Qu’y a-t-il de plus frustrant, pour un téléspectateur, que la dernière minute d’un match de basketball ?

Rien.

C’est looooooooooong. L’équipe en avance tente d’écouler du temps en faisant circuler le ballon. L’adversaire commet une faute pour arrêter le chronomètre.

Lancers francs.

Reprise de ballon.

Perte de ballon.

Faute.

Répétez le cycle toutes les 10 secondes. Ajoutez des temps d’arrêt et quelques pauses publicitaires. La dernière minute peut ainsi s’étirer sur un quart d’heure. C’est insupportable – même pour un initié comme moi, qui fut joueur, entraîneur, marqueur et arbitre, et qui ne rate jamais une occasion en voyage d’acheter des billets pour assister à une partie de la NBA.

Un professeur américain, Nick Elam, a fait le même constat. Ses amis et lui ne comprenaient pas pourquoi les fins de match étaient si répétitives, et si décevantes. Il aurait pu faire comme moi et bougonner contre sa télévision. Mais non. Il s’est mis à la recherche d’une solution. D’une fin « alternative ». Après quelques essais et erreurs, il a trouvé un concept génial.

Lequel ?

Éliminer le cadran. Pas totalement. Juste dans les dernières minutes.

Sur le coup, j’ai eu la même réaction que vous. Mes céréales Capitaine Crounche sont passées de travers. C’est quoi, cette lubie ? Comment peut-on disputer 44 minutes chronométrées, puis continuer la partie sans notion de temps ? Comment les matchs prennent-ils fin ?

Tout ça semble grandement ésotérique. Mais croyez-moi, le concept fonctionne. Très, très bien en plus. Tellement que la NBA l’a testé lors de ses trois derniers matchs des Étoiles, et que la Ligue élite canadienne de basketball, dans laquelle évoluera bientôt l’Alliance de Montréal, l’a officiellement adopté dans son livre des règlements.

Comment ça fonctionne ?

Lorsqu’il reste moins de quatre minutes au match, on range le chronomètre. Définitivement. À l’arrêt de jeu suivant, on cible un pointage à atteindre. Dans la Ligue canadienne, c’est le nombre de points de l’équipe en tête plus neuf.

Exemple : Montréal mène 100 à 92 contre Ottawa. Le gagnant sera le premier club à atteindre 109 points. Tout simplement. Aussi, chaque équipe n’a droit qu’à deux temps d’arrêt. Fini le tataouinage. Fini le cycle des fautes répétées. Finie la quête du chrono arrêté.

Encore mieux : avec la règle d’Elam, toutes les parties se terminent par un panier gagnant. Au dernier match des Étoiles de la NBA, le gagnant devait atteindre 163 points. C’était 161-160. Le suspense était à son comble lorsque LeBron James a réussi le panier victorieux, au grand plaisir des spectateurs. C’était pas mal plus excitant que de voir un défenseur pourchasser un attaquant pour obtenir une faute…

Le basketball n’est pas le seul sport qui réévalue ses scénarios de fin de partie. Cette démarche s’inscrit dans une démarche plus large.

La Ligue nationale de hockey a adopté les tirs de barrage. Le baseball majeur a modifié son règlement des manches supplémentaires, qui s’amorcent maintenant avec un coureur au deuxième but. Quant au tournoi de tennis de Roland-Garros, il mettra un terme cette année aux matchs marathons, pour les remplacer par un jeu décisif dans les manches ultimes.

Ces solutions sont-elles trop radicales ?

Non. Il faut être de son temps. L’offre télé est beaucoup plus grande aujourd’hui qu’en 1956. Les téléspectateurs sont bombardés de propositions. Leur capacité d’attention diminue. Les ligues doivent réagir – comme elles l’ont toujours fait, d’ailleurs. Et si vous tenez absolument à ce que les sports respectent les règles originales à la lettre, sachez que les basketteurs ne pourraient toujours pas dribbler aujourd’hui…

Le baseball québécois en santé

« Les rumeurs sur ma mort sont grandement exagérées », écrivait Mark Twain. On pourrait affirmer la même chose de la mort trop souvent annoncée du baseball au Québec.

Nos parcs sont pourtant pleins de petits baseballeurs. De 35 000 à 37 000 jeunes Québécois joueront au baseball cet été. C’est le plus haut total depuis les belles saisons des Expos, dans les années 1990. Baseball Québec note aussi une 14e hausse des inscriptions au cours des 15 dernières années.

L’exception ?

Le premier été de la COVID-19, en 2020. Sauf que depuis, le retard a été rattrapé, et il y a maintenant plus de baseballeurs qu’avant la pandémie, souligne fièrement le directeur général de Baseball Québec, Maxime Lamarche.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Jeunes baseballeurs à l’entraînement, dans un parc de Rosemont, l’été dernier

Comment expliquer ce succès épatant ?

« Honnêtement ? Je ne le sais pas ! », confie-t-il en riant. « Avec la mort du projet de retour du baseball majeur à Montréal, j’avais réduit mes attentes. Mais non, les inscriptions continuent d’augmenter. Je pense qu’on a réussi à créer une culture dans laquelle les gens se sentent bien. Les enfants ont hâte de venir au parc, mais les parents aussi. »

La demande est tellement élevée que plusieurs associations ont refusé des joueurs, faute de terrains disponibles. De plus en plus de villes contactent Baseball Québec pour savoir comment rénover leurs terrains, ou même en construire de nouveaux.

« Il y a deux grandes tendances, indique Maxime Lamarche. Dans les villes, il y a un intérêt pour les terrains avec une surface synthétique. Et dans plusieurs petits villages, comme Saint-Colomban, les gens veulent relancer le baseball après 10, 15, 20 ans sans équipe. »

Toujours dans les bonnes nouvelles, deux Québécois connaissent du succès dans les ligues mineures. Charles Leblanc (Marlins de Miami) occupe le deuxième rang du championnat des frappeurs de la Ligue internationale (AAA), avec une moyenne de ,381. Édouard Julien (Twins du Minnesota), lui, affiche la meilleure moyenne de présences sur les buts de son équipe, dans le AA. Des performances inspirantes pour tous nos petits baseballeurs qui rêvent grand, dans un parc près de chez vous.