Un jeune entraîneur aurait pu se laisser emporter par l’enthousiasme du moment.

Mais Martin St-Louis n’est pas un jeune entraîneur ordinaire. Malgré l’allégresse dans son vestiaire, le coach a atténué les ardeurs de certains. « J’ai hâte de les voir dans la normalité. Un match comme ça, tu as de l’énergie juste à mettre le pied dans le building. »

À certains égards, le match d’ouverture, mercredi, pouvait rappeler cette spectaculaire victoire de 10-2 lors de la dernière rencontre de la saison dernière, ou la soirée de trois buts de Ryan Poehling, à son premier match en carrière dans la LNH, il y a quelques années.

On peut se réjouir du brillant spectacle et des belles pièces de jeu de certains joueurs, évidemment, mais éviter de s’emballer un peu trop rapidement, comme ce sondage prématuré à la télé, après le match : « Le Canadien va-t-il surprendre cette saison ? ».

La normalité, ça sera ce mercredi soir de novembre, à Columbus, au lendemain d’un match à domicile contre Buffalo, quand David Savard aura ses matchs de 22, 23 minutes dans les jambes à pourchasser les meilleurs trios adverses ; ce mardi de janvier à Nashville quand Mike Hoffman commettra des revirements et qu’il se retrouvait sur la glace à défaut de mieux ; quand Jake Allen ne sera pas aussi transcendant, accablé par une charge de travail inhabituelle ; quand Arber Xhekaj et Jordan Harris seront essoufflés pendant quelques semaines après les Fêtes.

Mais ne boudons pas notre plaisir pour l’instant. Même si de jeunes vétérans, Josh Anderson et Sean Monahan, ont marqué les buts importants en troisième période, il faut souligner l’apport des jeunes dans cette victoire inattendue contre les Leafs.

À 23 ans seulement, Nick Suzuki aurait pu être ralenti par le poids de son titre de capitaine. Au contraire, il a été le catalyseur à l’attaque : deux passes, trois tirs, trois lancers bloqués, 57 % de taux d’efficacité sur les mises en jeu, 21:24 de temps d’utilisation, trois minutes de plus que son plus proche poursuivant à ce chapitre.

Cole Caufield, 21 ans, a marqué 72 buts en 64 matchs au sein du programme de développement américain, 49 buts en 67 matchs à Wisconsin, dans la NCAA et cinq buts en huit matchs avec le Rocket, dans la Ligue américaine. Ses deux buts jeudi portent sa production à 24 buts en 38 matchs sous Martin St-Louis. Et pas des buts ordinaires. Des tirs d’une puissance rare qui battent les gardiens de vitesse. Y a-t-il encore des sceptiques dans la salle ?

Personne n’a semblé rappeler à Kaiden Guhle, 20 ans, qu’il s’agissait de son premier match en carrière dans la Ligue nationale. Guhle a joué 22:34, la plupart du temps contre le trio de Matthews, et à profusion lors des infériorités numériques.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Kaiden Guhle

Quand un reporter à l’entracte a demandé à David Savard d’expliquer son apport sur les jeunes à titre de vétéran, Savard a répondu avec humilité que les jeunes n’avaient pas tant besoin de lui. Une fleur directe à l’endroit de son partenaire Guhle, et il n’avait pas tout à fait tort…

Trois joueurs, Suzuki, Caufield et Guhle, repêchés entre le 13e et le 15e rang. Comme quoi détenir un choix parmi le top 5 peut à certains égards diminuer le taux d’échec, mais qu’il y a encore des perles avant le 20e rang quand on fait les bons choix.

Après avoir connu un camp inégal, un autre jeune, Jordan Harris, 22 ans, a montré beaucoup de stabilité en défense, et s’est même permis des libertés à l’attaque, comme en témoignent ses quatre tirs. Harris était à 19 petites secondes de la marque des 20 minutes, au troisième rang des défenseurs les plus utilisés après Guhle et Savard. Il n’avait jamais joué autant en dix matchs la saison dernière, son sommet étant de 17:56 contre Ottawa le 5 avril.

Harris formait avec Jonathan Kovacevic, plus inégal celui-là, la deuxième paire de défense. Chris Wideman et Arber Xhekaj ont été utilisés avec parcimonie. Wideman a joué 11 minutes à cinq contre cinq, le plus faible total chez les six défenseurs du club.

À son baptême lui aussi, Juraj Slafkovsky n’a pas mal fait. Mais quand on joue uniquement à cinq contre cinq et que les arbitres décernent une dizaine de punitions, votre temps d’utilisation est réduit. Le premier choix au total cet été a joué 10:34. C’est quand même plus que Christian Dvorak, Rem Pitlick, Evgeni Dadonov et Jake Evans à forces égales.

Il n’est pas facile, à 18 ans, de mériter du temps d’utilisation. Parlez-en à Shane Wright, employé pendant seulement 6:14 à son premier match à Seattle, dont seulement 1:35 en troisième période…

La normalité évoquée par Martin St-Louis arrivera assez vite. Matchs vendredi à Detroit, samedi à Washington et lundi à domicile contre Pittsburgh.

Rentrée gâchée pour les Blue Jackets

Les attentes ont grandi à Columbus avec l’acquisition de Johnny Gaudreau. Mais ils affrontaient l’un des meilleurs clubs de la Ligue nationale, jeudi soir et ont été battus nettement 4-1. Pire encore, Patrik Laine a quitté le match en deuxième période, blessé au bras, après avoir été coincé contre la baie vitrée par le défenseur Brett Pesce. Il avait eu le temps de compter un but. La direction des Blue Jackets attendait avec anxiété le résultat des examens médicaux vendredi matin, mais on a rappelé Kent Johnson des mineures, signe que Laine ne reviendra pas au jeu ce week-end, du moins. Pour les curieux, Jesperi Kotkaniemi a joué 15:37 au centre du deuxième trio, et obtenu une passe sur le deuxième but du match. Il a eu un taux de succès de 69 % lors des mises en jeu.

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1- Une rentrée réussie pour le Canadien, écrit Alexandre Pratt, qui dresse sept constats de ce match.

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3- Les joueuses de l’équipe féminine canadienne de hockey disent avoir beaucoup souffert du scandale provoqué par des joueurs de la formation junior, et de la réaction controversée de la direction. Katherine Harvey-Pinard a les détails.