Jason Pominville est triste pour les Sabres de Buffalo, équipe dont il a été capitaine.

Les Sabres sont derniers au classement général, loin derrière la 30e équipe, ils rateront les séries éliminatoires pour la 10e saison de suite et les tuiles ne cessent de leur tomber sur la tête.

Le plus récent scandale : leur annonceur maison vient d’être congédié pour propos racistes…

« Le plus décevant à mes yeux, ce sont les critiques à l’endroit des propriétaires, Terry Pegula et sa femme, Kim. Ils ne méritent pas ça. Ils traitent tellement bien leurs joueurs. Ils achètent l’équipe, ils rénovent entièrement le vestiaire, ils dépensent des millions pour des agents libres, les infrastructures, ils achètent les Bills, ils revitalisent le centre-ville de Buffalo, et de ne pas avoir de résultats, ça doit les fatiguer. »

Pominville a terminé sa carrière à Buffalo entre 2017 et 2019, après cinq ans chez le Wild du Minnesota. Il a disputé les huit premières saisons de sa carrière avec les Sabres. Il a profité de la bonté des Pegula.

« Ils ont un yacht, et quand ils passaient dans le Vieux-Port de Montréal, ils appelaient les joueurs qui sont à Montréal pour les inviter à souper à bord. Ils ont tellement bien traité ma famille lors de mon 1000e match. Ils veulent tellement te rendre le métier plus facile. »

PHOTO TIMOTHY T. LUDWIG, USA TODAY SPORTS

Les joueurs de Don Granato n'ont inscrit qu'une seule victoire dans les 20 derniers matchs.

Ç'a toujours été plus difficile d’attirer des agents libres à Buffalo, mais tranquillement, il commençait à y en avoir plus. Les Bills ont du succès, mais ça ne marche pas avec les Sabres.

Jason Pominville

L’instabilité nuit beaucoup aux Sabres, estime le Québécois, de retour au Québec pour y vivre.

« [Le DG] Darcy Regier et [l’entraîneur] Lindy Ruff ont été en poste longtemps. Ç’a été plus difficile récemment. Ils ont changé souvent d’entraîneur et de directeur général. Jack Eichel a eu combien d’entraîneurs jusqu’à maintenant ? Quatre ? Les gars ont gagné dans les rangs juniors ou la NCAA, mais gagner dans la LNH est différent. La plupart des joueurs dans la formation n’ont rien vu d’autre que perdre. »

Jason Pominville a évité des années difficiles en étant échangé au Wild du Minnesota contre le jeune gardien Matt Hackett, Johan Larsson et un choix de premier tour en avril 2013. Hackett et Larsson n’ont pas connu une grande carrière à Buffalo. Le choix de premier tour, Nikita Zadorov, a servi d’appât avec Mikhail Grigorenko et J.T. Compher dans l’acquisition de Ryan O’Reilly en juin 2015.

« J’ai eu de belles années à Buffalo. En étant un peu égoïste, j’ai été chanceux de partir au moment où ils commençaient la reconstruction. Ryan Miller et Thomas Vanek ont suivi. J’ai pu rejoindre une bonne équipe et jouer dans les séries éliminatoires avec de bons joueurs pendant beaucoup d’années au Minnesota. Mais revenir en fin de carrière a été incroyable. Je serais même resté plus longtemps, mais on ne m’a pas offert de contrat. Je n’en veux pas à Jason Botterill, nous avons une bonne relation, j’ai joué avec lui dans la Ligue américaine, s’il avait pu prolonger ma carrière, il l’aurait fait. »

Des pertes qui font mal

Deux pertes ont fait mal aux Sabres : Ryan Miller, en 2014, puis Ryan O’Reilly, des années plus tard, estime Pominville.

« Ryan Miller est le meilleur gardien avec lequel j’ai joué. Mais ils voulaient rebâtir et je ne crois pas que Ryan aurait voulu participer à une reconstruction. Je suis vendu à lui parce que j’ai joué avec lui longtemps, même dans la Ligue américaine. C’était un joueur dominant, il pouvait voler des matchs. C’était une année folle, la saison où il a gagné le Vézina et participé aux Olympiques. De tels gardiens sont difficiles à remplacer. Ça n’est pas évident d’aller chercher un Vasilevskiy, un Price ou un Miller. »

Le départ de Ryan O’Reilly, échangé aux Blues de St. Louis en juillet 2018 contre Patrik Berglund, Tage Thompson, Vladimir Sobotka, un choix de premier tour en 2019 (Ryan Johnson) et de deuxième tour en 2021, a surtout fait mal à Eichel, selon Pominville.

« O’Reilly pouvait prendre les minutes difficiles et permettre à Eichel de respirer à l’occasion. À domicile, avec le dernier changement, il n’avait pas à affronter les meilleurs trios et les meilleurs duos de défenseurs adverses. Le deuxième joueur de centre est dur à remplacer. Ça fait mal. Eichel est obligé de jouer les minutes difficiles tout le temps. Il a du talent, c’est sûr, et sa production a augmenté l’an dernier, mais ça n’est pas un travail facile quand toute la pression est sur toi. Tous les médias sont après lui. »

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Jack Eichel

Eichel n’est pas encore au niveau des centres les plus complets de la ligue, croit Pominville.

« Ce n’est pas tout le monde qui est capable de faire ce que Patrice Bergeron fait. Lui, à l’étranger comme à domicile, il affronte les meilleurs trios, il doit les neutraliser et produire à la fois. Ce n’est pas évident de garder une telle constance à long terme. Il est mieux entouré aussi avec Marchand, Pastrnak et, pendant de nombreuses années, Chara. Eichel n’a pas ça à Buffalo. »

Il manque aussi aux Sabres des joueurs de caractère.

« Ils sont tous talentueux, mais un peu pareils, avec Olofsson, Skinner, Eichel, Reinhart. Le Canadien est allé chercher Josh Anderson. Il était peut-être un peu moins connu, mais les gars qui l’ont affronté savent à quel point il est fatigant. Il patine, il est toujours dans ta face, il est robuste, ils sont durs à trouver, ceux-là. Tampa en a acquis aussi, St. Louis en avait quand ils ont gagné. Ils sont tous pesants sur la rondelle. »

Un retour dans le hockey?

Depuis sa retraite, Pominville est rentré au Québec, dans son coin à Repentigny. Il consacre plus de temps à ses jeunes enfants et agit comme entraîneurs auprès de jeunes hockeyeurs dans un programme de sports-études.

Il ne dit pas non à un retour dans le monde du hockey. « Quand Jason Botterill était encore en poste à Buffalo, il m’avait dit de lui faire signe quand je serais prêt. Je ne l’ai pas relancé. Je voulais passer plus de temps près de la famille, ce que je ne pouvais pas toujours faire quand je jouais. »

Et si Joël Bouchard l’appelait en renfort pour le Rocket de Laval ?

J’ai vu que Frank [Bouillon] était allé aider. Laval, c’est proche. Je connais Joël. On a joué des tournois de hockey pour la caravane. On s’échange des textos à l’occasion. Ça pourrait être intéressant, mais les nombreux voyages, c’est une situation plus délicate pour l’instant. Mais je ne ferme jamais les portes.

Jason Pominville

Quels seraient ses meilleurs atouts comme entraîneur ?

« Quand je jouais, on se cachait presque pour ne pas croiser le coach et le DG. Quand le coach voulait te parler, c’était négatif. Aujourd’hui, les kids veulent de l’information. L’approche est complètement différente. Tu le réalises plus en fin de carrière avec la nouvelle génération. J’ai apprécié ça comme joueur les dernières années, je n’apprenais pas mon retrait de la formation simplement en voyant les noms au tableau. Ça n’est pas difficile à faire pour les entraîneurs. J’ai toujours été un gars offensif, mais je jouais aussi dans les situations défensives. Je serais un bon communicateur. »

Le message est lancé. En voilà un qui pourra un jour aider une formation professionnelle.