En montant sur la petite estrade de la salle de presse, mercredi midi à Brossard, Justin Barron a prononcé la phrase la plus importante de sa jeune carrière à titre de membre du Canadien.

« Bonjour, tout le monde », a-t-il lancé en souriant, avec toute la confiance d’un jeune homme qui aurait passé une vie à étudier Sartre, Foucault et Gerry Boulet, peut-être pas dans cet ordre. Un peu plus loin, il s’est risqué à une réponse complète en français, avant de passer à l’anglais, pour des raisons de confort, a-t-il expliqué.

Voilà pour la question linguistique. En ce qui concerne les questions de hockey, eh bien, c’est autrement plus compliqué.

Car ni Martin St-Louis ni Barron lui-même ne savent s’il jouera un premier match ce jeudi soir avec le Canadien, qui va accueillir les Panthers de la Floride. En fait, personne ne sait rien, s’il jouera ici ou non, ou avec qui, et s’il jouera peut-être plus tard à Laval avec le Rocket.

« Les gens du Canadien m’ont demandé de me rapporter ici, et je veux juste faire une bonne première impression, a-t-il expliqué au centre de Brossard. Le but, c’est de prendre part à un match… je ne suis pas certain si je vais jouer jeudi ou pas. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Justin Barron

Ce qui est plus certain dans le grand ordre des choses, c’est que la direction du Canadien fonde d’immenses espoirs en ce jeune homme, acquis lundi de l’Avalanche du Colorado, dans le cadre d’un troc qui a envoyé Artturi Lehkonen à Denver.

Barron, faut-il le rappeler, est un ancien choix de premier tour, un défenseur droitier de 20 ans qui a disputé deux matchs dans la LNH, et qui en était à une saison de 20 points en 43 matchs dans la Ligue américaine avant ce déménagement.

On lui a remis le numéro 52, ayant entre autres appartenu au sympathique Craig Rivet, mais le principal intéressé vise un peu plus haut : son modèle est Alex Pietrangelo, défenseur des Golden Knights de Vegas qui est capable de tout faire, et puis ça tombe bien, parce que Barron espère lui aussi être capable de tout faire. Dans cette ligue, en tout cas.

« Je pense que mon patin est très bon, et j’en retire une grande fierté, a-t-il précisé. J’estime offrir mes meilleures performances lorsque mon jeu de pieds est à point. »

C’est ce coup de patin qui me permet de jouer un style de jeu que nous pourrions qualifier de complet, si je puis dire.

Justin Barron

Détail à ne pas négliger dans cette histoire : le jeune homme est content d’être ici, peut-être pour l’offre culinaire montréalaise, dont la réputation n’est plus à faire, mais en premier pour des raisons d’avancement ; au Colorado, coincé quelque part dans l’organigramme de la meilleure formation du circuit, l’accès au grand vestiaire allait être plus long.

Ici ? Eh bien ici, avec la situation que l’on sait, ça pourrait aller un peu plus vite.

« Il y a beaucoup de profondeur dans l’équipe au Colorado, a-t-il ajouté. J’ai eu la chance de pouvoir disputer deux matchs là-bas cette saison, et avec le Canadien, j’espère avoir la chance de jouer des matchs cette saison et aussi de me préparer en vue de la saison prochaine. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Martin St-Louis

St-Louis, de son côté, n’a pas tenu à dévoiler de grands secrets, mais il a tout de même admis qu’un tel joueur est plus facile à évaluer dans un match que lors d’un entraînement, ce qui laisse croire que Barron pourrait bien être vu sur la glace du Centre Bell sous peu.

« C’est plus facile de bâtir quelque chose avec des bons joueurs, a expliqué l’entraîneur-chef. Kent [Hughes] et Jeff [Gorton] ont remarqué quelque chose avec ce joueur-là. On va voir comment il va utiliser ses atouts avec nous. »

Ce « on va voir » s’applique autant à l’autre nouveau, le défenseur William Lagesson, qui est arrivé ici à la suite de la transaction qui a envoyé Brett Kulak à Edmonton.

À 26 ans, cet ancien choix de quatrième tour ne provoque pas le même engouement que son nouveau jeune coéquipier, mais il vient tout de même de disputer 30 matchs avec les Oilers. « Je cadre bien avec l’équipe ici, et je suis enthousiaste à l’idée de montrer ce que je peux faire… C’est une belle occasion pour moi », a-t-il lancé.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

William Lagesson

Alors voilà. Il reste maintenant 19 matchs à la saison du Canadien, et cette fois, il n’y aura pas de miracles et pas de printemps magique. Mais St-Louis estime qu’il y a au moins une chose : un avenir qui annonce des jours meilleurs.

« J’aime ce qu’on essaie de bâtir, a-t-il répondu. On a perdu des joueurs, mais on continue. Il y aura moins de changements maintenant, puisque la date limite des transactions est derrière nous. On veut tous du succès à long terme, pas juste du succès sur deux mois ou deux ans. On veut du succès pour longtemps. »

Pas de Suzuki, pas de Drouin… et pas de Price

Nick Suzuki et Jonathan Drouin n’étaient pas à l’entraînement du Canadien, mercredi à Brossard, pas plus que Carey Price. Les deux premiers se sont absentés pour des traitements, et Martin St-Louis n’a pu dire s’ils allaient pouvoir jouer jeudi soir au Centre Bell. En ce qui concerne le gardien vedette, c’est la maladie qui l’a tenu à l’écart cette fois-ci, mais ce n’est pas la COVID-19, selon ce qui a été précisé par l’équipe. Ajoutons de plus que l’attaquant Brendan Gallagher, absent lors des deux derniers matchs du Canadien, est officiellement de retour dans l’entourage du club, mais il n’était guère sur la glace lors de l’entraînement de mardi.