Cela faisait 24 ans qu’un attaquant du Canadien n’avait pas terminé un match avec un différentiel de - 5. Christian Dvorak et Mike Hoffman ont tous deux réalisé ce triste exploit jeudi contre les Islanders de New York.

On ne réduira pas ces deux joueurs à ce seul match. Cette contre-performance a néanmoins été révélatrice de certaines lacunes chez ces deux patineurs qui se sont greffés à la formation pendant l’été.

Les cas de Dvorak et de Hoffman doivent bien sûr être pris séparément, puisque leurs missions, et les attentes qui en découlent, sont bien différentes.

Le mandat de Dvorak est ambitieux : générer de l’attaque et s’acquitter de missions défensives à cinq contre cinq, en plus de jouer en avantage et en désavantage numérique. Grosso modo, il s’agit, hormis l’avantage numérique, de combler le vide laissé par le départ de Phillip Danault.

Sur le plan offensif, ses 5 points en 12 matchs équivalent à une production de 34 points sur une saison complète de 82 rencontres. C’est inférieur à son rythme de croisière à ses deux dernières saisons en Arizona – 45 points par tranche de 82 matchs –, mais compte tenu de l’état général actuel du CH en attaque, ce n’est pas la fin du monde.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Christian Dvorak

En défense, ça se complique. Et drôlement. Qu’on aime ou non la statistique du différentiel, personne ne s’attendait à voir le nom de Christian Dvorak au dernier rang des patineurs du Canadien (- 10). Dans toute la ligue, seulement quatre joueurs avaient fait pire que lui avant les matchs de vendredi soir.

Il n’y a pas de mystère sur le rôle qu’on lui donne. Il est, et de loin, le joueur de centre montréalais qui a été impliqué dans le plus grand nombre de mises au jeu en territoire défensif à cinq contre cinq, avec 65. C’est 14 de plus que Nick Suzuki et 41 de plus que Jake Evans.

Pourtant, les chiffres démontrent une incapacité à limiter les chances de marquer de qualité de l’adversaire. Il mène le Canadien avec 31 chances accordées lorsqu’il est sur la glace, à égalité avec son ailier droit Josh Anderson. Le trio qu’ils ont formé avec Mike Hoffman pendant deux périodes, jeudi, en a donné sept aux Islanders.

Pendant 10 matchs, il avait formé avec Anderson et Jonathan Drouin le trio le plus stable du CH cette saison. Cette unité a perdu la bataille des tirs cadrés (52-65) et celle des buts (4-8). Elle a néanmoins gagné celle des chances de marquer de qualité (21-17), mais la source, à l’évidence, s’est tarie en cours de route : 19-10 au cours des six premiers matchs du calendrier, 2-7 au cours des quatre suivants.

Contre les Islanders, certaines situations dans lesquelles il s’est retrouvé laissent songeur. Sur le but d’Oliver Wahlstrom, qui a fait 2-0 en deuxième période, il était dans le groupe des cinq joueurs du CH qui avaient abandonné le haut de leur zone. « On était à cinq contre deux, il n’y avait aucune raison pour que le troisième joueur [Wahlstrom] se retrouve avec la rondelle », a analysé Dominique Ducharme, vendredi. Sur le but suivant, le deuxième du match de Brock Nelson, Dvorak semblait chercher, en vain, un joueur à couvrir dans l’enclave.

Le défenseur Ben Chiarot a souligné que Dvorak était en « période d’ajustement » et qu’on allait « le voir devenir meilleur à mesure que l’année avance ».

De la même manière, Dominique Ducharme, vendredi, a souligné que, pour n’importe quel nouveau venu, « ça prend un certain nombre de matchs pour être à 100 % confortable dans ce qu’on fait ». L’entraîneur s’est toutefois refusé à montrer Dvorak du doigt plus qu’un autre joueur. « On cherche de la constance de tout le monde », a-t-il insisté.

Or, Ducharme a souligné que l’Américain avait connu un « excellent match » dans la victoire de mardi contre les Red Wings. Contre les Islanders, « c’était plus difficile ».

Dvorak pilotait mardi le troisième trio avec Joel Armia et Artturi Lehkonen. Et il a retrouvé ces ailiers jeudi en troisième période quand son entraîneur a modifié ses trios.

Trouvera-t-il davantage ses repères avec des ailiers plus responsables défensivement ? La réponse viendra au gré des prochains matchs. Et de la santé de Jonathan Drouin, dont la présence au centre du deuxième trio libère Dvorak de certaines responsabilités.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Mike Hoffman

Hoffman et les vieux péchés

Mike Hoffman, lui, entre dans une tout autre catégorie.

Sur papier, il fait ce qu’on lui demande : marquer des buts. Il en a déjà quatre en neuf matchs, un sommet chez le Tricolore. Il s’agit d’une récolte plus qu’honnête pour un joueur qui avait raté tout le camp d’entraînement en raison d’une blessure.

Or, l’attaquant renoue, lentement mais sûrement, avec ses vieux péchés.

Bonne nouvelle : ça n’a rien à voir avec sa réputation passée de joueur désengagé.

Tout ce que je vois [de lui], c’est positif. C’est un gars d’équipe qui a vraiment à cœur nos succès.

Dominique Ducharme, au sujet de Mike Hoffman

Fort bien. Mais les lacunes à cinq contre cinq qui lui collaient à la peau au cours des dernières années semblent refaire surface.

La cassure s’est produite pendant le récent voyage sur la côte Ouest. Lors de ses cinq premiers matchs, Hoffman a été sur la glace pour trois buts du CH et aucun de l’adversaire, et il était légèrement déficitaire sur le plan des chances de marquer de qualité (6-8). Depuis quatre rencontres, la tendance est clairement à l’inverse. Pour les buts : 0-5. Pour les chances de marquer : 7-18.

Et non, l’intensité n’est pas toujours au rendez-vous. En première période, contre les Islanders, il ne s’est jamais mis en marche lorsque Zach Parise l’a contourné à la ligne bleue adverse.

En définitive, il croit que les statistiques rendent le bilan de son trio « pire que ce que c’était ». « Je ne pense pas qu’on ait connu un si mauvais match, a-t-il dit, vendredi. On a passé du temps en zone offensive, on a contrôlé la rondelle. Mais chaque fois qu’on faisait une erreur, la rondelle finissait dans notre but. »

« On a regardé tout ça [vendredi] matin, et on va de l’avant », a-t-il ajouté.

Prochain match : ce samedi, au Centre Bell, contre les Golden Knights de Vegas