Luke Prokop est « extrêmement fier » d’être devenu un « pionnier pour les athlètes gais ». La saison de rêve qu’il vient de connaître, après son coming out l’été dernier, en a d’ailleurs grandement bénéficié.

Prokop a été échangé en début de saison aux Oil Kings d’Edmonton, équipe junior de sa ville natale évoluant dans la Western Hockey League (WHL). En 58 matchs, le défenseur a inscrit 11 buts et 35 points en 2021-2022, un sommet en carrière.

Oh, et les Oil Kings ont remporté le championnat de la WHL il y a quelques semaines. Grâce entre autres aux performances – 4 buts et 12 passes en 19 matchs de séries – de Prokop sur la glace.

« Je ne crois pas que j’aurais pu mieux écrire le scénario de cette année », explique Prokop en entrevue avec La Presse. Le titre, « c’était la cerise sur le gâteau ».

Luke Prokop est un espoir de 20 ans des Predators de Nashville. Il est aussi le premier joueur de hockey ouvertement homosexuel sous contrat avec une équipe de la LNH.

Il vient d’être nommé joueur humanitaire de l’année dans la Ligue canadienne de hockey (LCH). Prokop avait été le lauréat du même honneur en mai dernier au niveau de la WHL.

PHOTO TIRÉE DU SITE DES OILS KINGS D’EDMONTON

En 58 matchs cette saison, Luke Prokop a inscrit 11 buts et 35 points avec les Oil Kings d’Edmonton, l’équipe junior de sa ville natale.

Parce qu’évidemment, lorsqu’on est le premier à franchir une barrière, les micros et les projecteurs sont attirés comme un papillon vers une source lumineuse. Et ça n’importune pas Prokop outre mesure. Au contraire.

« J’ai peut-être fait une cinquantaine d’entrevues à ce sujet cette année, estime Prokop. […] La conversation doit continuer d’avoir lieu. »

Chaque fois que j’ai l’occasion d’en parler, je la saisis. C’est vraiment important. C’est la seule façon que l’on va voir notre sport évoluer là où on veut qu’il se rende.

Luke Prokop

La Presse lui avait parlé en novembre dernier, lorsqu’il avait annoncé une entente avec l’organisme Jeunesse J’écoute. Il allait y verser 10 $ pour chacun de ses tirs au filet lors de la saison.

Au-delà de ses buts et ses points, c’est de cette initiative qu’il est le plus fier.

Les statistiques, c’est bien. Mais j’ai toujours voulu être reconnu pour mon impact hors de la glace autant que possible.

Luke Prokop

Il a lui-même enregistré plus de 130 tirs au but cette année. Avec le soutien des fondations des Predators et des Oil Kings, ainsi que d’amis et de la famille, plus de 12 000 $ ont été versés au service d’intervention par téléphone.

« C’est vraiment spécial de voir le succès de cette campagne, ainsi que tout le travail accompli par mon équipe et moi afin de la créer. Ça revêt une grande signification pour moi. »

Un « Pride Night » mémorable

C’était le 9 avril dernier. Les Oil Kings avaient organisé un match pour souligner la Fierté, à Edmonton. Lorsque l’idée du « Pride Night » a initialement été présentée à Luke Prokop, en janvier, il était enchanté.

« J’étais content de pouvoir permettre à la communauté queer de célébrer lors d’un match inclusif pour tout le monde, se réjouit-il. Qu’ils se sentent à l’aise de venir assister à un match de hockey. Et de pouvoir les représenter. C’était incroyable. »

Mais il garde un autre souvenir, encore plus motivant pour la suite des choses.

Plusieurs de mes coéquipiers étaient vraiment excités par ce match. Ils disaient que ce n’était peut-être pas un match de championnat, ou pour la médaille d’or, mais que c’était le match le plus important auquel ils avaient pris part, parce qu’il y avait une réelle signification derrière. C’était génial de les entendre dire ça.

Luke Prokop

« Ils étaient même un peu surpris de la réaction ! Et de voir à quel point c’était quelque chose de grand. Il y avait beaucoup de partisans de hockey queers. Ça leur a montré qu’il y avait toute une autre frange de la population à aller chercher, en fait de partisans. Ils étaient tous surpris, et ils ont passé du bon temps. »

Et la LNH ?

Comme tout bon espoir, Luke Prokop espère forcer la main des dirigeants des Predators dès la saison prochaine.

« C’est le but, déclare-t-il. J’ai encore une autre année potentielle à jouer dans la WHL. Si Nashville estime que je dois prendre plus de temps pour me développer, je vais m’assurer de rendre le plus difficile possible la décision de m’envoyer dans la Ligue américaine. »

La réponse du hockey junior canadien face à son coming out a été exemplaire. Il croit qu’il en sera de même dans la LNH. De toute façon, quand il chaussera pour la première fois les patins dans la LNH, il aura autre chose en tête.

« Je ne vais pas penser à cela en fonction du fait que je serai le premier joueur de hockey ouvertement gai dans la LNH. L’idée de jouer un match dans la LNH a toujours été mon rêve de jeunesse. »