Notre analyste hockey Mathias Brunet scrute à la loupe depuis deux semaines les performances des meilleurs espoirs en prévision du repêchage de la LNH en juillet, entre autres tous les matchs de séries éliminatoires du premier choix consensuel, Shane Wright. En cette journée de la loterie dans la LNH, présentée mardi soir, il vous offre pour les trois prochains jours les principaux candidats, par position. Aujourd’hui, les centres.

Parce qu’il a obtenu le statut de joueur exceptionnel dans la Ligue junior de l’Ontario en 2019 et qu’il y a connu une brillante saison à 15, 16 ans, avec 66 points, dont 39 buts, en 58 matchs à Kingston, Shane Wright constitue le premier choix unanime en prévision du repêchage de 2022 depuis quelques années.

Oser remettre en question cet état de choses constitue presque un crime de lèse-majesté. Wright est un solide centre. Ses 94 points, dont 32 buts, en 63 matchs, dans la Ligue junior de l’Ontario, en font foi.

Wright a évidemment de très fortes chances d’être élu au premier rang et il constituera en principe un excellent choix. Mais peut-on au moins se faire l’avocat du diable, surtout en vertu de ses performances qui n’ont rien de celles d’une éventuelle méga-star ?

On demeure en effet loin de la production offensive des Lafrenière, McDavid, Kane, Crosby, surtout en séries éliminatoires, avec ses 10 points en 8 matchs. Wright connait de bonnes séries, mais il ne domine pas.

Au-delà des points, Wright demeure un bon joueur défensif, sans être un grand centre défensif. Les comparaisons avec Patrice Bergeron, le meilleur dans son domaine dans la LNH, imposent au jeune homme une pression indue.

On disait de Nolan Patrick, deuxième choix au total en 2017, qu’il était un centre complet et prêt aux rigueurs de la LNH à 18 ans. Ron Hextall, alors DG des Flyers, a rabroué ses recruteurs et l’a préféré à un certain Cale Makar.

Wright ne deviendra pas nécessairement un Nolan Patrick, mais l’exemple sert à se méfier de ses idées préconçues.

Le jeune homme est costaud à 6 pieds et 191 livres, mais pas robuste à outrance. Son équilibre sur patins est encore à travailler puisqu’on le voit souvent chuter dans ses batailles pour la rondelle.

On lui a reproché son manque d’ardeur en première moitié de saison, notamment en replis défensifs. Il a corrigé ce manque d’engagement en fin de saison et en séries.

En Shane Wright, une équipe mettra la main sur un joueur fiable, complet, bon patineur, bonne compréhension du jeu, très bonne vision, mais on ignore encore si son plafond offensif sera élevé.

Pour l’instant, il demeure le meilleur centre disponible, et il est toujours premier, toutes positions confondues, sur la presque totalité des listes parce que des doutes encore plus grands subsistent chez les autres candidats.

CAPTURE D’ÉCRAN

Logan Cooley

Cooley et les autres

Le deuxième centre (et joueur) pressenti sur la majorité des listes, l’Américain Logan Cooley, est nettement plus explosif offensivement. Ce jeune homme de 5 pieds 10 pouces et 174 livres a amassé 75 points en 51 matchs au sein du programme de développement américain, mais 36 points en 24 matchs dans les matchs de l’USHL, le circuit junior américain.

À titre comparatif, le premier choix au total en 2019, Jack Hughes, avait obtenu 112 points en 50 matchs au sein du même programme, et 48 points en 24 rencontres en USHL.

Cooley n’est pas le plus costaud, mais se distingue par son coup de patin explosif et une grande créativité. Mais on peut lui reprocher parfois son manque de rigueur en défense afin d’engraisser ses statistiques.

On peut montrer à un jeune joueur repêché au sein de son organisation à mettre plus d’efforts en zone défensive, mais Cooley pourrait aussi être ce type de centre muté à l’aile une fois dans la LNH.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU JOUEUR

Noah Östlund

Le troisième centre sur notre liste constitue un joyeux casse-tête pour les recruteurs, bien malgré lui. Noah Östlund ne figure même pas au premier tour sur un grand nombre de liste de spécialistes. Il est même classé au 18rang seulement… chez les joueurs européens selon la Centrale de recrutement de la LNH ; sans doute en raison de sa chétivité, à 163 livres sur 5 pieds 11 pouces.

Mais il n’y a sans doute pas de joueur plus brillant défensivement de toute cette cuvée, et sans doute de plus rapide aussi.

Non seulement Östlund joue à la perfection dans les trois zones, mais en plus il sait trouver les espaces libres, avec ou sans la rondelle, est doté d’un extraordinaire sens de l’anticipation et possède du cœur à revendre malgré sa petite taille. À certains égards, il peut rappeler un certain Saku Koivu au même âge, la vitesse en plus puisqu’une grave blessure au genou a handicapé le Finlandais en début de carrière.

Östlund a été fumant récemment au Championnat mondial des moins de 18 ans. Ses deux buts en finale ont eu raison des Américains. Il a mis Cooley dans sa petite poche.

Et contrairement aux idées reçues, ce garçon n’est pas un joueur de périphérie. Il a souvent attaqué le territoire américain en plein cœur, plutôt que de longer les bandes.

Mais on peut comprendre certains recruteurs d’être craintifs. On ne l’a presque pas vu à l’œuvre sur des patinoires nord-américaines. On ne sait pas encore à quel point il gagnera en coffre. Il lui faudra engraisser cette charpente sans quoi il se ferait dévorer tout rond dans la Ligue nationale. Il ne possède pas non plus le tir le plus redoutable, mais il nourrit ses partenaires de trio à la petite cuillère…

L’équipe qui osera le repêcher dans le top quinze aura du culot. Ses dirigeants passeront pour des génies, comme les Sénateurs d’Ottawa en 2008 avec Erik Karlsson, ou subira l’opprobre pour quelques décennies. Mais quel joueur de hockey !

Parmi les autres centres disponibles, Matthew Savoie détonne avec ses 90 points en 65 matchs à Winnipeg, dans la Ligue junior de l’Ouest, et c’est un joueur électrisant, mais les centres numéro un de 5 pieds 9 pouces sont peu nombreux dans la grosse ligue et déjà, en séries éliminatoires, Savoie a été muté à l’aile droite de son coéquipier Conor Geekie, un autre espoir de premier plan. Frank Nazar, du programme de développement américain, a un profil semblable à Savoie.

Geekie ne produit pas autant, 70 points en 63 matchs, mais il est plus costaud en revanche, à 6 pieds 3 pouces et 193 livres, affectionne le jeu robuste et il possède une belle créativité à l’attaque.

Son manque de rapidité demeure son principal handicap. Il possède une bonne vitesse de croisière une fois démarré, mais n’a pas encore l’explosivité nécessaire.

Ce type de lacune peut se corriger avec un bon entraîneur de patinage de puissance et Geekie possède des qualités qui ne s’enseignent pas, du chien et de la vision. Les équipes qui le bouderont pourraient le regretter. Comme Östlund, Geekie pourrait faire passer l’équipe qui le repêche de héros… ou de zéro !

Production offensive des premiers choix des ligues canadiennes juniors

Shane Wright, centre, 2022

  • Saison : 63 matchs, 32 buts, 94 points.
  • Séries : 8 matchs, 2 buts, 10 points.

Alexis Lafrenière, ailier, 2020

  • Saison : 52 matchs, 35 buts, 112 points.
  • Séries : annulées.

Nico Hischier, centre, 2017

  • Saison : 57 matchs, 38 buts, 86 points.
  • Séries : 6 matchs, 3 buts, 7 points.

Connor McDavid, centre, 2015

  • Saison : 47 matchs, 44 buts, 120 points.
  • Séries : 20 matchs, 21 buts, 49 points.

Nathan MacKinnon, centre, 2013

  • Saison : 44 matchs, 32 buts, 75 points.
  • Séries : 17 matchs, 11 buts, 33 points.

Nail Yakupov, ailier, 2012

  • Saison : 42 matchs, 31 buts, 69 points.
  • Séries : 6 matchs, 2 buts, 5 points.

Ryan Nugent-Hopkins, centre, 2011

  • Saison : 69 matchs, 31 buts, 106 points.
  • Séries : 9 matchs, 4 buts, 11 points.

Taylor Hall, ailier, 2010

  • Saison : 57 matchs, 40 buts, 106 points.
  • Séries : 19 matchs, 17 buts, 35 points.

John Tavares, centre, 2009

  • Saison : 24 matchs, 32 buts, 50 points
  • Séries : 14 matchs, 10 buts, 21 points.

Steven Stamkos, centre, 2008

  • Saison : 61 matchs, 58 buts, 105 points.
  • Séries : 9 matchs, 11 buts, 11 points.

Patrick Kane, ailier, 2008

  • Saison : 58 matchs, 62 buts, 145 points.
  • Séries : 16 matchs, 10 buts, 31 points.

Sidney Crosby, centre, 2005

  • Saison : 62 matchs, 66 buts, 168 points.
  • Séries : 13 matchs, 14 buts, 31 points.

(Mercredi : les ailiers)

Démêler les probabilités…

Ainsi donc, le Canadien détient 18,5 % de chances de remporter la loterie mardi soir, à compter de 18 h 30. Mais il détient aussi 25,5 % des chances de repêcher premier. Certains y chercheront la logique. Simple. En vertu du changement de règlements à la loterie cette année, les 16 pires équipes au classement peuvent remporter l’un des deux premiers choix. Elles ne peuvent cependant pas grimper de plus de dix rangs.

Si un club classé entre le 12e et le 16rang remporte la loterie, le CH conservera donc le premier choix, d’où ses 25 % de choisir premier.

À noter aussi : le troisième choix n’est plus offert parmi les lots. Montréal ne peut donc pas glisser à l’extérieur du top trois.

Chances du CH de repêcher 1er : 25,5 %.

Chances du CH de repêcher 2e : 18,8 %.

Chances du CH de repêcher 3e : 55,7 %.

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