Si Tom Wilson, des Capitals de Washington, n’avait pas attaqué sauvagement Artemi Panarin l’an dernier, Jeff Gorton serait peut-être encore directeur général des Rangers de New York.

Le propriétaire des Blues Shirts, James Dolan, a fustigé publiquement la LNH, Gorton et son président John Davidson ont tenté de calmer le jeu en coulisses, ce qui n’a soulevé qu’encore davantage l’ire de Dolan.

Le patron a congédié les deux hommes sur le champ, Gorton était donc disponible à l’automne après le départ de Marc Bergevin.

Gorton a sans doute eu un sentiment de déjà-vu s’il a regardé la fin de match entre les Ducks d’Anaheim et les Coyotes de l’Arizona vendredi.

Les incidents qui s’y sont produits ont suscité un débat qui fait encore rage cette semaine. Le propriétaire des Ducks n’a pas réagi comme celui des Rangers, le nouveau DG Pat Verbeek n’est pas menacé, mais on lui reproche désormais d’avoir échangé le redresseur de torts québécois Nicolas Deslauriers pour un choix de troisième ronde en 2023.

Mais cet excès de violence a aussi relancé la discussion sur l’importance de laisser les jeunes joueurs de talent faire preuve de créativité et de les protéger des attaques sauvages.

C’était un match dominé largement par les Ducks en fin de troisième période. Le fabuleux jeune joueur de 21 ans et grand copain de Cole Caufield, Trevor Zegras, y avait réussi en première période un autre de ses buts typiques à la manière d’un joueur de crosse en collant la rondelle sur sa palette de derrière le filet.

Avec quelques minutes à faire dans la rencontre, Zegras a néanmoins un peu trop insisté devant le filet adverse pour obtenir son deuxième but de la soirée. « La rondelle était encore libre », a prétexté le jeune homme après la rencontre. Mais on n’empale pas la jambière du gardien quand on écrase déjà un adversaire 5-0 et qu’il reste moins de cinq minutes dans la partie.

Le vétéran de 36 ans Jay Beagle le lui a fait savoir en l’envoyant cul par-dessus tête avec un double-échec dans le dos. Zegras méritait à la limite un rappel à l’ordre pour son excès d’enthousiasme. On n’humilie pas davantage un adversaire avec une avance de cinq buts et l’issue du match déjà scellée. Zegras n’a pas été blessé sur la séquence et l’affaire aurait dû se terminer ainsi.

Le coéquipier de Zegras, Troy Terry, n’a pas apprécié et l’a signifié à Beagle, sans pour autant jeter les gants. Le vétéran des Coyotes a alors craché toute sa frustration de la soirée.

Du haut de ses 6 pieds 3 pouces et 210 livres, Beagle a mitraillé le meilleur compteur des Ducks de coups. Terry a subi un knockout et quitté la glace le visage ensanglanté. On était toujours incapable de mesurer l’étendue des blessures de Troy Terry quatre jours plus tard en raison de l’enflure toujours présente.

Terry mesure 6 pieds, pèse 180 livres, ne s’était jamais battu auparavant et n’a jamais jeté ses gants devant Beagle.

L’affaire a pris une autre dimension lorsque l’analyste au réseau des Coyotes, Tyson Nash, un ancien joueur de soutien de la Ligue nationale reconnu pour sa pugnacité avant ses habiletés individuelles, a prêté des intentions à Beagle et relié son attaque sur Terry au but spectaculaire de Zegras.

« C’est le problème, parfois, avec ces jeunes joueurs. Tu veux embarrasser les joueurs, tu veux exhiber tes habiletés, tu dois être prêt à recevoir un coup de poing sur la gueule… »

Tandis que Terry se trouve toujours étendu sur la glace, le visage ensanglanté, le meilleur défenseur des Ducks, Cam Fowler, tente de se porter à la défense de son coéquipier, mais il est retenu par un juge de ligne. « J’aimerais le voir à l’œuvre, laissez-le aller, poursuit Nash. J’adore ça. Je suis heureux pour Jay Beagle. C’est un vétéran qui a vu neiger, il voit ces jeunes virevolter autour de lui, avec leurs feintes fantaisistes… »

Tyson Nash, qui se trouvait entre les deux bancs lors du match de vendredi, a tenté d’atténuer ses propos dimanche dans un podcast des Coyotes. Il a précisé qu’il appréciait les habiletés individuelles chez les hockeyeurs de la LNH, et qu’il aurait dû utiliser l’expression « mettre un peu trop de moutarde » en parlant de Zegras au lieu de lui reprocher d’exhiber son talent. « Ce que les gens n’ont pas vu à l’écran, ce sont leurs célébrations excessives après leurs buts, alors qu’ils venaient de subir onze défaites de suite, leurs sourires à l’endroit des joueurs des Coyotes sur le banc, et le coup de bâton sur les jambières du gardien, a-t-il expliqué. Employer l’expression “exhiber son talent” laisse entendre que je n’apprécier pas les habiletés individuelles dans le hockey, ce qui n’est pas le cas. Je ne comprends toujours pas pourquoi Zegras a frappé la jambière du gardien pour récupérer la rondelle à ce stade-ci de la rencontre. »

Les critiques de Terry, 57 points, dont 31 buts, en 64 matchs cette saison, ont rappelé qu’il faut assumer les conséquences de ses actes lorsqu’on cherche à rappeler un adversaire à l’ordre.

L’ancien défenseur de la LNH devenu analyste, Kevin Bieksa, 58 combats en carrière, a pour sa part souligné samedi lors d’un segment à l’entracte de Hockey Night in Canada qu’il aurait souhaité la loi non-écrite du hockey stipulant qu’on ne détruit pas le visage d’un adversaire plus faible et moins menaçant que soi.

Beagle s’est défendu ce week-end d’avoir agressé un adversaire vulnérable. « Au départ, je ne savais pas que c’était Terry, mais il s’est présenté de façon agressive devant moi et c’est une bagarre. Il m’a attaqué. Il faut être responsable de ses gestes. Tu piques le gardien avec ton bâton à 5-0, peu importe ton statut, tu vas recevoir un coup. C’est une loi non-écrite. C’est comme lorsque tu entres dans une mêlée. Il y a une façon d’y entrer en montrant que tu ne veux pas te battre et attendre que les juges de ligne se pointent. J’ai revu la séquence à plusieurs reprises et le juge de ligne n’aurait rien pu y faire. »

Personne ne peut être fier de ce qui s’est produit vendredi en Arizona. En espérant que tous tirent une leçon de ce triste épisode.

Victoire « coûteuse » des Flames… pour Montréal

Les Flames de Calgary ont accentué encore davantage leur avance sur les Kings de Los Angeles au premier rang de la section Pacifique en les battant 3-2 lundi soir. Calgary détient désormais cinq points d’avance sur Los Angeles, avec trois matchs de plus à disputer. Ça n’est pas une bonne nouvelle pour le Canadien qui détient le choix de première ronde des Flames.

Contrairement à ce qui était écrit la veille dans cette chronique, le titre de division compte pour déterminer le classement en prévision du repêchage.

Ainsi même s’il occupe seulement le dixième rang du classement général, Calgary est 29e dans l’ordre du repêchage derrière la Caroline, la Floride et le Colorado. S’il maintient son premier rang dans la division Pacifique et perd néanmoins en première ronde, Montréal ne pourra repêcher avant le 25rang sur 32 avec ce choix.

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