Ce n’est déjà pas facile d’être un entraîneur de la Ligue nationale de hockey. Alors imaginez un peu le défi de se nommer Dominique Ducharme en ce moment.

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Car le coach du Canadien est dans une drôle de position.

Il doit bien sûr essayer de mener sa bande à la victoire le plus souvent possible. Mais en même temps, il bosse pour un club, le Canadien, qui sera pratiquement éliminé au moment où on va trinquer en regardant le prochain Bye bye le 31 décembre, vers 23 h 59.

Ça, c’est sans même parler du prochain directeur général, qui va arriver après Noël et qui voudra sans doute imposer ses propres stratégies.

« Dans notre situation, on a besoin d’être à notre mieux, et on n’a pas joué aussi bien qu’on aurait voulu, a reconnu l’entraîneur-chef, samedi soir. Notre exécution a été moyenne, et à un moment donné, tu te retrouves à passer le match à courir après le jeu tout le temps. »

Pour les gens qui nous suivent à la maison, rappelons qu’à la suite de cette nouvelle défaite du Canadien, cette fois par la marque de 4-1 contre les Blues à St. Louis, le club montréalais se retrouve bien en selle au 31e rang du classement général de la LNH.

On peut bien ressortir l’exemple des Blues de 2019 pour tenter de jouer la carte de l’optimisme, mais rendu là, ce serait un peu comme rappeler que Vanilla Ice a composé une bonne chanson dans sa vie, sans préciser que c’était un plagiat de Queen et que ça n’arrivera jamais plus.

Ce qui nous ramène à Dominique Ducharme.

À quel moment est-ce que le coach de cette équipe doit tenter de ne pas faire un Randy Cunneyworth de lui-même ? Pour ceux qui l’auraient oublié, Cunneyworth est cet entraîneur qui avait passé la fin de la saison 2011-2012 à essayer de plaire à son patron, Pierre Gauthier, surtout en enfilant les décisions douteuses, entre autres celle de laisser René Bourque patiner en avantage numérique alors qu’il n’avait pas marqué dans ces circonstances depuis 2002 (on exagère, mais bon).

Cunneyworth avait fait ça en espérant pouvoir se faire une place et se faire un nom, mais on ne l’a plus jamais revu derrière un banc de la LNH.

C’est le défi qui guette le Canadien d’ici à la fin de la saison. Peut-on convaincre Ducharme de diriger ce club en vue de la saison prochaine sans même lui offrir la certitude qu’il sera de retour ? Ou bien peut-on lui demander tout bonnement de faire ce qu’il y a de mieux pour l’équipe avant tout, et de ne pas se soucier de la colonne des victoires et des défaites, pourtant cruciale quant à son avenir immédiat ?

On aura des réponses sous peu.

« Il y a toujours un enjeu quand on arrive sur la glace, a noté le gardien Jake Allen après le match de samedi soir. On peut toujours jouer pour quelque chose, et quand on ne le fait plus, c’est qu’on n’a plus rien à faire sur la glace. C’est ainsi que je vois la situation. Les défaites, il va y en avoir, mais ça dépend toujours de la manière dont on perd un match quand on perd un match, puis-je ajouter humblement. »

Et voilà.

En 1989, en pleine saison désastreuse chez les Cowboys de Dallas, l’entraîneur Jimmy Johnson avait demandé à l’un de ses seuls joueurs de talent, le receveur Michael Irvin, de lui dresser une liste des joueurs qui n’avaient plus à cœur la cause du club. L’idée, c’était de tasser les indésirables et de préparer un avenir plus reluisant.

Peut-être que Dominique Ducharme est rendu là, lui aussi.

Dans le détail

Revoici Charlie Lindgren !

PHOTO JEFF CURRY, USA TODAY SPORTS

Charlie Lindgren

On aurait pu croire que la carrière de Charlie Lindgren était terminée ou presque mais non. Ainsi, après avoir passé plusieurs semaines dans la Ligue américaine cette saison, Lindgren, 27 ans, a obtenu un deuxième départ en 2021-22 dans le maillot des Blues. Encore mieux pour lui, il a profité de ce samedi soir pour récolter sa deuxième victoire en autant de matchs, cette fois face à son ancien club, avec une performance de 22 arrêts. « J’estime que Charlie a su effectuer de gros arrêts à des moments de première importance, a constaté l’entraîneur des Blues, Craig Bérubé. Entre autres merveilles, j’ai souvenir d’un arrêt impérial face à Mike Hoffman, au cours de la deuxième période. J’estime que Charlie a paru encore plus à l’aise que lors de son match précédent, autant cela puisse-t-il être possible. »

Matthew Peca ? Oui, ce Matthew Peca

On va se le dire, Matthew Peca n’a pas laissé des dizaines et des dizaines de souvenirs impérissables lors de ses jeunes années à Montréal. Pour tout dire, on se souvient avant tout d’un jeune homme qui jouait du piano, fort bien en plus, et qui avait offert une fabuleuse entrevue à Patrick Huard, diffusée lors des entractes au Centre Bell. À 28 ans, l’attaquant originaire de Petawawa a disputé samedi soir son premier match de la saison dans la LNH, contre son ancienne équipe en plus, et il a en profité pour récolter une aide. « Je remarque qu’il y a beaucoup de changements chez le Canadien depuis que j’ai eu à changer de décor, a-t-il illustré. Pour ainsi dire, il me faut admettre qu’il s’agit pour moi d’un plaisir incommensurable que de jouer dans la Ligue nationale de hockey. Il s’agit aussi d’un plaisir que de pouvoir affronter ce Canadien de Montréal qui fut jadis le mien. »

Huit semaines sans Toffoli

Le Canadien aura connu un samedi plutôt difficile dans la ville de Chuck Berry. Avant même de se faire rincer par les Blues en soirée, le club montréalais a appris plus tôt en journée que Tyler Toffoli, le meilleur marqueur du club la saison dernière, allait devoir rater au moins les huit prochaines semaines de jeu, puisqu’il a été opéré à une main mercredi. Toffoli, qui a récolté 17 points en 26 matchs cette saison, a disputé son dernier match en date du 4 décembre à Nashville. Son nom s’ajoute à une très longue liste des blessés chez le Canadien, qui comprend depuis samedi matin le nom de l’attaquant Jake Evans, qui a lui aussi dû rater le match de samedi soir. Evans a subi une blessure lors de la première période du match de jeudi au Centre Bell.

Ils ont dit

Je ne suis pas un gars émotif, mais je sais aussi combien la ville de St. Louis a été importante pour moi… À mes yeux, c’est très significatif de me retrouver ici… En ce qui nous concerne, eh bien, si on perd, on perd, mais il faut savoir se battre. On a besoin de gagner un peu ici pour changer la culture et aussi pour que le vent tourne en notre faveur.

Jake Allen

On a eu une bonne troisième période, on a eu des chances de revenir dans le match… mais ça n’a pas marché pour nous.

Joel Armia

C’est un gros match pour Charlie [Lindgren], mais il a prouvé qu’il est un bon gardien et que le Canadien a fait une erreur en le laissant partir.

Dakota Joshua

On a parlé de travailler et aussi de compétitionner avant le match, et de notre talent qui allait ressortir. On les a forcés à faire de mauvais jeux. On a seulement donné un avantage numérique en fin de première période, donc en général, on les a tenus en périphérie.

Craig Berube

En hausse

Alexander Romanov

PHOTO JEFF CURRY, USA TODAY SPORTS

Alexander Romanov (27) a été l’unique marqueur dans le camp montréalais. Il s’agissait de son premier but de la saison.

Le seul marqueur du CH samedi soir, mais aussi l’un des seuls joueurs de ce club à afficher une belle progression depuis quelques semaines.

En baisse

Artturi Lehkonen

PHOTO JEFF CURRY, USA TODAY SPORTS

Épreuve de force entre Ryan O’Reilly (90) et Artturi Lehkonen (62) en première période

En raison des blessés, il a amorcé le match sur le premier trio... mais n’a récolté aucun point et a conclu avec un -1 à sa fiche.

Le chiffre

13

Nombre de matchs perdus cette saison par le Canadien par un écart de trois buts ou plus, la pire fiche du circuit à ce chapitre.