La défaite, ça finit par user, et de toute évidence, ça use également Jeff Petry.

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Le vétéran défenseur était de retour au jeu, mardi soir à Pittsburgh, mais ce n’est pas son jeu, fort erratique au demeurant, dont on va se rappeler.

Non, on va plutôt se rappeler ses mots.

Ces mots :

« Ce sont les mêmes choses qui arrivent, encore et encore, a-t-il fait savoir après le match. On ne joue pas en équipe, en tant que groupe. On essaie de se repérer sur la glace, et on dirait qu’il n’y a pas de structure. »

C’est la première fois cette saison qu’un joueur du Canadien se met à parler ainsi de structure. Ce qui revient un peu à parler du système de jeu… ce qui tombe directement dans la cour de l’entraîneur.

Est-ce que Petry cherchait à blâmer Dominique Ducharme avec ce commentaire ? Est-ce qu’il cherchait à passer un message à la direction ?

Tout ça est fort possible.

« On devrait savoir où on doit se placer sur la glace, a-t-il ajouté. On ne rend ça facile pour personne… sauf peut-être pour l’autre équipe. »

Reste à voir ce que ça va donner. D’ordinaire, quand un vétéran envoie une telle flèche à l’endroit du coach, le choix est simple : ou bien c’est le joueur qui déménage… ou bien c’est le coach.

Dans ce cas-ci, ce n’est pas si simple. En premier parce qu’il n’y a personne dans la chaise du DG, et ensuite parce que Jeff Gorton vient à peine de donner un vote de confiance à Ducharme. Enfin, avec Claude Julien qui demeure sur la liste de paie, payer un troisième entraîneur en cette saison déjà perdue ne doit pas être un scénario qui enchante le propriétaire Geoff Molson, bien que l’argent ne soit pas un problème au Centre Bell.

Ducharme, lui, n’a pas semblé partager l’avis de son défenseur au sujet de la structure.

« Pas tout à fait, a-t-il répondu. Si on revient à la première période, ce fut une période serrée, ils ont profité d’un drôle de bond de la rondelle. En deuxième période, il y a eu des punitions. C’est certain qu’on a beaucoup de nouveaux joueurs qui arrivent. Oui, des fois, il arrive des moments où il y a de la confusion, mais ça fait partie de la situation qu’on vit. »

Il faut bien sûr reconnaître que l’entraîneur du Canadien fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Un grand sage a déjà dit qu’on ne fait pas du champagne avec des citrons (ou quelque chose du genre), et devant l’état actuel des choses, il est assez difficile de dire que le Canadien est mal dirigé.

Ce n’est rien contre ces gars-là, mais on vient de voir en quelques jours Artturi Lehkonen et Mathieu Perreault patiner sur un premier trio. Même le fantôme de Toe Blake n’y pourrait rien.

Avec tout ça, et après 30 matchs cette saison, le Canadien se retrouve encore avec le même total de six victoires. Si on ramène ça sur une saison complète, ça signifie qu’à ce rythme, le Canadien sera chanceux de pouvoir obtenir une quinzaine de victoires. Le Canadien de 2000-2001, la pire édition du club depuis l’expansion de 1967, avait trouvé le moyen de finir sa saison avec 28 victoires.

Est-ce que vous croyez le Canadien, ce Canadien-là, capable de se rendre à 28 victoires ? Après cette autre défaite, cette fois par la marque de 5-2 face aux Penguins de Pittsburgh, on se demande si cette équipe va finir par en gagner une autre cette année. Ou cette saison, c’est selon.

« Il n’y a rien de nouveau à dire », a ajouté Jeff Petry en fin de soirée. C’est bien vrai. Mais cette flèche à l’endroit du coach, ça, c’est du nouveau. Reste à voir ce que ça va donner… et si quelqu’un va écoper.

Dans le détail

Petry de retour, mais pas Evans

Ce sera long, mais un jour, le Canadien finira bien par retrouver tous ses blessés. Un premier nom sur la très longue liste a pu être effacé mardi soir : celui de Jeff Petry, qui a effectué un retour au jeu, lui qui était absent depuis le match du 2 décembre. Petry a amorcé la soirée en patinant sur le deuxième duo défensif, en compagnie d’Alexander Romanov, et il a conclu la rencontre avec un différentiel de - 1 en 20 minutes et 26 secondes de temps de jeu. Son retour a repoussé l’arrivée d’un autre défenseur, le nouveau venu Corey Schueneman qui, à 26 ans, attend toujours une première occasion de patiner sur une glace de la Ligue nationale. L’attaquant Jake Evans, lui, espérait effectuer un retour au jeu, mais ça devra attendre, puisqu’il a dû sauter son tour pour le deuxième match de suite.

Drouin, avec Dauphin et Ylonen !

PHOTO GENE J. PUSKAR, ASSOCIATED PRESS

Jonathan Drouin (92) et John Marino (6)

Nous avons sans doute été très nombreux à nous gratter la tête (ou à éclater de rire, c’est selon) quand on a vu apparaître un trio composé de Jonathan Drouin, Laurent Dauphin et Jesse Ylonen sur la feuille de match. On sait bien que la liste des blessés du Canadien est longue, mais à quoi ce trio-là allait-il pouvoir servir ? Eh bien. Il se trouve que Jonathan Drouin a marqué le premier but de son club (et son cinquième de la saison) à la suite d’une superbe pièce de jeu de la part de Dauphin en deuxième période, et il se trouve qu’Ylonen a marqué le premier but de sa carrière dans la LNH en toute fin de deuxième période, sur une passe de Drouin. Les sceptiques ont été confondus.

Un exploit pour Letang

Kristopher Letang avait déjà une pas pire carrière, et voilà que cette carrière devient encore plus pas pire, si cela est possible. Ainsi, le défenseur québécois a profité du match de mardi soir face au Canadien pour récolter une aide sur le but d’Evan Rodrigues, son 18point de la saison. Mais avant tout, ce point lui a permis de devenir le 43défenseur de l’histoire de la LNH à atteindre la barre des 600 points en carrière. Parmi les défenseurs encore actifs, il est le septième à atteindre cette marque, et ça lui a pris seulement 887 matchs pour y arriver. Parmi les défenseurs qui jouent encore dans la LNH, seul Erik Karlsson a pu se rendre au cap des 600 points plus rapidement que Letang ; le Suédois a réussi cet exploit en 730 matchs.

Ils ont dit

On a fait certaines bonnes choses, on a bien joué à cinq contre cinq à certains moments du match. Mais on a accordé un but en début de troisième période. Quand ce genre de but nous arrive, ça nous coupe les jambes… Les blessures sont une partie de l’explication, mais ça appartient à tout le monde qui porte ce chandail de prouver quelque chose, de prouver qu’il est possible de mener cette équipe et de s’en sortir.

Jeff Petry

Je trouve que notre trio, nous avons bien joué, et ce fut facile de jouer avec de si bons joueurs comme eux. Ce fut mon troisième match dans la LNH cette saison et chaque fois, je me sens de mieux en mieux.

Jesse Ylonen

J’ai aimé leur match ce soir [le trio de Drouin, Dauphin et Ylonen]. Je pense que ça a été notre meilleur trio.

Dominique Ducharme

Sidney est ce type de joueur qui va réussir son jeu, et on le sait. Il peut avoir deux ou trois gars sur lui et il va trouver une façon de t’envoyer la rondelle. […] Les premières présences de chaque trio étaient importantes, surtout avec l’avance d’un but. Leur but en fin de deuxième ne nous a pas ébranlés et notre but en début de troisième période a été très important.

Brian Dumoulin

Mon synchronisme est meilleur. Les chances sont là, même si j’aimerais marquer davantage. Mais à part ça, je génère des occasions de marquer et je suis beaucoup plus à l’aise qu’à mon retour.

Sidney Crosby

Sidney, je le vois tous les soirs, son jeu s’améliore de match en match. Il est toujours sur la rondelle. Son trio a eu de longues présences en zone adverse et c’est un signe qu’il est au mieux. Personne n’est meilleur que lui pour protéger la rondelle et créer de l’attaque sous les cercles des mises en jeu. Il le fait de plus en plus.

Mike Sullivan

En hausse

Jonathan Drouin

L’attaquant québécois a participé aux deux buts du Canadien (un but et une aide).

En baisse

Jeff Petry

Un autre match difficile pour lui. Et ce commentaire d’après-match ne va pas aider.

Le chiffre

1342

Nombre de points de Sidney Crosby en carrière, à la suite de ce match de deux points. Cela le place au 30rang des marqueurs dans l’histoire de la LNH.