Notre analyste hockey Mathias Brunet scrute à la loupe depuis deux semaines les performances des meilleurs espoirs en prévision du repêchage de la LNH en juillet, entre autres tous les matchs de séries éliminatoires du premier choix consensuel, Shane Wright. En cette semaine de la loterie dans la LNH, présentée mardi soir, il vous offre pour les trois prochains jours les principaux candidats, par position. Aujourd’hui, les ailiers.

Le repêchage de la LNH entraîne toujours son lot de superlatifs. Dans le cas de l’ailier le plus prisé à l’heure actuelle, le Slovaque Juraj Slafkovsky, on évoque un certain Jaromir Jagr.

Or, faut-il le rappeler, Jagr occupe le deuxième rang des compteurs de l’histoire de la Ligue nationale de hockey derrière Wayne Gretzky avec 1921 points en 1733 matchs…

Ces spécialistes ont beau se justifier en parlant de comparaison de styles de jeu et non pas de projections en termes de production, c’est imposer une pression indue sur un garçon de 18 ans qui a amassé 10 points, dont 5 buts, en 31 matchs en Liiga, en Finlande, et qui a été blanchi en sept matchs au Championnat mondial junior.

Slafkovsky a marqué l’imaginaire aux Jeux olympiques en marquant sept buts en autant de rencontres, une performance digne de mention pour un jeune homme de 18 ans, mais il faut aussi rappeler le calibre à ces Jeux. Le Canada, entre autres, était mené par d’anciens joueurs, Eric Staal, qui n’avait pas joué de l’hiver, David Desharnais, Jordan Weal, Mark Barberio et quelques jeunes premiers comme Owen Power et Mason MacTavish.

D’ailleurs Sean Farrell, un espoir du CH repêché en quatrième ronde, a amassé six points en quatre rencontres à ce tournoi olympique et Weal, un ancien du Canadien, cinq points en autant de matchs.

On comprend néanmoins certains recruteurs, et analystes, de saliver à l’évocation de ce joueur, au point même où certains le voient comme une menace à Shane Wright au premier rang.

Slafkovsky mesure 6 pieds 4 pouces et pèse 225 livres. Il est rapide et patine puissamment. Il possède de belles habiletés avec la rondelle et un bon instinct de marqueur. Ce type de spécimen ne court pas les rues.

Voilà pour les qualités.

Mais Slafkovsky, c’est aussi les flashs. Cette feinte pour contourner un défenseur marque les esprits. Mais trois autres fois, il perdra la rondelle à tenter un jeu où il n’y en a pas en espérant déjouer deux adversaires à la fois.

Il devra aussi apprendre à mieux se situer dans l’espace. On le sent parfois perdu en zone défensive, à courir à droite et à gauche, et aussi à mal dénicher les espaces libres en territoire offensif.

Une équipe confiante en ses qualités de pédagogues pourra le repêcher très haut et espérer polir ce diamant à l’état brut pour en faire son marqueur d’élite pour la prochaine décennie et plus. Mais il arrive aussi souvent qu’on n’y parvienne pas. L’avenir nous le dira dans son cas.

Le Finlandais Joakim Kemell est souvent le deuxième ailier évoqué après Slafkovsky dans les conversations en prévision du repêchage. Cet ailier droitier de 5 pieds 11 pouces et 165 livres a retenu l’attention au récent Championnat mondial des moins de 18 ans en éliminant le Canada grâce à son troisième but du match en prolongation.

PHOTO JIRI HALTTUNEN, FOURNIE PAR THE HOCKEY WRITERS

Joakim Kemell

Kemell est d’abord un joueur offensif. Une peste autour du filet adverse. Bon patineur, du chien, l’instinct de tueur. Sans être une nuisance défensive, sa force réside dans le jeu à l’attaque.

Ce jeune homme a tout de même marqué 15 buts et amassé 23 points en 39 matchs en Liiga, le même circuit que l’exilé Slovaque Slafkovsky, une ligue, tout de même, inférieure à la SHL en Suède.

Il faudra aussi surveiller les deux ailiers suédois de Noah Östlund, Jonathan Lekkerimäki, 5 pieds 10 pouces et 165 livres, un droitier, et Liam Ohgren, 6 pieds et 187 livres, un gaucher. Lekkerimäki a tout de même marqué sept buts en 26 matchs avec Djurgardens, en SHL, un rendement franchement impressionnant. Il a aussi 20 buts en 26 matchs dans les rangs juniors suédois. Il a amassé 15 points en seulement six matchs au Championnat mondial des moins de 18 ans. Il a seulement 17 ans et sera l’un des plus jeunes joueurs de cette cuvée, étant né le 24 juillet.

Öghren, un peu plus costaud que ses partenaires de trio, était le capitaine de la Suède au Championnat mondial junior, où il a amassé neuf points, un de moins que Östlund et six de moins que Lekkerimäki. Il a obtenu seulement deux points en 25 matchs en SHL à Djurgardens, mais cartonné dans les rangs juniors avec 58 points, dont 33 buts, en 30 matchs.

Lekkerimäki intrigue. Il n’est pas le patineur le plus élégant. Il donne même l’impression de « patiner sur la bottine ». Mais sa vitesse n’en souffre pas. Sa confiance avec la rondelle non plus. Il possède un excellent tir. Malgré sa position moins névralgique que celle d’un joueur de centre, ce jeune homme, Lekkerimäki est efficace dans les trois zones. Ne soyez pas surpris s’il devient l’un, sinon le meilleur ailier de sa cuvée.

Après eux, il faut évoquer le polarisant Cutter Gauthier, 6 pieds 3 pouces et 190 livres, 19 buts en seulement 22 matchs en USHL au sein du programme de développement américain, beaucoup de chien, parfois trop même, capable aussi de jouer au centre. L’attaquant de puissance par excellence.

Mais son taux de succès tirs/buts est très élevé à 23 % et doit soulever des interrogations, soit sur la qualité des gardiens, soit sur une année où les astres sont alignés de façon magistrale pour lui.

Si on se fiait seulement à ses performances sur la glace, Gauthier constituerait un top cinq assuré. Il se dit néanmoins en coulisses, chez les recruteurs, des choses moins favorables sur la personnalité du garçon.

Un avocat de la défense rappellerait qu’il s’agit de jeunes hommes à peine sortis de l’adolescence, qui peuvent encore gagner en maturité, et qu’on ne disait pas nécessairement les plus belles choses à cet égard sur Jon Merrill à l’aube du repêchage de 2010.

On le retrouve douze ans plus tard, la trentaine, une personnalité lumineuse, père de famille, toujours dans la LNH, avec le Wild, après un court passage à Montréal, septième de sa cuvée pour les matchs en carrière même s’il a été repêché en deuxième ronde finalement.

Dans le cas de Gauthier, on laissera les équipes de recruteurs déterminer s’il peut devenir un bon coéquipier chez les pros, mais le talent de cet ailier de Logan Cooley est indéniable. Et on ne gagne pas des Coupes Stanley avec 23 enfants de chœur.

On ne sait pas à quel point la folie des grandeurs du président russe aura des effets sur la sélection des meilleurs espoirs de ce pays. Gary Bettman a confirmé leur éligibilité, mais les clubs seront-ils plus frileux compte tenu de l’invasion en Ukraine ? Dans les circonstances, Danila Yurov pourrait constituer une belle carte cachée. Bon gabarit, à 6 pieds 1 pouce et 175 livres, patineur très doué, une belle fougue. Mais difficile à évaluer en raison d’un temps d’utilisation famélique en KHL, où il a été blanchi en 21 matchs. Il a bien paru en deux matchs au Championnat mondial junior, avant que le tournoi ne soit annulé. Il possède aussi une bonne vision, généreux avec la rondelle et responsable défensivement. Il vient au septième rang du classement des meilleurs joueurs européens.

Brad Lambert constitue sans doute le cas le plus complexe de ce repêchage. Fils d’un ancien joueur professionnel canadien établi en Finlande pour sa carrière et d’une mère du pays, Lambert était considéré avant cette saison comme un candidat au top trois, après une production de 15 points en 46 matchs en Liiga alors qu’il avait entamé cette saison-là à 16 ans.

Mais son rendement a chuté brutalement cet hiver, et son match de trois points contre l’Autriche ne saurait le faire oublier.

Lambert est tout de même encore classé deuxième sur la liste d’une agence spécialisée, toujours dans le top dix selon certains… mais écarté de la première ronde selon d’autres. Il importe de mentionner qu’il s’agit d’un joueur de périphérie qui refuse généralement tout engagement physique dans la Liiga. Il devra changer de façon drastique sa façon de joueur dans un circuit nettement plus robuste s’il veut percer.

Lisez « Les meilleurs espoirs au centre »

Finaliste controversé pour le Calder

Nathan MacKinnon :

  • Gagnant du trophée Calder en 2014.
  • Naissance le 1er septembre 1995.

Michael Bunting :

  • Finaliste au trophée Calder en 2022.
  • Naissance le 17 septembre 1995.

Cam Robinson est l’auteur de cette perle sur Twitter. Bunting, l’attaquant des Leafs, est donc l’un des trois finalistes au trophée remis à la meilleure recrue même s’il aura 27 ans dans quelques mois et qu’il en est à sa sixième saison dans les rangs professionnels. Il écarte ainsi Lucas Raymond, six points de moins que lui, mais seulement 20 ans, depuis le 28 mars. Bunting a amassé 63 points en 79 matchs, mais aussi eu le privilège de jouer avec des stars comme Matthews et Marner. Avis bien personnel : les joueurs de 25 ans ou plus ne devraient pas être candidats.

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