal dans la longue histoire de l’équipe. Ses 508 matchs avec le CH représentent le 4e total pour un Américain.

C’est au cours de ce séjour qu’il s’est établi comme un défenseur offensif compétent, mais pas sans faiblesses. Arrivé à Montréal en 2015 avec le profil d’un défenseur d’un deuxième duo, il a grimpé dans la hiérarchie un peu par la force des choses, quand la santé de Shea Weber est devenue vacillante.

Son héritage est mitigé. D’un côté, il a atteint la marque des 40 points en une saison à quatre reprises. Seulement six autres défenseurs dans l’histoire du Canadien ont réussi un tel exploit ; depuis l’échange de Chris Chelios (un des six), Petry et Andrei Markov sont les seuls membres de ce club sélect.

D’un autre côté, son différentiel de – 55 pendant ses quelque sept saisons ici a rappelé ses carences défensives. Cette statistique est compilée par la LNH depuis 1959, et Petry possède le pire différentiel de l’histoire du Canadien chez les défenseurs. Seul Jonathan Drouin (- 58) montre une pire fiche, toutes positions confondues.

« Mon séjour ici a été bénéfique, a estimé Petry devant les micros lundi midi. Si tu regardes ma trajectoire de carrière, je suis devenu le joueur que je suis en grande partie grâce à mon temps passé ici. Je repense aux équipes qu’on avait, à ce qu’on a accompli, c’était assez spécial. »

La présence en finale de la Coupe Stanley, en 2021, fait partie de ces choses « spéciales » que le Tricolore a accomplies pendant son séjour au Québec. Il était alors un des piliers de la défense, jouant 24 minutes par match.

Tout aussi spéciale fut sa descente aux enfers la saison suivante. « Quand je suis arrivé, il connaissait des moments difficiles, a reconnu l’entraîneur-chef du Canadien, Martin St-Louis. Mais il nous a donné du bon hockey. »

Côté familial, cependant, ça ne fonctionnait pas. Entre autres, des enjeux liés à la vaccination contre la COVID-19 empêchaient sa belle-famille de venir le visiter. Assez rapidement après son entrée en poste, Kent Hughes n’a pas caché qu’il chercherait à accommoder le grand numéro 26, ce qui fut chose faite en juillet.

« Ç’a été un soulagement, admet Petry. L’an dernier, ça n’a pas été facile. Obtenir un nouveau départ avec une équipe très talentueuse, ça me donne un nouveau souffle. »

Le montage qui lui a été réservé reprenait un peu tous ces éléments. Plusieurs buts, quelques mises en échec, même si la robustesse n’était pas sa tasse de thé (parlez-en à Samuel Montembeault et Zack Kassian), tout ça entrecoupé d’images de lui avec ses enfants et sa conjointe, Julie. Sans oublier les fameux yeux rouges de sang des séries 2021. Un beau début d’une soirée qui a mal fini.

La bonne nouvelle pour Petry, c’est qu’il aura la chance de se racheter dès le mois prochain, puisque les Penguins seront de retour en ville le 12 novembre.