Même si Trevor Timmins a été embauché par le Tricolore 10 ans avant Marc Bergevin, l’héritage des deux hommes est intimement lié. Notamment en raison de l’amitié qui les unit, mais surtout en raison du bilan tiède du Tricolore au repêchage sous la gouverne de Bergevin.

La toute première sélection du duo a été celle d’Alex Galchenyuk, au troisième rang du repêchage de 2012. Avec 583 matchs joués et 333 points en saison, l’Américain demeure l’un des meneurs de cette cuvée, mais ses agissements hors de la glace ont miné son passage à Montréal. Les Coyotes de l’Arizona, dont il est aujourd’hui un membre, sont sa septième équipe.

Les choix de premier tour suivants, Michael McCarron (2013) et Nikita Sherbak (2014), se sont tous deux soldés par des échecs. Aucun des deux n’a joué 100 matchs dans la LNH.

En fait, des repêchages de 2012 à 2016, seuls Artturi Lehkonen, Jake Evans, Lukas Vejdemo et Michael Pezzetta font toujours partie de l’organisation.

Bergevin et Timmins, en outre, ont souvent été critiqués pour le faible nombre de Québécois repêchés. C’est d’ailleurs dans la dernière année de l’ère Bergevin que le Canadien, pour la toute première fois de son histoire, a disputé un match avec aucun Québécois au sein de sa formation.

De fait, de 2012 à 2020, soit en neuf repêchages, le CH n’a sélectionné que sept joueurs originaires de la province. Un seul, Charles Hudon, a joué dans la LNH. Et un seul, Rafaël Harvey-Pinard, a aujourd’hui un contrat avec l’équipe.

Encore à l’automne 2020, Timmins s’était défendu de ne pas avoir de biais contre les joueurs québécois, après qu’il n’en eut choisi aucun, et ce, pour la troisième fois en cinq ans. Effet du hasard ou résultat du mécontentement du public, le dernier repêchage qu’il a supervisé, en 2021, a vu le Canadien mettre la main sur les Québécois William Trudeau, Joshua Roy et Xavier Simoneau, en plus de Riley Kidney, un Néo-Écossais qui évolue dans la LHJMQ, avec le Titan d’Acadie-Bathurst.

Timmins a défendu bec et ongles la sélection de Logan Mailloux, l’été dernier, alors que le Canadien était la cible de critiques provenant autant du milieu du sport que de la société civile et de la sphère politique. Le défenseur ontarien avait été trouvé coupable d’inconduite sexuelle en Suède quelques mois avant le repêchage et avait publiquement demandé aux équipes de la LNH d’ignorer son nom. Le CH en a néanmoins fait son choix de premier tour. Geoff Molson, président et propriétaire du club, a quelques jours plus tard désavoué son personnel de recrutement, dirigé par Bergevin et Timmins, évoquant une « erreur » dont il prenait la responsabilité.

La première moitié du passage de Timmins à Montréal a été autrement plus prolifique, alors que le club a repêché les futures vedettes Carey Price, P.K. Subban, Ryan McDonagh, Max Pacioretty et Brendan Gallagher, en plus de joueurs qui ont eu de forts impacts, par exemple Jaroslav Halak et Mark Streit, de même que des joueurs moins flamboyants qui ont par contre connu de belles carrières dans la LNH : Maxim Lapierre, Kyle Chipchura, Mikhail Grabovski, Alexei Emelin, Yannick Weber, Guillaume Latendresse…

Timmins a par contre connu un passage à vide de 2008 à 2010, alors que Brendan Gallagher, un choix de 5tour, a été le seul joueur repêché par le Tricolore à s’établir pleinement dans la LNH.

Pour l’heure, les espoirs les plus prometteurs repêchés par l’organisation sont les défenseurs Kaiden Guhle (2020), Jordan Harris (2018) et Jayden Struble (2019). Parmi ceux qui ont déjà goûté à la LNH, les noms des attaquants Cole Caufield et Ryan Poehling et du défenseur Alexander Romanov arrivent en tête de liste. De ses dernières années, le choix de Mikhail Sergachev, échangé pour Jonathan Drouin, reste l'un de ses meilleurs coups.

Avant de se joindre au Canadien en 2002 à titre de directeur du personnel des joueurs, poste lié au recrutement amateur, Timmins avait passé 10 ans dans l’organisation des Sénateurs d’Ottawa. À Montréal, il a par la suite eu les titres de directeur du développement des joueurs et de directeur du recrutement amateur, avant d’être promu au rang d’adjoint au directeur général en 2017.

Paul Wilson limogé

En plus de congédier Marc Bergevin et Trevor Timmins, le Tricolore a remercié Paul Wilson, vice-président principal, affaires publiques et communications, du Groupe CH. Avant de se joindre à l’entreprise en 2018, M. Wilson avait travaillé comme vice-président puis partenaire du cabinet de relations publiques National, d’abord de 1988 à 2000, ensuite de 2010 à 2018, peut-on lire sur son profil LinkedIn. De 2000 à 2010, il a œuvré à la brasserie Labatt ainsi qu’au Grand Prix du Canada. Le Canadien n’a pas fourni d’explications quant aux motifs derrière le congédiement de Paul Wilson. Ce dernier était un proche de Bergevin.