Le prolongement de la ligne bleue du métro, la Sagrada Família, la toilette des médias au centre d’entraînement du Canadien, hors d’usage depuis novembre : autant de chantiers dont on ne semble jamais voir le bout.

Il y a quelques semaines, on aurait pu ajouter le retour de Joel Edmundson à cette liste d’œuvres inachevées. Mais l’attente semble tirer à sa fin. Edmundson était de nouveau de l’entraînement de vendredi et il a effectué quelques exercices à la gauche de Chris Wideman. Martin St-Louis n’a pas voulu confirmer son retour, mais on sent le dénouement imminent.

Un rappel des péripéties :

  • Le 23 septembre, au jour 1 du camp, Dominique Ducharme affirme que ce n’est « pas quelque chose qui est très long », en parlant de sa blessure dont la nature n’était pas dévoilée ;
  • Le 6 octobre, « on s’attend à ce que ce soit plus deux ou trois semaines », disait l’ancien entraîneur-chef du CH ;
  • Le 17 novembre, on nous annonce une participation prochaine aux entraînements matinaux ;
  • Puis, le 6 décembre, il était question d’un joueur pratiquement revenu « à la case départ », en raison d’une blessure au dos.

Ça n’a pas empêché Edmundson d’exercer un ascendant sur son équipe. Les fameuses photos des recrues du CH habillées en hommes-grenouilles ? C’était son initiative. La musique qui enterrait les joueurs dans leurs entrevues après une victoire à Ottawa il y a deux semaines ? Également l’œuvre du grand numéro 44.

Pour preuve de son ascendant, prenez les commentaires de Chris Wideman, pourtant un nouveau venu.

Son impact dans l’équipe, même s’il n’a pas joué, a été incroyable. Il a été blessé, il a connu une saison éprouvante. Mais je le vois depuis quelques mois et c’est tout un gars. C’est comme un frère, et il traite tout le monde comme s’ils étaient ses frères.

Chris Wideman

Coéquipier apprécié

Edmundson a fait partie des héros obscurs de la saison 2021 du CH. L’affection que lui portaient ses coéquipiers, qui le surnommaient Steady Eddy, était perceptible. Si Jeff Petry a présenté les meilleures statistiques de sa carrière l’an dernier, c’est notamment grâce à lui.

Avec Edmundson sur la patinoire, à cinq contre cinq, le Tricolore avait marqué 45 buts, contre seulement 27 buts pour l’adversaire. Ce ratio de 62,5 % de buts marqués était le deuxième de l’équipe, derrière Brendan Gallagher. Il jouait en moyenne 20 min 3 s par match.

C’est donc ce joueur qui a manqué au CH cette saison, en partie en raison de maux de dos, en partie aussi en raison d’un drame familial, puisque son père, Bob, s’est éteint début janvier.

Son retour éventuel enchante donc ses coéquipiers.

« J’ai des frissons quand j’entends ça, a carrément dit Josh Anderson. Eddy a tout un impact sur notre équipe. Ç’a été une saison difficile sur la glace et à l’extérieur pour lui. Mais de le revoir sur le même horaire que nous, ça m’enthousiasme. Les gars ont hâte à son retour. »

Décisions « difficiles »

Les joueurs font bien de s’emballer, car les moments de réjouissance seront rares à l’approche de la date limite des transactions.

Le problème, c’est que l’équipe que l’on s’attendait à voir dynamitée a bien meilleure mine depuis l’arrivée de St-Louis derrière le banc. C’est d’ailleurs ce qui a mené à un commentaire intéressant d’Anderson, interrogé sur la possibilité qu’il fasse partie des joueurs échangés.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Josh Anderson

Je n’ai pas signé un contrat de sept ans pour être échangé pendant la deuxième saison. J’adore chaque seconde de mon expérience ici. C’est une business, évidemment, et personne n’est à l’abri de changements. Mais avec nos performances récentes, il faut rester positif. Je pense qu’on rend difficiles les décisions de la direction.

Josh Anderson

Le commentaire d’Anderson est intéressant parce que comme Edmundson, comme Tyler Toffoli (échangé depuis), comme Gallagher et Petry, il s’est engagé à long terme avec le CH à l’automne 2020, en acceptant la vision proposée par Marc Bergevin. On devine que cette vision n’impliquait pas une saison 2021-2022 dans la cave et une reconstruction.

Sauf que la froide réalité étant ce qu’elle est, Kent Hughes n’a pas à respecter ce que l’ancien régime a promis. Anderson doit donc se préparer à dire au revoir à des coéquipiers. En entrevue avec notre collègue Eric Engels, de Sportsnet, Hughes a réitéré que Ben Chiarot serait échangé d’ici au 21 mars.

Une autre de ces cibles potentielles est Artturi Lehkonen. Avec sa renaissance offensive et son contrat qui arrivera à échéance l’été prochain, il est évidemment un joueur attrayant. Après 13 matchs cette saison, il comptait un petit point. Le voici avec 27 points à ses 41 derniers matchs.

« Lehky est un de mes très bons amis. J’ai toujours aimé jouer avec lui, a souligné l’attaquant Jake Evans. Hors glace, il a toujours du plaisir. Il a été très bon cette saison, il reste défensivement responsable et il obtient des chances de marquer. Et il travaille fort. »

Comme Edmundson et Chiarot, Lehkonen est un de ces joueurs ayant un ascendant sur le groupe, principalement par ses habitudes de travail. Son sens de l’humour est aussi souvent évoqué, bien qu’à cet égard, on doive croire les joueurs sur parole.

Edmundson ne partira pas, mais d’autres feront leurs valises. Au-delà des chiffres et des performances, les décisions que prendra le directeur général du Canadien auront aussi des effets sur la dynamique du groupe. C’est Hughes lui-même qui, en entrevue avec La Presse en janvier, évoquait un manque de leadership.

Au moment où Edmundson s’approche d’un retour, où les rumeurs s’intensifient autour de Lehkonen, il sera intéressant de voir comment l’aspect humain comptera dans les décisions à venir.

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    Fiche du Canadien depuis l’arrivée de Martin St-Louis derrière le banc