Randy Ambrosie ne soupçonnait sûrement pas que ses cinq premières années à titre de commissaire de la Ligue canadienne de football (LCF) seraient aussi mouvementées. Et qu’il devrait essuyer autant de critiques.

Il y a notamment eu la saga de la vente des Alouettes. Le dossier de la vente des Lions de la Colombie-Britannique, qui a certes été moins problématique que celui des Oiseaux. Un programme de mondialisation, qui est en quelque sorte le bébé d’Ambrosie, qui n’a jamais fait l’unanimité au sein même de la ligue. Puis la pandémie, qui a presque achevé la ligue…

Il y a un peu moins de deux ans, l’avenir même de la LCF semblait effectivement menacé. Ambrosie croit maintenant que la tempête est derrière sa ligue et que des temps plus heureux (et plus rentables) pointent à l’horizon.

« La pandémie a mis de la pression sur tout le monde. Les familles, dont plusieurs ont grandement souffert, le réseau de la santé, les entreprises, on a tous vécu des moments difficiles. Mais grâce au caractère des gouverneurs d’équipe, qui ont travaillé d’arrache-pied, et à nos joueurs, qui ont également fait leur part, notre ligue est en meilleure santé qu’elle l’était », a affirmé Ambrosie.

« Je ne crois pas que ce soit de voir l’avenir avec des lunettes roses, il y a vraiment lieu d’être optimistes, et pour plusieurs raisons. On devra travailler fort, mais selon moi, notre avenir est prometteur », a estimé Ambrosie, qui a été forcé d’annuler un séjour à Montréal après avoir contracté la COVID-19 au cours des derniers jours.

Parmi les facteurs qui donnent de l’espoir à Ambrosie, la légalisation du pari sportif est peut-être au sommet de la liste. Il devrait normalement servir à améliorer significativement les cotes d’écoute, et c’est sans parler des revenus publicitaires qui proviennent des casinos et autres maisons de jeux virtuelles.

« On le dit depuis que le gouvernement fédéral a légalisé les paris à match unique. Le pari sportif pourrait avoir un impact considérable sur l’engagement des partisans. On ne veut voir aucun de nos partisans parier l’argent de l’épicerie ou de l’hypothèque sur nos matchs, bien évidemment, mais est-ce que j’aimerais voir des centaines de milliers de partisans parier de petits montants sur nos matchs ? Certainement.

« Si ça rend le match un peu plus intéressant pour eux et que ces partisans se sentent plus impliqués, pourquoi pas ? Et on s’attend à ce que ce soit le cas. Nos espoirs sont très élevés que le pari sportif ait un grand impact positif sur notre ligue. »

Un partage des revenus

Un autre élément qui alimente l’optimisme d’Ambrosie et de la LCF est le nouveau modèle de partage des revenus en place. Les détails de celui-ci ne sont pas connus, mais le commissaire a confirmé que certaines équipes obtiendraient dorénavant une aide financière.

« Je suis très fier de ça. C’est l’une des choses sur lesquelles nos gouverneurs ont beaucoup travaillé durant la pandémie. On a élaboré un plan pour le partage des revenus qui aidera à donner de la stabilité à nos équipes. Celles qui sont en meilleure santé financière aideront nos équipes qui connaissent des difficultés, notamment en leur donnant des façons de générer des revenus. »

Il y a eu plusieurs tentatives qui ont échoué par le passé, alors je suis très fier et heureux d’avoir contribué à ce système de partage des revenus.

Randy Ambrosie, commissaire d ela LCF

Effectivement, on pourra parler d’une très belle réussite si le système est efficace. Un partage des revenus semblait être essentiel afin d’assurer la survie d’une ligue aussi fragile et disparate sur le plan des revenus. Tandis que les Roughriders de la Saskatchewan remplissent leur stade à tous les matchs, les Argonauts de Toronto jouent devant des gradins dégarnis depuis quelques décennies déjà. Ne serait-ce que pour cette raison, Ambrosie a d’ailleurs sûrement eu à tricoter longtemps afin de parvenir à implanter un tel partage des revenus.

Bien que son bilan soit mitigé après cinq ans, Ambrosie a sûrement été la cible de critiques un peu trop souvent au cours des dernières années. Pas si simple de devoir satisfaire neuf équipes aux réalités souvent très différentes les unes des autres…

« L’une des choses que j’ai apprises au cours des cinq dernières années, c’est que cet emploi nécessite une forme de leadership très différente des autres emplois que j’ai occupés dans ma carrière. Ce n’est pas un travail dans lequel on contrôle tout et où l’on gère toujours à sa guise. Il faut savoir bien écouter les gens et comprendre que la réalité des neuf gouverneurs et présidents d’équipe diffère.

« La clé, c’est d’identifier les thèmes qui rassemblent toutes les équipes et de construire sur ça. On doit écouter les idées de tous, puis les transformer en stratégies. »

Pas de fusion en vue

Il serait illogique de dire le contraire ouvertement, mais l’idée d’unir ses forces avec l’une des nouvelles ligues printanières américaines, que ce soit la XFL ou la USFL, n’est plus sur la table pour la LCF. Ambrosie soutient qu’il n’y a plus de division à cet égard au sein des troupes.

Or, selon nos informations, environ la moitié des équipes du circuit serait ouverte à avoir des pourparlers avec une ou d’autres ligues, tandis que l’autre moitié souhaiterait le statu quo. Autrement dit, l’Est d’un côté, l’Ouest de l’autre…

« Ce que j’ai senti au cours des dernières semaines, c’est que nos équipes étaient toutes très passionnées et unies. On veut tous que notre jeu soit le football le plus rapide, le plus amusant et le plus excitant au monde. C’est la vision que partage chacune de nos neuf équipes.

« Je pense que nos liens sont tissés plus serré que jamais. On est très unis actuellement, et notre seul et unique objectif est de construire la meilleure LCF que l’on peut pour attirer une nouvelle clientèle », a dit l’ancien joueur de ligne offensive.

Ambrosie a toutefois avoué que la LCF songeait sérieusement à devancer le début de sa saison d’au moins quelques semaines au cours des prochaines années.

« Il y a effectivement eu des discussions à ce sujet. On continue de parler d’expansion et de l’ajout d’une 10équipe, ce qui changerait considérablement la donne sur le plan de notre calendrier. Parce qu’on a actuellement un nombre impair d’équipes, chaque club est en congé durant trois semaines au cours de la saison. Ce ne serait plus le cas avec 10 équipes, on pourrait donc réduire la durée de notre calendrier de quelques semaines.

« L’idée de finir notre saison plus tôt et de pouvoir ainsi disputer plus de matchs alors que la météo est encore clémente a beaucoup de soutien au sein de la ligue. Aucune décision n’a été prise, mais je pense qu’il y aurait moyen de faire plaisir à presque tout le monde. »

Québec : un excellent marché

Cette potentielle 10équipe serait établie dans les Maritimes, fort probablement à Halifax. Le dossier des Maritimes n’avance toutefois pas très rapidement, la pandémie l’ayant ralenti encore plus.

Mais si ça ne fonctionne pas en Nouvelle-Écosse, la ville de Québec pourrait-elle être candidate pour devenir cette 10franchise ?

« On a encore de très bonnes discussions quant à une éventuelle équipe dans les Maritimes, on aimerait que les gens des provinces atlantiques puissent faire partie de notre grande famille. Cela dit, il n’y a aucun doute que Québec est un excellent marché de sport.

« J’ai eu la chance de rencontrer M. [Jacques] Tanguay lors d’un match du Rouge et Or de l’Université Laval en 2019 et j’ai pu constater jusqu’à quel point les partisans de Québec étaient des amateurs de sport passionnés. On n’a pas eu de discussions formelles au sujet d’une expansion à Québec parce qu’on avait plusieurs dossiers sur la table, mais je peux dire aux gens de Québec que leur ville a énormément de potentiel pour accueillir une franchise de la LCF un jour. »

Quant aux Alouettes, la lecture de la situation que fait Ambrosie est similaire à celle qu’il fait de la ligue dans son ensemble.

« Il faut d’abord remercier Gary Stern et sa famille pour leur soutien en tant que propriétaires. Danny Maciocia et Khari Jones font du bon travail, et je suis un très grand fan de Mario Cecchini et du boulot qu’il a accompli jusqu’à maintenant. Je pense que c’est une brillante décision de tenir le camp d’entraînement à Trois-Rivières. On a eu la chance de voir le plan d’affaire des Alouettes récemment et j’ai été très impressionné par leurs stratégies. Le club a un bel avenir devant lui. »