Il s’est passé quelque chose d’étrange au Centre Bell, jeudi en fin de soirée, au moment où la dernière sirène confirmait une victoire des Panthers : les gens se sont mis à applaudir.

Des partisans montréalais heureux dans la défaite, on va se le dire, on ne voit pas ça souvent. De mémoire, les saisons mauvaises comme celle-ci ont l’habitude de provoquer d’autres genres de réactions. Ça peut aller des sacs bruns sur la tête, aux gars qui ont dépassé le.08 dans les hauteurs et qui hurlent que tel joueur est un pourri et que tel autre ne vaut pas un fifrelin.

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Mais alors, pourquoi toute cette joie et cette bonne humeur dans la bâtisse alors que c’est la visite de la Floride qui a récolté une victoire de 4 à 3 ?

Laissons Martin St-Louis répondre pour nous.

« Je pense que les gens apprécient notre effort et aussi le style de jeu qu’on pratique, a-t-il dit en fin de soirée jeudi. C’est rare qu’on est pas compétitifs lors d’un match. Pour nous, c’est le fun de constater l’appui des fans. On a joué contre une bonne équipe et on s’est très bien battus. Ce n’est pas le résultat qu’on voulait, mais c’est le fun à jouer ce genre de match, à diriger ce genre de match. »

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PHOTO FRANÇOIS ROY/LA PRESSE MONTRÉAL P-SPO-2022-03-23-27187 Entrainement du Canadien de Montréal au Complexe sportif Bell. Sur la photo, l’entraineur Martin St-Louis. 23-03-2022

L’effet Martin St-Louis, c’est un peu ça, entre autres choses : il est derrière le banc d’une équipe qui n’abandonne pas, un trait de caractère qui rappelle sa propre carrière à lui, le joueur trop petit, à qui on a souvent dit non très souvent, mais qui a fini sa vie de hockeyeur avec un total de 1033 points dans cette ligue.

Tout ça est très contagieux, à ce qu’il paraît.

« La confiance, c’est une chose, c’est sûr que ça fait une grande différence, a expliqué l’attaquant Paul Byron. Cette confiance fait en sorte qu’on peut gagner à chaque fois, et le style de jeu qu’on pratique, c’est tellement mieux qu’avant.

« Je ne crois pas qu’on est aussi mauvais qu’on l’a été en début de saison, et je ne crois pas que personne pense qu’on est si mauvais non plus. On a des bons joueurs ici, on a un bon groupe sur lequel on peut bâtir. Il faut oublier de quoi on a eu l’air en novembre, en décembre et en janvier, et nous concentrer sur ce que l’on fait en ce moment. »

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Jake Allen

Alors oui, le fun est pris dans la place, et oui, tout est fabuleux. Mais malgré tout ça, malgré les victoires morales et la vague au Centre Bell et le nombre de fois que le Canadien passe proche, ce club-là est encore à la même place, c’est-à-dire dernier au classement général de la ligue.

Dans le présent contexte, sans pression et sans attentes aucunes, ça va, tout le monde ne veut que s’amuser et rêver à Shane Wright. Mais en octobre, par exemple ? Va-t-on continuer à danser avec le sourire si les défaites s’accumulent au même rythme ? « Je le sais pas, on est pas en octobre », s’est contenté de répondre Martin St-Louis, de toute évidence pas un fan des boules de cristal.

Joel Edmundson, lui, n’y voit que du beau.

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Joel Edmundson met en échec Carter Verhaeghe

« On sait qu’on ne va pas participer aux séries, alors il faut faire de la place aux plus jeunes, a expliqué le vétéran défenseur. Si on peut leur donner du temps de jeu, ça va leur être bénéfique… Aussi, on a démontré qu’on peut tenir tête à n’importe quelle équipe dans cette ligue. Il y a deux mois, on n’aurait pas pu dire ça, mais maintenant, on donne du fil à retordre è toutes les équipes qu’on affronte. »

Le reste du calendrier va servir à ça : préparer octobre, et tenter, un jour, d’éviter des matchs où la 32e place du classement général est à l’enjeu.

Ce ne sera pas toujours aussi festif au Centre Bell, mais au moins, si cette équipe continue de jouer à la manière de son entraîneur, elle sera toujours dans le coup.

En hausse : Jake Evans

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Jake Evans



Un autre but pour lui, et aussi l’une de ses meilleures performances de la saison.

En baisse : Laurent Dauphin

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Laurent Dauphin

On ne l’a pas vu beaucoup, mais ça semble aller un peu trop vite pour lui depuis quelques matchs.

Le chiffre

5

Le nombre de points récoltés par Alexander Romanov à ses 7 derniers matchs.

Dans le détail

Romanov s’impose

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Alexander Romanov

Ça se passait déjà bien pour Alexander Romanov depuis quelques semaines, mais à la suite des départs de Ben Chiarot et de Brett Kulak, les regards se tournent plus que jamais vers lui. Le Russe a disputé un excellent match, lui qui a passé l’essentiel de sa soirée contre les deux premiers trios des Panthers. Il été le défenseur le plus utilisé de son club (22 min 52 s), bloquant six tirs et dirigeant lui-même quatre rondelles vers le filet. C’est d’ailleurs son lancer de la pointe qui a mené au but de Jake Evans. Ses exploits n’ont pas échappé à son entraîneur. « Il voit la glace en entier, a souligné Martin St-Louis. Avant, il regardait davantage ce qu’il y avait devant lui, et c’est pour ça qu’il dispute des matchs plus “complets” maintenant. » D’une manière générale, St-Louis le trouve « plus calme » et salue qu’il « ne cherche pas toujours la grosse mise en échec ». « Il lit mieux le jeu », a-t-il résumé. Romanov pourrait être encore davantage mis à contribution au cours des prochains matchs, puisque Jeff Petry, blessé au « bas du corps », a quitté la rencontre en deuxième période. Son cas sera réévalué au cours des prochains jours.

En attendant Chiarot

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Ben Chiarot

Un calendrier capricieux pour les Panthers jumelé à un problème de visa ont empêché Ben Chiarot de rejoindre ses nouveaux coéquipiers avant jeudi, lui qui avait pourtant été échangé plus d’une semaine plus tôt. Il s’est donc contenté d’une séance matinale de patinage avant d’amorcer un match dans l’uniforme des chats de la jungle. Le personnel d’entraîneurs n’a toutefois pas cherché à le ménager en lui confiant plus de 22 minutes de temps de glace, ce qui a fait de lui le deuxième défenseur le plus occupé de son camp après MacKenzie Weegar. Chiarot a expliqué que le défi pour lui n’avait pas tant été de s’adapter à une nouvelle équipe que de chasser la rouille, après 11 jours sans jouer. Il a trouvé dans le vestiaire des Panthers une bonne dose d’enthousiasme et de « bonne énergie ». « Les gars sont fébriles de jouer, a-t-il dit. Il y a beaucoup de bons signes d’une bonne équipe. » ll a notamment vanté la « fébrilité » qui habite ce groupe à ce stade de la saison. L’Ontarien a par ailleurs obtenu son premier point sur le but d’Anthony Duclair, en deuxième période.

Attaque à cinq épeurante

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Jonathan Huberdeau

On avait fait grand cas, en matinée, de la première vague d’avantage numérique des Panthers qui, en l’absence d’Aaron Ekblad, était composée de cinq attaquants. Et pas n’importe lesquels : Jonathan Huberdeau, Aleksander Barkov, Claude Giroux, Sam Reinhart et Anthony Duclair. L’expérience a été… mitigée. Les patineurs se sont bien échangé la rondelle, mais n’ont obtenu aucun tir sur le filet défendu par Jake Allen. Pire : ils ont été sur la glace pour trois tirs du Canadien. Cette unité a finalement marqué un but au troisième vingt, mais MacKenzie Weegar occupait le poste de Duclair. « On s’attendait totalement à ça », a affirmé l’entraîneur-chef Andrew Brunette après le match. « Ce sont des joueurs généreux, ils voulaient faire produire Giroux, et Giroux voulait leur rendre la pareille. Ça ira de mieux en mieux pour eux. » Anthony Duclair, lui, s’est montré autrement plus emballé. « Jouer avec ces quatre gars, qui ont tellement de talent, c’est le plus de fun que j’ai eu depuis longtemps, a dit le Québécois. On veut que ça marche, il faut continuer à trouver notre chimie. Avec tout ce talent, on peut faire du dommage. »

Ils ont dit

Les Panthers ont l’une des bonnes équipes de la ligue, et je crois que nos jeunes joueurs ont fait du bon travail… Des matchs comme ceux-là sont physiques et rapides et intenses, et on apprend dans ces genres de matchs.

Joel Edmundson

Je dirais que c’est plus difficile de nous affronter maintenant. On ne donne pas tant d’espace à l’adversaire et nos gardiens sont très bons. Quand tu peux réussir ce genre de performance, tu vas être dans le coup chaque fois.

Mike Hoffman

Jake Allen a joué de manière incroyable, et qui sait, avec un bond favorable à la fin, on aurait pu égaliser le score.

Paul Byron

Ça ne revient pas qu’à moi, car il y a beaucoup de joueurs dans l’équipe qui connaissent du succès. Jouer avec des gars comme Huberdeau, Barkov, Bennett, ça aide beaucoup. Chaque soir, on s’amuse sur la glace.

Anthony Duclair

Notre principal défi, pendant les dernières semaines de la saison, sera de fermer le jeu et de conclure les matchs sur une bonne note. C’est tellement important pour entrer en séries éliminatoires. Il faut être capable de le faire, sinon on n’ira pas loin. Ce sera un élément sur lequel on va se concentrer […] L’ovation que j’ai reçue [en première période] était très touchante. Je pense avoir réussi à trouver ma concentration par la suite. C’était vraiment bien.

Ben Chiarot