Il y a de ces joueurs identifiés dès le début de l’adolescence comme d’éventuelles super-vedettes : Eric Lindros, Sidney Crosby, Connor McDavid.

Connor Bedard fait désormais aussi partie du lot. À sa première saison l’an dernier dans la Ligue junior de l’Ouest, à seulement 15 ans, ce jeune homme de North Vancouver a amassé un total ahurissant de 28 points en 15 matchs, à un âge où le hockeyeur normal n’a pas accès à un tel niveau.

Bedard est devenu début décembre le septième joueur de l’histoire à obtenir un poste avec l’équipe junior canadienne à seulement 16 ans, après Wayne Gretzky, Lindros, Jason Spezza, Jay Bouwmeester, Crosby et McDavid.

Après avoir été utilisé avec parcimonie dimanche contre la Tchéquie, Bedard, probable premier choix au total de la LNH au repêchage de… 2023, s’est éclaté mercredi contre l’Autriche avec quatre buts, dans une victoire de 11-2.

Il faut évidemment remettre sa performance en contexte. En 23 matchs au Championnat mondial junior, l’Autriche n’a toujours pas gagné et a subi une dégelée de 7-1 aux mains des Finlandais lors de son match d’ouverture.

Et Bedard a marqué le premier de ses quatre buts alors que la victoire était déjà hors de portée des pauvres Autrichiens, dominés 64 à 22 au chapitre des tirs.

Je ne suis pas convaincu que ce match n’ait aidé aucun des deux clubs. Personne n’a vraiment appris de cette rencontre…

Dave Cameron, entraîneur de l'équipe canadienne

Peu importe l’adversaire, il faut quand même de l’audace et du talent pour marquer quatre fois dans un Championnat mondial junior à seulement 16 ans.

Il devient d’ailleurs le premier joueur canadien de 16 ans à obtenir quatre buts dans un match au Championnat mondial junior. Bedard égale aussi un record pour le nombre de buts dans une même rencontre, tous âges confondus.

« Connor n’a pas besoin de moi quand la rondelle est sur la palette de son bâton, a commenté Dave Cameron. Il ne possède pas le statut de joueur exceptionnel pour rien. On doit aider ces joueurs offensifs à s’améliorer en territoire défensif afin qu’ils puissent effectuer la transition vers l’attaque. »

Ses cinq points en deux matchs valent à Bedard le deuxième rang chez les joueurs de 16 ans avec l’équipe canadienne, sur un pied d’égalité avec Crosby, loin derrière Gretzky cependant qui en avait obtenu 17.

« Jouer avec ces gars-là rend le jeu facile, a commenté Bedard, modeste, après la rencontre. Mais c’est surréaliste de voir mon nom associé à Sidney Crosby. »

On s’exciterait évidemment encore plus à Montréal si la saison de misère du Canadien avait eu lieu lors de l’année d'admission du jeune homme, en 2022-2023. Qui sait si Montréal ne sera pas aussi mauvais l’an prochain ?

Le probable premier choix de 2022, Shane Wright, 17 ans, a été beaucoup plus discret, avec une aide dans ce massacre. Mais Wright, un centre droitier comme Bedard, n’a ni le talent ni l’explosivité ni l’aura de l’autre, même s’il possède des qualités indéniables, entre autres de la fiabilité en défense, en plus d’un certain flair offensif.

Les deux prochains matchs du Canada, dans sa faible section, auront lieu contre l’Allemagne et la Finlande. Celle-ci constitue sans doute le seul adversaire potable des Canadiens. Il sera intéressant de voir si Bedard aura suffisamment gagné en confiance pour y offrir une performance relevée.

Le jeune homme sera de retour au Championnat du monde l’an prochain, mais sans doute pas l’année suivante puisqu’il sera possiblement retenu par l’équipe qui l’aura repêché au premier rang.