Pour ceux qui se poseraient encore la question, la NCAA, dans laquelle évolue deux des meilleurs espoirs du Canadien, Cole Caufield et Jordan Harris, n’est pas une ligue de deuxième ordre.

Prenons seulement les six derniers repêchages de la LNH : 42 choix de première ronde sont passés par la NCAA ou y évoluent, parmi lesquels Jack Eichel, Cale Makar, Zach Werenski, Quinn Hughes, Charlie McAvoy, Brady Tkachuk, Joel Farabee, Brock Boeser et Clayton Keller.

Il s’agit de 23 % de tous les choix de première ronde, dans une ligue où l’on pige désormais partout, au Canada, bien sûr, aux États-Unis, en Suède, en Russie, en Finlande et même au Danemark, en Allemagne et en Slovénie !

On retrouvait 11 anciens de la NCAA dans le match de mercredi soir entre les Jets et le Canadien : Jeff Petry et Jake Evans chez le Canadien, Connor Hellebuyck, Blake Wheeler, Kyle Connor, Paul Stastny, Neal Pionk, Andrew Copp, Mason Appleton, Derek Forbort et Tucker Poolman chez les Jets.

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Jett Petry et Paul Stastny, deux anciens joueurs de la NCAA.

La liste est longue ailleurs dans la LNH parmi les joueurs de premier plan de la dernière décennie : Jonathan Toews, Johnny Gaudreau, Jake Guentzel, Dylan Larkin, J. T. Miller, Kevin Hayes, Jon Quick, Ben Bishop, Ryan Suter, Joe Pavelski, Zach Parise, Chris Kreider, Erik Johnson, Cam Atkinson, Max Pacioretty, James Van Riemsdyk, T.J. Oshie, Matt Niskanen, Ryan McDonagh, Alex Tuch, Jacob Trouba, Jaccob Slavin, Phil Kessel, Kyle Okposo, Colton Parayko, Shayne Gostisbehere, Jake McCabe, Kyle Turris, Kevin Shattenkirk, Alex Killorn, Thomas Vanek, David Backes, Ryan Kesler, Jimmy Howard et Matt Moulson.

Les Badgers du Wisconsin, le club de Caufield, ont produit Pavelski, Ryan Suter, Brian Elliott, McDonagh, Turris, Derek Stepan, Craig et Brendan Smith, Jake McCabe, Justin Schultz, Luke Kunin, K’Andre Miller, Alex Turcotte et Jake Gardiner, entre autres.

Cayden Primeau, Chris Nilan, Josh Manson, Dan McGillis, Jamie Oleksiak, Matt Benning et Adam Gaudette ont joué pour Northeastern, le club de Jordan Harris.

Il est très difficile néanmoins d’établir un parallèle entre les meilleures équipes de la NCAA et celles des ligues juniors canadiennes.

Il y a probablement plus de profondeur en termes de talent dans les meilleurs clubs juniors, mais les équipes de la NCAA sont plus matures. On peut y rester jusqu’à 23, 24 ans, tandis que les formations juniors sont limitées à trois joueurs de 20 ans, les plus vieux.

On ne saurait donc sous-estimer les exploits des deux espoirs du Canadien, Cole Caufield et Jordan Harris, sans compter qu’ils évoluent dans des divisions fortes.

Dominer à 22, 23 ans dans la NCAA est une chose, dominer à 19, 20 ans en est une autre. Caufield, 20 ans, a désormais 28 buts et 49 points en seulement 30 matchs. Harris, 20 ans, jouait entre 27 et 30 minutes par match à Northeastern. Il a amassé 19 points en autant de rencontres.

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Le défenseur Jordan Harris a amassé 19 points en autant de rencontres à Northeastern.

Max Pacioretty a amassé à peine un point par match, 39 en 37, dont 15 buts, avant de joindre le Canadien. Ryan McDonagh a obtenu 18 points en 43 matchs à sa troisième et dernière année, à Wisconsin, le défenseur Charlie McAvoy 26 points en 38 matchs à sa dernière année à Boston University avant de rejoindre les Bruins et d’avoir un impact immédiat.

Jeff Petry est demeuré à Michigan State jusqu’à 22 ans et il n’était pas un générateur de points à tout casser.

Le premier choix du Canadien en 2017, Ryan Poehling, n’a jamais pu faire mieux que 31 points en 36 matchs dans chacune de ses deux dernières années à St. Cloud State. D’où les projections à titre de centre de troisième trio, malgré son match de trois buts à son baptême dans la LNH.

Cale Makar, Quinn Hughes, Johnny Gaudreau et Kyle Connor ont dominé outrageusement, et ils dominent dans la LNH aussi.

Comme l’a sagement mentionné le DG Marc Bergevin lors de son bilan de mi-saison lundi, on ne saura pas à quelle vitesse Caufield et Harris pourront s’ajuster au jeu de la LNH avant de les voir au contact des professionnels.

Il faudra donc attendre. Les Badgers du Wisconsin participeront assurément au tournoi national de la NCAA à la fin du mois. S’ils n’atteignent pas la demi-finale, et en calculant une quarantaine de deux semaines, Caufield pourrait joindre l’organisation du Canadien le 11 avril. Il resterait alors 14 matchs. Si Wisconsin atteint le « Final Four », le premier choix du Canadien en 2019 ne sera pas disponible avant le 24 avril. Il resterait sept rencontres.

Dans le cas de Harris, Northeastern a de faibles chances de prendre part au tournoi de fin de saison. On le saura dimanche. Si les Huskies n’y participent pas, Harris pourrait joindre le club le 4 avril, avec 18 rencontres à disputer.

Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Marc Bergevin semble toujours en réflexion à savoir s’il entend gaspiller une année de contrat de ses deux espoirs pour du renfort de fin de saison ; il doit aussi s’assurer que ces jeunes hommes ne sont pas envoyés trop tôt dans la gueule du loup.

Makar et McAvoy l’ont fait dans un contexte de lutte pour une place en séries, ou directement en séries auparavant. Mais n’est pas Makar ou McAvoy qui veut.

À suivre…