Thomas Chabot aura été un pionnier.

Au moment de signer sa prolongation de contrat de huit ans pour 64 millions à Ottawa, en septembre 2019, l’avenir des Sénateurs n’était guère reluisant.

Certains le trouvaient même téméraire de s’engager à long terme avec l’équipe, malgré le pont d’or reçu, en raison de l’exil massif des stars du club.

Erik Karlsson, Mark Stone et Mike Hoffman avaient été échangés dans l’année précédente. Matt Duchene et Ryan Dzingel avaient préféré profiter de leur autonomie complète quelques mois plus tôt.

Le défenseur québécois était encore jeune, à 21 ans, au moment de signer son fameux contrat, mais la reconstruction s’annonçait longue et rien ne garantissait que les nouveaux membres de la nouvelle fondation des Sénateurs allaient l’imiter.

Chabot, l’incontestable défenseur numéro un des Sénateurs, est en bien meilleure compagnie aujourd’hui. Tim Stützle, 20 ans, a signé mercredi une prolongation de contrat de huit ans pour plus de 66 millions, après une magnifique production de 58 points en 79 matchs. Le jeune Allemand sera sous contrat jusqu’en 2031.

Il a imité le centre Josh Norris, 23 ans, riche depuis juin d’un contrat de huit ans pour 63 millions. Avant lui, en octobre 2021, Brady Tkachuk, 22 ans, signait une entente de sept ans pour 57,5 millions après avoir laissé les Sénateurs languir un peu.

Au-delà des acquisitions spectaculaires de Claude Giroux et Alex DeBrincat cet été, l’exploit de Dorion réside dans sa capacité de retenir à long terme quatre jeunes joueurs essentiels à la relance des Sénateurs. Les quatre, Chabot, Tkachuk, Norris et Stützle ont tous signé avant d’avoir 24 ans et aucun ne touchera un salaire annuel supérieur à 8,5 millions.

Trop de directeurs généreux se retrouvent coincés avec des joueurs vieillissants surpayés parce qu’on a établi leur valeur en fonction de leurs succès passés.

Dorion préfère miser sur les probabilités de voir ses jeunes joueurs augmenter leur production au fil des ans. Il y a toujours un certain facteur de risque, mais les chances de voir un jeune de talent progresser sont plus grandes que celles de voir un vétéran maintenir le même rythme après 33 ans.

Parmi tous les joueurs de 26 ans ou moins touchant 9 millions ou plus annuellement, lequel représente-t-il un boulet pour son équipe : Kirill Kaprizov ? Cale Makar ? Mikko Rantanen ? Brayden Point ? Charlie McAvoy ? Adam Fox ? Matthew Tkachuk ? Zack Werenski ? Jack Eichel ? Aleksander Barkov ? Mitch Marner ? Auston Matthews ? Connor McDavid ?

Les trentenaires ? Artemi Panarin, Erik Karlsson, John Tavares, Drew Doughty, Carey Price, Jonathan Toews, Patrick Kane, Anze Kopitar, Sergei Bobrovsky, Tyler Seguin, Mark Stone, Jamie Benn, Alex Ovechkin, Nicklas Backstrom, Roman Josi, Jeff Skinner. On peut aisément en identifier six ou sept.

Mettre sous contrat un joueur à long terme plus tôt que tard a ses avantages. Sidney Crosby et Leon Draisait touchent 8,7 millions et 8,5 millions respectivement, Victor Hedman, 7,875 millions, est moins bien payé que 16 défenseurs.

Nathan MacKinnon et Brad Marchand constituent les aubaines de la LNH, à 6,3 millions et 6,1 millions annuellement, quelques centaines de milliers de dollars de moins que… Brendan Gallagher.

La fondation des Sénateurs est solide. Et une fois de plus, le repêchage fait foi de tout. Et si Ottawa avait préféré Filip Zadina ou Barrett Hayton à Tkachuk en 2018 ? Et si Los Angeles avait surpris en repêchant Stützle à la place de Quinton Byfield en 2020 ? Dorion se serait-il senti obligé de choisir Byfield, un top trois consensuel ?

Les Sénateurs sont sur la bonne voie. S’agit de ne pas brûler d’étapes et éviter de promettre la lune trop rapidement.

Un gardien d’avenir sous contrat pour trois ans

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Cayden Primeau

Kent Hughes vient d’effectuer une brillante signature jeudi matin. Vous avez Cayden Primeau, 22 ans, au parcours chaotique depuis deux ans, mais brillant en séries éliminatoires dans la Ligue américaine. Carey Price sera fort probablement condamné à renoncer à sa carrière. En offrant à Primeau un contrat garanti de la LNH pour trois ans, mais à un salaire inférieur à un million, Hughes retient dans son organisation prometteur pour plusieurs années, sans pour autant affecter son équilibre financier. Les salaires de 950 000 $ sont généralement offerts aux recrues ou aux modestes joueurs de quatrième trio. Cédric Paquette touchait ce salaire l’an dernier. Il a disputé 24 matchs, obtenu deux aides. Un risque qui en vaut la chandelle dans le cas de Primeau.

À ne pas manquer

1- Alexandre Pratt est jaloux. Il aurait aimé avoir l’idée du collègue André Duchesne : raconter dans un livre l’histoire de tous les entraîneurs-chefs du Canadien, de Jack Laviolette à Martin St-Louis. Alex nous révèle des bribes de ce récit fascinant.

2- Samuel Poulin, fils de Patrick, ancien hockeyeur du Canadien, est un nouveau joueur depuis qu’il a été rayé de la formation du club-école des Penguins dans la Ligue américaine, en janvier. Simon-Olivier Lorange lui a parlé à l’occasion de la Vitrine des recrues de la LNH à Arlington.

3- Kent Hughes n’exclut pas un échange pour libérer davantage de masse salariale. Les explications de Richard Labbé.