« Non seulement je peux apprendre du hockey masculin, mais le hockey masculin peut apprendre du hockey féminin. »

Oui, Marie-Philip Poulin a été embauchée par le Canadien de Montréal à titre de consultante au développement des joueurs pour faire « partager [son] expérience, [sa] passion pour le hockey ».

Mais « la meilleure joueuse au monde », dixit Geoff Molson, veut aussi en retirer ses propres apprentissages.

Poulin a répété cette notion à plusieurs reprises, mardi après-midi, lors de la conférence de presse organisée au Complexe sportif Bell de Brossard. Elle s’est présentée devant les médias aux côtés du propriétaire du Canadien.

Déjà, parce qu’elle occupera ce poste de consultante à temps partiel : elle souhaite continuer sa carrière de joueuse jusqu’aux prochains Jeux olympiques, en 2026. Nous y reviendrons.

Poulin souhaite aussi faire les premiers pas d’une future carrière d’entraîneuse.

« C’était dans mes buts, dans mes rêves après ma carrière, expose la quadruple médaillée olympique. C’est arrivé plus vite que je le pensais ! »

Mais elle réitère que pour l’instant, sa « priorité, c’est encore de jouer au hockey ».

« Je suis très passionnée encore. Mais d’apprendre le côté développement, cette vision-là, de regarder des vidéos et d’observer la game du hockey différemment, c’est quelque chose qui m’excite beaucoup. »

« Communiquer » sa passion

Poulin l’avoue elle-même : elle est une « nerd qui adore regarder le hockey ».

« La façon dont les joueurs mettent leur équipement. La façon dont ils jouent et effectuent leurs habiletés. […] J’adore regarder et apprendre de différents joueurs quand je regarde un match. Il y a des petits jeux qui n’ont peut-être pas une grande importance dans le portrait global, mais qui peuvent avoir un impact. »

Vous devinerez qu’elle se réjouit de pouvoir approfondir cette analyse, de « communiquer » sa passion pour son sport.

Non seulement ils pourront apprendre de moi, mais je pourrai apprendre d’eux.

Marie-Philip Poulin

Parlant d’« eux », Poulin travaillera principalement avec les espoirs de l’organisation, pour commencer. Ce sera « d’apprendre à les connaître, de me rapprocher sur la glace et à l’extérieur », explique-t-elle.

« On devra arriver avec un plan pour les rendre meilleurs. »

Elle travaillera au sein d’un département de développement qui compte maintenant quatre membres, dont Rob Ramage, Adam Nicholas et Francis Bouillon.

Elle dit n’avoir « entendu que de bons mots » à propos de Nicholas, notamment.

« Dans les prochaines semaines, on va s’asseoir ensemble et voir quelle sera notre vision. […] Avoir deux cerveaux de hockey, pouvoir partager nos connaissances, pouvoir innover à travers le développement des joueurs, c’est quelque chose qui m’attire beaucoup. Ça va être cool de voir les différentes perceptions de hockey. »

« Les priorités à la bonne place »

On le disait : Poulin a accepté ce poste à temps partiel dans le but de poursuivre sa carrière de joueuse. Comment réussira-t-elle à jongler avec les deux obligations ?

« Pour moi, la priorité, c’est de jouer », dit-elle catégoriquement.

« C’est sûr que ça va être à moi de mettre mes priorités à la bonne place. […] Je pense que je vais être capable de combiner les deux, de savoir quand c’est le temps de m’entraîner pour moi et éventuellement de faire ce rôle-là avec le Canadien. »

Elle dit vouloir « essayer de venir ici, à Brossard ».

« C’est sûr qu’il va y avoir une courbe d’apprentissage. Mais je suis super excitée de pouvoir apprendre, de commencer en bas, et de pouvoir monter. »

« Privilégiée »

Pour Molson, l’arrivée de Poulin « coche plusieurs cases ».

« On a quelqu’un de très compétent au niveau du développement des joueurs. De l’analytique. Et c’est aussi une femme. Le fait d’avoir ces trois aspects-là dans notre organisation est une grande victoire pour nous. »

Parce que oui, cette nomination s’inscrit dans une certaine vague d’embauches féminines au sein du hockey professionnel masculin. On pense notamment à Hayley Wickenheiser, directrice séniore du développement des joueurs des Maple Leafs de Toronto, ainsi qu’à Danielle Goyette, qui travaille en tant que directrice au sein du même département.

« C’est très important de continuer à investir dans la diversité, a souligné Molson mardi. J’espère qu’il y a aura d’autres femmes qui seront inspirées aujourd’hui. »

Marie-Philip Poulin aux Jeux olympiques de Pékin
  • Photo Martin Chamberland, la presse

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  • Photo Martin Chamberland, La Presse

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« Je me sens privilégiée d’être là, a quant à elle commenté Poulin. Mais oui, il y a encore du travail à faire. Il faut se prouver chaque jour, malheureusement. »

Le chemin qu’elle a déjà parcouru parle de lui-même. Et devrait imposer le respect dans ses nouvelles fonctions.

« Je l’espère ! lance-t-elle avec le sourire. Ces joueurs-là ont pu me voir avec Équipe Canada, et dans ma carrière. J’espère aussi pouvoir leur faire apprendre beaucoup de cette façon-là. »

« Toutes les femmes qui ont ce rôle-là ont le respect, parce qu’on connaît le hockey. J’espère que ça va être mutuel. »

Quelques données sur Marie-Philip Poulin

  • Née le 28 mars 1991 à Beauceville
  • Capitaine de l’équipe nationale
  • Études en psychologie à l’Université de Boston
  • Trois médailles d’or olympiques et une d’argent
  • Deux médailles d’or aux Mondiaux et six d’argent

Avec Katherine Harvey-Pinard, La Presse